Schopenhauer: L'existence comme objectivité de la volonté

« Toute existence peut s'appréhender et se saisir par sa finalité, son but, sachant que la totalité de ce qui existe est strictement déterminé par un "vouloir-vivre" immanent.

Chaque organe physique s'explique par sa fonction, rendant possible en le manifestant, l'appétit ou la tendance vitale qu'il sert.

Un corps, animal ou humain est l'expression visible d'une volonté de vivre.

Les dents, l'oesophage, l'appareil intestinal sont "la faim objectivée"; les parties génitales, "l'instinct sexuel objectivé" etc.

L'existence doit pouvoir également se saisir dans sa singularité quand on voit combien le corps humain de chacun, le visage, les gestes et les expressions incarnent et réalisent le caractère propre.

Chaque homme a le corps de sa propre volonté qui cherche la continuation dans l'être et dans le temps, et la mort est sa plus grande terreur.

L'angoisse est le symptôme que produit l'existence quand elle est en présence d'un danger dont la mort est le plus grand drame.

Les sentiments de joie et de tristesse sont spontanés et se produisent obscurément en nous lorsque les aspirations inconscientes de notre volonté sont satisfaites ou déçues.

Le sentiment de pitié est naturel, il marque notre appartenance à un ordre naturel commun, mais le sentiment d'égoïsme est également naturel à la volonté qui ne cherche qu'à affirmer et vouloir sa propre existence.

La mort ne peut pas faire l'objet d'un calcul froid et raisonné, puisqu'elle est la grande terreur de la vie qui ne cesse de s'en écarter, mais elle est aussi ce qui fait le prix et la valeur de toute existence qui, lorsqu'elle est consciente, se saisit comme éphémère.. »