Schopenhauer, « La volonté est l'essence du monde »
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Thème 255
Schopenhauer, « La volonté est l'essence du monde »
Indications générales
Schopenhauer (1788-1860), admirateur de Kant*, lui reprend l'idée que nous ne pouvons
connaître du monde que la représentation humaine que nous pouvons nous en former.
Pour lui, toute représentation est donc une illusion.
Mais nous pouvons aussi
directement connaître ce qui fait le coeur de la réalité, et que nous trouvons en nousmêmes: la volonté.
Citation
«La volonté, que nous trouvons au-dedans de nous, ne résulte pas avant tout, comme
l'admettait jusqu'ici la philosophie, de la connaissance, elle n'en est même pas une pure
modification, c'est-à-dire un élément secondaire dérivé et régi par le cerveau comme la
connaissance elle-même; mais elle est le Prius de la connaissance, le noyau de notre
être et cette propre force originelle qui crée et entretient le corps animal, en en
remplissant toutes les fonctions inconscientes et conscientes [...] Elle est ainsi ce qui
doit s'exprimer de n'importe quelle manière, dans n'importe quelle chose au monde: car elle est l'essence du monde
et la substance de tous les phénomènes».
(Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818, III.)
Explication
Ce que Kant appelait les «noumènes», ou choses en soi, et qu'il estimait inconnaissable, Schopenhauer l'identifie
avec la volonté.
Il s'agit d'un principe de croissance et d'action, présent en toutes choses, et dont nous avons, en
nous, une conscience immédiate.
Exemple d'utilisation
La grande originalité de Schopenhauer, c'est qu'il pense l'être non pas comme une substance qui se présenterait
devant la conscience, mais comme une force de production, une activité, présente en toute chose, y compris dans
la conscience.
De ce point de vue, Schopenhauer peut être opposé - comme il le dit lui-même d'ailleurs - à tous les
philosophes qui l'ont précédé [voir en particulier Descartes, Locke, Kant].
Dans ce cadre, la question du rapport à Autrui est particulièrement intéressante: car pour Schopenhauer, inspiré par
le bouddhisme, l'individualité n'est qu'une illusion: chacun se prend pour le centre du monde et veut tout pour lui, et
les hommes vivent ainsi torturés par un désir insatiable, dans la lutte contre tous [voir Hobbes].
Mais celui qui, à
travers la pitié, sait reconnaître que tous les individus ne sont en fait que des expressions de la même volonté
universelle, celui-là pourra convertir son égoïsme en amour et atténuer sa souffrance.
SUJET TYPE: La conscience peut-elle atteindre les choses mêmes?
Contresens à ne pas commettre
Même si, pour Schopenhauer, la souffrance provoquée par le désir est le lot de la plupart des hommes, il y voit
quand même quelques issues: la pitié universelle n'en est qu'une étape, car elle n'atténue pas encore le malheur,
même si elle détache l'individu de lui-même.
L'art, et la musique en particulier, permet d'avoir un regard désintéressé
sur le monde, qui nous libère de notre vouloir égoïste, au moins de manière passagère.
Enfin la méthode la plus
radicale, qui rappelle aussi le bouddhisme, consiste à se défaire par l'ascétisme du vouloir lui-même, pour atteindre
ce point d'extinction du vouloir qui est la sérénité suprême..
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