Sciences & Techniques: La maladie d'Alzheimer
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Sciences & Techniques: La maladie d'Alzheimer
Rita Hayworth, David Niven et le musicien Aaron Copland en sont morts.
Ronald Reagan a annoncé l'hiver dernier qu'il en était atteint.
La maladie d'Alzheimer frappe au
hasard les esprits les plus brillants comme les plus simples.
Le seul traitement connu est encore peu efficace.
Alzheimer : quand le cerveau flanche
Les signes en sont bien connus.
Cette affection neurologique est en fait un trouble de la connexion entre les cellules du cerveau, les neurones.
Elle aboutit à leur
dégénérescence puis à leur destruction.
La maladie d'Alzheimer est marquée par des troubles de la mémoire, de la personnalité et du langage.
Extrêmement
progressive, elle peut évoluer sur dix, vingt ans voire plus.
Le début est insidieux, au point de passer inaperçu : des troubles de mémoire, une dépression, des
oublis, des comportements un peu bizarres, mais pas vraiment inquiétants.
Peu à peu, le tableau se précise : le malade " perd la tête " et ses troubles évoluent
vers une désorientation et une confusion croissantes, puis vers une dépendance totale et la perte des f onctions mentales.
Les malades sont très souvent
agités, ce qui rend les soins et le maintien au domicile très difficiles.
La mort survient dans un contexte de grande misère phy siologique et intellectuelle.
Les chercheurs contemporains n'en savent malheureusement pas beaucoup plus sur la maladie d'Alzheimer que le docteur Alois Alzheimer qui en décrit les symptômes en 1906.
Lorsqu'ils
observent les neurones des malades, ils mettent en avant un signe spécifique : la formation de " plaques séniles ", des dépôts blanchâtres d'une substance appelée amyloïde, localisées
dans le cortex cérébral.
Au plan biochimique, la maladie est caractérisée par une altération profonde de certains systèmes de neutrotransmission, en particulier de sécrétion
d'acétylcholine, un des neurotransmetteurs les plus utiles au fonctionnement du cerveau.
Ce déficit en acétylcholine, s'il est démontré dans la genèse de la substance amyloïde - et rend
compte en partie de l'absence de communication interneuronale -, ne permet pas d'expliquer la maladie et encore moins de la traiter.
Des origines toxiques, infectieuses et génétiques ont
tour à tour été évoquées, mais toutes ces pistes se sont révélées décevantes et personne, aujourd'hui, n'est en mesure de décrire la véritable cause de la maladie d'Alzheimer.
Des
facteurs génétiques (anomalies des chromosomes 19 et 21) ont été trouvés sans qu'on puisse toutefois apprécier leur rôle exact ni même affirmer que la maladie est héréditaire.
Dans tous les pays dév eloppés, fiefs de la maladie, les spécialistes de la santé publique craignent - à juste titre - que l'allongement de l'espérance de vie ne s'accompagne d'une
augmentation des cas de démence sénile, en particulier par la maladie d'Alzheimer.
Plusieurs études épidémiologiques réalisées en France et aux Etats-Unis accréditent cette hypothèse.
Vertigineuse progression d'une démence
Faisant appel à des modèles statistiques complexes, ces études remarquent que la fréquence des démences est de 0,9% à l'âge de 60 ans.
Elle passe à 5% à 75 ans et dépasse 15%
après 85 ans.
En France, les auteurs de l'étude en tirent quelques conclusions pessimistes : entre 1990 et 2000 les cas de démence (maladie d'Alzheimer et autres formes plus rares) devraient
augmenter de 12%.
Entre 2000 et 2010, les experts s'attendent à une augmentation de 24%, puis de 26% pour les dix années suivantes.
Il y aurait donc en France, 555 000 malades en
l'an 2000.
Constatations proches, mais encore plus pessimistes, aux Etats-Unis, où une étude récente vient de chiffrer à près de 40% le nombre de personnes f rappées après l'âge de 85
ans.
On imagine aisément les conséquences, dans une famille, de la surv enue d'une maladie d'Alzheimer.
Les troubles sont si profonds, si lourds à supporter pour l'entourage que le maintien
du malade au domicile familial devient rapidement une utopie.
Les problèmes sont déjà complexes quand la famille est aisée : les structures de soins qui acceptent de prendre en charge
les malades déments sont rarissimes et fort coûteuses, vu l'ampleur de la dépendance (incontinence, nécessité d'un nursing continu, absence d'espoir d'amélioration...).
Les problèmes
deviennent quasi insurmontables quand la famille est pauvre et, plus encore, quand elle vit dans un minuscule appartement citadin.
Sans même évoquer les contingences matérielles, la
maladie d'Alzheimer est un drame pour l'entourage.
Il faut beaucoup de patience et d'amour pour pouvoir continuer à s'occuper d'un malade.
D'ailleurs, de l'avis même des spécialistes, il
ne s'agit pas forcément de la solution idéale.
Toutes les tactiques employées à titre expérimental (sport, musique, activités dirigées) pour essayer d'enrayer l'évolution irréversible ont été
des échecs.
Compte tenu du vieillissement annoncé de la population, la maladie d'Alzheimer risque de devenir une maladie de la société tout entière si aucun traitement n'est découvert
dans les prochaines années.
Et si les choses allaient changer ?
Le premier médicament officiellement destiné à la maladie d'Alzheimer a été mis sur le marché français en septembre 1994.
Il s'agit de la tacrine (ou THA pour tétrahydroaminoacrinine),
commercialisée sous le nom de Cognex.
La tacrine n'a rien de miraculeux.
Aux Etats-Unis, où il a été longtemps disponible av ant de traverser l'Atlantique, le produit, dont on contestait
les résultats, a fait l'objet de polémiques à la mesure de l'enjeu.
Il a f allu attendre plusieurs essais thérapeutiques pour que les médecins s'accordent à lui reconnaître une certaine
efficacité.
Aujourd'hui, les esprits se sont calmés et les médecins accordent à la tacrine une place - réduite mais unique - dans le traitement de la maladie.
Il semble que les réactions à ce produit soient extrêmement variables selon les doses utilisées et les malades.
Les résultats les plus nets sont obtenus avec des doses plutôt élevées (au
moins 160 mg par jour) au début de la maladie.
Chez certains malades, les symptômes peuv ent même s'aggraver.
Il semble que 20% seulement des malades traités constatent une
amélioration des fonctions intellectuelles et une diminution des troubles de la mémoire.
De plus, ce médicament provoque des cancers et une toxicité hépatique qui forcent bien entendu à
interrompre le traitement.
A l'heure actuelle, la tacrine est réservée aux formes " légères à modérées " de la maladie d'Alzheimer.
Il ne doit être prescrit, par un neurologue exclusivement,
ni au tout début, ni dans ses formes graves ou très évolues, ni dans aucune autre forme de démence.
La France est actuellement chargée d'une enquête réalisée auprès des 5 000
premiers patients traités.
Il s'agit de déterminer précisément l'efficacité et les dangers réels de ce produit.
On l'aura compris : la tacrine n'a rien d'une panacée mais c'est
malheureusement le seul produit dont on peut attendre quelque résultat.
La prise en charge des malades est une priorité.
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