Schopenhauer: La volonté comme essence secrète et dissimulée de la vie

« En 1818, dans son ouvrage Le Monde comme volonté et comme représentation, Schopenhauer expose les grandes lignes de sa philosophie.

L'essence du monde est la volonté, soit une force irrationnelle, active, agissante, dynamique, de la même nature que celle que nous sentons à la racine de notre être.

Cette volonté s'objectivant produit le monde, du minéral inerte aux formes les plus élevées de la conscience.

Quels que soient les domaines physiques, chimiques, biologiques, physiologiques ou même volontaires dans l'action humaine, la totalité de la nature dans son élan vital ne fait qu'exprimer cette volonté.

Au sommet de la pyramide de l'évolution se trouve la conscience comme formation ultime mais dérivée et induite de forces plus profondes au service desquelles elle demeure. La volonté inconsciente prime donc sur l'intellect.

Toutes nos décisions, qui sont en apparence tributaires de délibérations et de motifs rationnels, ne font en vérité que refléter et exprimer notre volonté inconsciente.

Toute délibération consciente n'est que le déguisement et la justification plus ou moins adroite de l'inconscient : "Le maître, c'est la volonté, le serviteur, c'est l'intellect." Il en résulte une conséquence importante : nous ignorons les intentions de notre volonté, nous ne les découvrons qu'accidentellement, par exemple lorsqu'une décision que nous avons prise n'aboutit pas et que nous nous en trouvons soulagés, ou au contraire lorsque se réalise un résultat que nous n'attendions guère, et qui nous procure une grande joie.

Ces plaisirs et ces déplaisirs sont l'indice de ce qui correspond ou s'oppose aux plans secrets de notre volonté.. »