Selon Soljenitsyne, « une littérature [...] qui n'ose communiquer à la société ses propres souffrances et ses propres aspirations, qui n'est pas capable d'apercevoir à temps les dangers sociaux et moraux qui la concernent, ne mérite même pas le nom de li
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Il existe diverses conceptions de la littérature et de sa fonction. En effet, selon différentes personnes, elle peut avoir une visée éducative, philosophique, esthétique ou même divertissante. D'après Soljenitsyne, la critique des moeurs de la société – l'engagement littéraire – serait l'unique but de la littérature : « Une littérature [...] qui n'ose communiquer à la société ses propres souffrances et ses propres aspirations, qui n'est pas capable d'apercevoir à temps les dangers sociaux et moraux qui la concernent, ne mérite même pas le nom de littérature. » Jean-Paul Sartre en convient dans son essai Qu'est-ce que la littérature ? : l'écrivain est un parleur et «parler, c'est agir». En parlant, on dévoile, et «dévoiler, c'est changer». Sartre nous dit donc : écrire, c'est révéler et révéler, c'est informer le lecteur sur le monde qui l'entoure. Il explique qu'on ne peut donc demander ni au peintre, ni au musicien de s'engager, et que l'écrivain doit s'engager tout entier dans ses ouvrages. La littérature est-elle seulement l'engagement de l'écrivain pour dénoncer la société ou peut-elle avoir d'autres fonctions ? Pour répondre à ce problème, nous examinerons dans un premier temps les différentes visées que peut avoir la littérature, avant de s'attarder sur l'engagement, une de ses fonctions plus profondes.
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Demande d'échange de corrigé de Zhang William ([email protected]).
Sujet déposé :
Selon Soljenitsyne, « une littérature [...] qui n'ose communiquer à la société ses propres souffrances et ses propres aspirations, qui n'est pas capable
d'apercevoir à temps les dangers sociaux et moraux qui la concernent, ne mérite même pas le nom de littérature.
» Pensez-vous, comme Soljenitsyne,
qu'une oeuvre littéraire doive assumer une telle responsabilité dans la société de son temps ? Vous fonderez votre réflexion sur des exemples précis tirés de
vos lectures.
Il existe diverses conceptions de la littérature et de sa fonction.
En effet, selon différentes personnes, elle peut avoir une visée éducative, philosophique,
esthétique ou même divertissante.
D'après Soljenitsyne, la critique des moeurs de la société – l'engagement littéraire – serait l'unique but
de la littérature :
« Une littérature [...] qui n'ose communiquer à la société ses propres souffrances et ses propres aspirations, qui n'est pas capable d'apercevoir à temps les
dangers sociaux et moraux qui la concernent, ne mérite même pas le nom de littérature.
»
Jean-Paul Sartre en convient dans son essai Qu'est-ce que la littérature ? : l'écrivain est un parleur et «parler, c'est agir».
En parlant, on dévoile, et
«dévoiler, c'est changer».
Sartre nous dit donc : écrire, c'est révéler et révéler, c'est informer le lecteur sur le monde qui l'entoure.
Il explique qu'on ne peut
donc demander ni au peintre, ni au musicien de s'engager, et que l'écrivain doit s'engager tout entier dans ses ouvrages.
La littérature est-elle seulement l'engagement de l'écrivain pour dénoncer la société ou peut-elle avoir d'autres fonctions ?
Pour répondre à ce problème, nous examinerons dans un premier temps les différentes visées que peut avoir la littérature, avant de s'attarder sur
l'engagement, une de ses fonctions plus profondes.
La littérature peut n'avoir pour but que d'instruire.
Les Fables de La Fontaine, par exemple, sont connues pour les nombreuses morales que l'auteur
communique au lecteur par le biais de la satire.
Elles mettent en scène des animaux-personnages, de façon à corriger les défauts humains, et furent au
départ écrites au Dauphin, justement pour l'éduquer.
En effet, on retrouve souvent dans ses fables des vers employant un présent de vérité générale pour
faire la morale à l'Homme, dont le champ lexical est souvent plus riche et développé que celui de l'animal : par exemple, les derniers vers de La C our du Roi
nous apprennent qu'il ne faut pas toujours dit ce que l'on pense; le Lièvre et la tortue, que mieux vaut être faire les choses lentement mais dans leur totalité,
que de les faire vite mais qu'à moitié ; et le Corbeau et le Renard, qu'il ne faut pas se fier aux adulateurs.
Il existe d'autres genres littéraires ayant une
valeur d'instruction.
Les contes dits « contes pour enfants » sont appelés ainsi car ils éduquent les enfants.
Boucle d'or et les trois ours, par exemple, nous
apprend à respecter l'intimité des autres ; Les Trois Petits C ochons, que la préparation personnelle permet de lutter contre des adversités éventuelles ; et
le P etit C haperon Rouge, qu'il faut se méfier des comportements dangereux et se mettre en garde contre les inconnus.
Pour certains auteurs post-romantiques ou symbolistes comme Baudelaire, la littérature permet « l'expression la plus récente, la plus actuelle du beau.
», et
a donc une valeur esthétique.
Souvent, on utilise aussi le mot « lyrisme » (registre poétique qui permet l'expression souvent exaltée de sentiments
personnels) pour parler de poèmes romantiques, ce qui montre que la poésie permet au poète de communiquer à son lecteur ses sentiments, ses pensées
les plus privées, ses goûts les plus personnels, persuadé que le lecteur y retrouvera ses propres sentiments, ou au moins quelque chose proche de ce qu'il
ressent lui-même.
Baudelaire retranscrit par exemple les sentiments qu'il éprouve pour sa maîtresse Marie Daubrun dans son poème L'Invitation au voyage,
sans s'attarder sur la société et les moeurs de son époque.
Dans son recueil de poésies, Les C ontemplations, Hugo nous communique ses souvenirs de
l'amour, de la joie mais aussi de la mort, du deuil et même son mysticisme- il exprime ses sentiments et ses pensées sans s'engager.
C ertaines oeuvres littéraires peuvent aussi avoir pour but le divertissement de leur destinataire.
Le théâtre classique du XV IIème siècle, par exemple,
devait captiver l'attention du lecteur-spectateur tout en suivant les règles résumées par Boileau : « Qu'en un lieu, en un jour, un seul fait accompli/ Tienne
jusqu'à la fin le théâtre rempli ».
Le deuxième vers de cette maxime nous indique clairement que le but de l'oeuvre théâtre est de divertir et de distraire son
public.
On sait aussi que les dramaturges ayant la faveur du Roi Louis XIV la perdaient facilement, s'ils ne parvenaient pas à produire leurs oeuvres devant
le Roi de façon régulière.
On retrouve aussi deux siècles plus tard des romans d'aventures ou de science-fiction (aussi appelés roman d'anticipation à
l'époque) tels que Le Tour du monde en quatre-vingts jours ou Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, qui eux aussi ont pour seul but de distraire le
lecteur, sans révéler un engagement quelconque de l'écrivain.
C ependant, plusieurs écrivains à des époques différentes ont critiqué les lacunes et les défauts de leur société à travers leurs oeuvres appartenant à ce qui
est appelé « littérature engagée », et ont ainsi permis plusieurs fois à la société de progresser.
Jean de la Fontaine, par exemple, critique dans ses Fables
les hypocrisies de la C our du Roi Louis XIV et les moeurs de la bonne société à travers la satire : dans Les Obsèques de la Lionne, il dénonce la servilité
des courtisans et la façon dont ils s'adaptent à l'humeur du Roi ; dans La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf, les aspirations bourgeoises ;
et dans Le Corbeau et le Renard, l'hypocrisie et l'adulation présentes dans la C our du Roi.
Jean de la Bruyère, écrivain contemporain de la Fontaine, fustige aussi les vices des courtisans, particulièrement leur hypocrisie dans la course aux faveurs
dans le chapitre « De la Cour » de son oeuvre intitulée « Les caractères ».
Dans cette même oeuvre, la Bruyère critique aussi la religion (le nom « Théodote
» renvoie étymologiquement à la religion).
D'autres auteurs tels que V oltaire ou Molière se sont aussi respectivement insurgés contre la religion dans
l'Affaire Callas à travers un essai intitulé Traité de la tolérance et dans les comédies de moeurs Tartuffe et Dom Juan.
La littérature a aussi à maintes reprises servi aux écrivains de s'engager politiquement.
Le « J'accuse...! » d'Émile Zola est un des meilleurs exemples de la
littérature engagée.
Dans cet article, Zola dénonce l'Etat-major et met le feu aux poudres : la révision du procès Dreyfus devient l'Affaire Dreyfus.
Poursuivi,
Zola reçoit le soutien des « intellectuels » qui prennent sa défense par voie de pétition.
V ictor Hugo a aussi écrit le roman Le dernier jour d'un condamné,
réquisitoire contre la peine de mort, fléau de la société qu'Hugo a combattu toute sa vie.
Victor Hugo s'engage aussi dans son recueil de poèmes satiriques
Les C hâtiments, où il retranscrit à travers ses vers sa fureur et son mépris sans limites pour le régime de Napoléon III (qu'il surnomma « Napoléon le Petit
»), qu'il cherche à discréditer et à abattre.
A l'issue de cette analyse, nous pouvons donc convenir que l'engagement est l'une des fonctions fondamentales de la littérature.
Cependant celle-ci peut
tout aussi bien avoir une visée instructive, artistique, ou distrayante.
On remarque qu'elle peut même dans certains avoir une double-fonction, comme dans
l'exemple de Molière, qui a passé sa vie à « châtier les moeurs par le rire » à travers ses comédies de moeurs comme Dom Juan ou Le Misanthrope ; ou
dans l'exemple des Fables de la Fontaine, qui, comme on l'a vu précédemment, éduquent le lecteur tout en se moquant des défauts de la société.
Sujet désiré en échange :
C ommentez le point de vue du philosophe Alain : « Le thème de tout roman, c'est le conflit d'un personnage romanesque avec des choses et des hommes
qu'il découvre en perspective à mesure qu'il avance, qu'il connaît d'abord mal, et qu'il ne comprend jamais tout à fait »..
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