Sciences & Techniques: Les thérapies géniques
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Sciences & Techniques: Les thérapies géniques
On en parle, on en rêve, on en attend des miracles.
La thérapie génique, née au début des années 90, a l'ambition de
traiter maladies génétiques, ou cancers.
Il s'agit d'introduire dans les cellules du malade soit un gène manquant ou défectueux, dans le cas des
maladies génétiques ; soit un gène qui code pour la fabrication d'une substance antitumorale, dans le cas
des cancers ; ou pour un produit inhibant la multiplication du virus, dans le cas du sida.
Simple en théorie,
c'est une autre histoire en pratique.
Les plus sincères des chercheurs reconnaissent en privé qu'on est
bien loin d'obtenir des résultats concrets.
Toutes les équipes en sont encore au stade de la mise au point de protocoles acceptables sur le plan éthique et techniquement
réalisables.
Elle butent surtout sur des problèmes méthodologiques essentiels qui mettent en jeu les " vecteurs ", ces particules, en
général virales, utilisées pour faire pénétrer le gène choisi dans la cellule.
Il s'agit aussi de toucher un maximum de cellules et d'éviter
les effets secondaires liés à l'introduction de virus dans les cellules.
Quatre-vingt protocoles environ ont été mis en route depuis 1990 aux Etats-Unis et moins de 10 en France.
Peu d'entre eux sont
avancés et 5, tout au plus, ont fait la preuve d'une quelconque efficacité.
Et encore...
Parmi ceux-ci, on compte le cas de deux petites filles, atteintes d'un déficit immunitaire caractérisé par le défaut d'un enzyme, l'ADA
ou adénosine désaminase.
Soignées à Washington par Michael Blaese et French Anderson, les deux petites malades vont bien, mais
elles ne sont pas uniquement traitées par un gène qui leur sert à fabriquer de l'ADA.
Elles reçoivent en plus un traitement chimique
conventionnel destiné à élever le taux de cet enzyme.
C'est donc un succès relatif : on sait que la thérapie génique n'est pas
dangereuse, mais il est difficile de faire la part entre le traitement conventionnel et la thérapie génique.
Autre succès, toujours relatif, dans l'hypercholestérolémie familiale, une maladie caractérisée par des taux faramineux de cholestérol
et la survenue de graves accidents cardio-vasculaires liés à ces taux biologiques.
Une étude, réalisée aux Etats-Unis, montre que le
cholestérol a considérablement baisé chez les malades traités.
Malheureusement, ces résultats biologiques ne sont pas corrélés à
des améliorations cliniques et, en pratique, les malades ne se portent pas mieux.
D'autres protocoles donnent des résultats, qualifiés d'encourageants, dans les cancers du cerveau, dont la taille a diminué (travaux de
l'Américain Rosenberg) ou dans le mélanome malin, redoutable cancer de la peau.
Les protocoles entamés récemment dans le cancer
du poumon, le sida ou quelques rares maladies génétiques sont trop nouveaux pour qu'on en évalue les résultats.
Les chercheurs n'en
sont qu'à tester les protocoles et les vecteurs.
Résultats très mitigés dans la mucoviscidose, une maladie génétique de l'appareil
respiratoire.
Les discussions, qui enflamment les spécialistes autour des protocoles choisis, illustrent parfaitement les problèmes qui
restent à surmonter en ce domaine.
Ces discussions tournent essentiellement autour des vecteurs utilisés pour transporter le gène
correcteur à l'intérieur des cellules des malades.
Disons, pour simplifier, que certains spécialistes, et non des moindres, sont inquiets
de l'utilisation d'un vecteur viral, l'adénovirus, qu'ils suspectent de provoquer une inflammation pulmonaire.
Fâcheux, lorsqu'il s'agit de
traiter ainsi des enfants déjà gravement atteints aux poumons.
Les plus prudents estiment que ces essais sont prématurés et qu'il
faudrait continuer les recherches sur l'animal.
Ces hésitations ne doivent pas occulter les espoir que laissent prévoir la thérapie
génique.
Ce sera long, cher et compliqué, mais tous les chercheurs y voient la technique de l'avenir, même s'il faut la combiner à des
techniques plus classiques telles que la chimiothérapie ou l'immunothérapie.
Ce n'est donc pas par hasard si les plus grands chercheurs, soutenus par les milliards des sociétés qui se lancent dans les
biotechnologies se convertissent peu à peu à la génétique..
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