Se réaliser en tant qu’homme
Publié le 05/04/2024
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Se réaliser en tant qu’homme
1) Une activité consciente, propre à l’homme.
Texte de Marx :
Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature.
L’homme y joue lui-même vis-àvis de la nature le rôle d’une puissance naturelle.
Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et
mains, il les met en mouvement, afin de s’assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie.
En
même temps qu’il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et
développe des facultés qui y sommeillent.
Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail où il n’a
pas encore dépouillé son mode purement instinctif.
Notre point de départ c’est le travail sous une forme qui
appartient exclusivement à l’homme.
Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et
l’abeille confond par la structure de ses cellules de cire l’habileté de plus d’un architecte.
Mais ce qui distingue
dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête
avant de la construire dans la ruche.
Le résultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l’imagination
du travailleur.
Ce n’est pas qu’il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y
réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d’action, et auquel
il doit subordonner sa volonté.
Marx, Le Capital, 1867.
Ce qui caractérise le travail : son utilité.
Il permet de s’ « assimiler » des matières naturelles
(càd de s’approprier) en leur donnant une forme « utile » à la vie.
Le travail est donc d’abord une transformation de la nature dans le but de satisfaire ses
besoins.
S’en tenir à cela ne permet pas de distinguer l’activité animale du travail humain.
L’abeille
modifie elle aussi la nature pour survivre et d’une certaine façon, on peut bien dire qu’elle
construit une ruche comme un architecte construit une maison (le résultat diffère en cela que
le produit de l’animal ne présente pas les défauts de celui de l’homme : l’animal, grâce à son
instinct qui ne le trahit jamais crée avec une rigoureuse régularité, sans erreur et sans
apprentissage.
Il n’en n’est pas de même pour l’homme).
Ce qui les distingue : même le plus mauvais architecte est supérieur à l’abeille la plus experte
car il conçoit d’abord la maison dans sa tête avant de la bâtir dans le réel.
Le travail est donc une activité consciente (l’abeille n’a pas conscience de ce qu’elle fabrique).
Avant la réalisation du produit : on élabore un projet et on pense aux moyens les plus efficaces
pour le réaliser.
Après la réalisation : on jouit non seulement du résultat mais aussi du fait
d’avoir développé ses facultés.
En travaillant, non seulement l’homme transforme la nature, mais se transforme lui-même.
Pour qu’une activité puisse être considérée comme un travail, il faut qu’elle soit consciente,
càd pensée.
Et cela est le propre de l’homme.
2) Le travail : L’ascension de la pyramide de Maslow
Le psychologue Maslow (américain 1908-1970) part du principe que l’individu trouve sa
motivation dans l’espoir de satisfaire des besoins fondamentaux.
L’individu ne pourrait
atteindre l’entier développement de son psychisme que s’il satisfait l’ensemble de ces
besoins : 1 : besoins physiologiques (liés à la survie : manger, boire, dormir, s’habiller, etc) ; 2 :
besoin de sécurité (sécurité physique contre la violence ; sécurité d’un logement ; sécurité des
1
revenus ; sécurité psychologique, etc.) ; 3 : besoin d’appartenance (besoin d’amour, d’amitié,
de relations avec autrui, de faire partie d’un groupe, de ne pas se sentir exclu) ; 4 : besoin
d’estime (besoin de considération, de reconnaissance de ce que l’on est par les autres ou par
le groupe auquel on appartient.
La gratification est un bon moyen d’évaluer l’estime que l’on
me porte) ; 5 : besoin de s’accomplir (besoin de se réaliser, de déployer son potentiel, de
valoriser ce que je suis).
Si l’on suit cette théorie de la motivation, on pourrait alors dire que le travail peut permettre
à l’homme de répondre à tous les besoins mentionnés dans la pyramide de Maslow – la fin
étant l’accomplissement de soi (il est donc possible de s’accomplir au travail).
C’est à cette
condition que l’individu pourra atteindre le plein développement de son psychisme.
Selon la
théorie élaborée par Maslow, il existe une véritable hiérarchie des besoins : il faut d’abord
que le premier type de besoins (besoins physiologiques) soit comblé pour passer au suivant et
cela jusqu’au 5ème (donc : du 1 au 2, puis du 2 au 3, du 3 au 4 et enfin du 4 au 5à
Ainsi, au travail (dans une entreprise par exemple), il est inutile de valoriser l’estime de soi et
l’accomplissement d’un employé si celui-ci est menacé par un plan social qui pourrait conduire
à un licenciement (si les besoins physiologiques et la sécurité de l’employé sont menacés,
celui-ci ne pourra jamais être satisfait, il ne pourra donc d’accomplir).
3) Travail et plaisir
Texte de Nietzsche, Gai savoir, 1882
Chercher le travail pour avoir un salaire – en cela presque tous les hommes des pays civilisés sont aujourd’hui
semblables ; le travail est pour eux un moyen, et non le but lui-même ; c’est pourquoi ils ne font guère preuve
de subtilité dans le choix de leur travail, pourvu qu’il rapporte bien.
Mais il existe des hommes plus rares qui
préfèrent périr plutôt que de travailler sans prendre de plaisir à leur travail : ces hommes difficiles, qu’il est dur
de satisfaire, qui n’ont que faire d’un bon salaire si le travail n’est par lui-même le salaire de tous les salaires.
À
cette espèce d’hommes exceptionnelle appartiennent les artistes et les contemplatifs de toute sorte, mais aussi
ces oisifs qui passent leur vie à la chasse, en voyages, en affaires de cœur et en aventures.
Ils veulent tous le
travail et la peine pourvu qu’ils soient liés au plaisir, et le travail le plus pénible, le plus dur s’il le faut.
Ils sont
pour le reste d’une paresse résolue, quand bien même cette paresse aurait pour corrélat l’appauvrissement, le
déshonneur, l’exposition de sa santé....
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