Savoir et savoir-faire
Extrait du document
«
Que nous mangions, dormions, travaillions, lisions, pensions, il semble que nous soyons toujours en train de faire quelque chose.
Alors,
nous prenons le verbe « faire »comme synonyme du fait pour un être de se mettre en mouvement.
Même lorsque nous dormons, nous
avons mis notre corps en mouvement pour nous allonger par exemple.
Cependant, nous pouvons répondre à quelqu'un nous demandant
ce que nous avons fait de notre journée que nous n'avons rien fait.
Et dans le même ordre d'idées, une fois endormis, il nous semble que
nous ne fassions plus rien.
Dans l'hypothèse selon laquelle nous faisons tout le temps quelque chose, il apparaît que nous n'ayons pas
besoin de savoir pour faire.
En revanche, dans l'hypothèse selon laquelle nous pourrions parfois ne rien faire, nous nous demandons ce
qui rend possible le fait de faire quelque chose : et alors, la condition sine qua non d e ce fait pourrait être celui de savoir, c'est-à-dire
d'avoir des connaissances telles qu'elles guideraient l'action (nous ne pouvons construire une maison si nous n'avons pas de
connaissances en architecture).
On doit dès lors se demander si l'on doit savoir pour faire, c'est-à-dire établir la nature du rapport entre le
domaine théorique(savoir) et celui de la pratique, de l'action(faire) en cherchant à savoir si c'est une nécessité pour les actions d'être
guidées par la théorie.
I- Le domaine de l'action, de la pratique ne dépend pas nécessairement de celui de la théorie, du savoir.
A- Il nous semble au premier abord qu'il ne soit pas nécessaire de savoir pour faire.
1- Exemple de l'acte de manger : que faudrait-il savoir pour le faire ?
2- Exemple de Descartes dans le Discours de la méthode, « morale par provision » : c'est une nécessité
pour l'homme d'agir sans avoir de connaissance certaine.
B- L'homme habile n'a pas besoin de savoir pour faire.
1- Non seulement tous nous agissons sans savoir, mais de plus l'homme dit habile fait bien ce qu'il fait
sans être guidé par des idées.
2- C'est le cas de celui que l'on dit doué dans les travaux manuels, ou encore l'homme d'expérience par
e xe mp l e En ce sens, dans le savoir-faire, c'est il n'y a p a s d e savoir préalablement acquis qui serait
ensuite appliqué.
C- Pour être efficace dans l'ordre de l'action, il faudrait peut-être n'être pas savant ?
1-Exemple de celui qui saute à l'élastique et qui parfois pourrait peut-être ne pas le faire s'il savait les
risques qu'il encourrait.
2- Nietzsche, par exemple, sur l'influence pouvant être pernicieuse de la connaissance sur l'action.
II- Le champ de ce que peut faire l'ignorant est limité.
A- L'homme ne peut pas vraiment agir sans savoir.
1- Thèse de Platon : c'est la connaissance des Idées qui guide les actes des hommes.
2-Platon, République., l'artisan qui fabrique un lit imite l'Idée de lit pour le faire.
3- Platon et Aristote : l'homme peut peut-être combler ses besoins- manques vitaux sans savoir, mais il ne peut pas agir humainement
sans être guidé d'une manière ou d'une autre par la connaissance.
L'homme peut toujours manger des herbes, mais il faut qu'il ait la
connaissance de l'art de la chasse pour manger du lapin par exemple.
B- Délimitations de ce que l'on peut faire sans savoir.
1- Sans savoir, l'on peut satisfaire ses manques vitaux (manger, boire, dormir, reproduction).
2- Sans savoir, l'on ne peut être ni artiste ni artisan (Platon)
3- Sans savoir, l'on ne peut actualiser au mieux le concept d'homme (l'homme « prudent », c'est-à-dire qui n'a pas un savoir abstrait,
mais relatif aux circonstances, est le modèle de l'homme excellent pour Aristote, Ethique à Nicomaque).
III- Le savoir comme corrélat de l'action.
A- Ignorants, nous pouvons toujours agir.
1- En ce sens, animaux et hommes sont capables de faire sans savoir.
(Nietzsche)
2-Nous ne pouvons attendre de tout savoir pour agir ou sinon, nous ne saurions nous défaire de notre passivité.
(Descartes)
B- Mais savoir est bien en un sens une condition de l'acte de faire.
1- Plus d'un acte nécessite, afin d'être réalisé, que l'homme ait des connaissances (savoir comment pétrir le pain pour le boulanger, etc.)
2- Le nombre d'actions que l'on peut effectuer sans être d'une manière ou d'une autre savant est réduit.
(Platon/Aristote)
C- Le champ de la pratique en même temps autonome et en même temps toujours dépendant de sa relation avec la théorie?
1-Le domaine de l'action, de la pratique, semble avoir ses propres lois qui ne semblent pas faire directement appel au savoir.
2- Et cependant, l'action semble aussi toujours devoir se définir en rapport avec la théorie.
(Hegel : l'action est la réalisation de la raison)
Conclusion
I l nous semblait au premier abord qu'en un sens, il n'était pas besoin de savoir quoique ce soit pour agir, e t q u ' e n m ê m e temps, le
savoir permettait à l'action de se perfectionner dans son champ propre.
Il ne faudrait pas savoir pour faire, si par savoir l'on entend le fait
de connaître la vérité et par faire l'acte de satisfaire ses besoins, mais en un autre sens, il faudrait savoir pour faire si l'on entend par
« savoir » l'acte d e chercher à comprendre ce qui est et par « faire » l'action pensée comme réalisation d e l'homme dans le champ
pratique..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « L'habitude est un facteur essentiel du comportement, le plus intelligent, le plus plastique. Tout comportement intelligent aboutit sans cesse à de nouvelles habitudes. Savoir monter des mécanismes, c'est faire économie d'effort et c'est créer l'outil n
- L'éducation se limite t-elle à la transmisison d'un savoir-faire ?
- Reconnaît-on l'artiste à son savoir-faire ?
- Faut-il savoir pour faire ?
- Dans quelles mesures le savoir-faire est-il un savoir ?