Savoir c'est savoir qu'on sait disait Alain: qu'en pensez-vous ?
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Savoir c'est savoir qu'on sait disait Alain: qu'en pensez-vous ?
«
Introduction
La conscience est fréquemment évoquée comme ce qui différencie l'être humain de l'animal.
En soulignant qu'elle est
« toujours implicitement morale », Alain renforce ici cette idée, puisque la morale est aussi réservée à l'humanité.
Inversement, sont « inconscients », au sens traditionnel, ceux qui ne pratiquent jamais de recul en soi-même pour
se juger : il y aurait là l'indice d'une véritable lâcheté, puisqu'il suffit de s'interroger, c'est-à-dire d'abord de le
vouloir, pour connaître ce qu'on est.
I - Le recul en soi-même
A.
La réflexion
Réflexion = mouvement de recul en soi-même, qui permet de se connaître et de se juger.
Elle est donc essentielle à
la conscience elle-même, ici définie comme « savoir revenant sur lui-même ».
B.
La personne comme centre
Le savoir faisant ainsi retour sur lui-même se recentre sur la personne.
Ce faisant, la personne se réapproprie en
quelque sorte ce qu'elle sait.
Un tel mouvement ne peut être fait sans but.
Le but, c'est de « décider et de se juger
».
C.
Une conscience implicitement morale
De la sorte, toute conscience présente un versant moral.
Même s'il n'est pas explicité, il est toujours là, ne seraitce que dans le projet initial de se juger.
L'auto-analyse et le jugement qui en dépend s'effectuent relativement à
des valeurs (dans leur version extrême : le bien et le mal) qui sont bien morales.
II - La conscience est la pensée
A.
Penser de manière responsable
La pensée elle-même, lorsqu'on prend le terme au sérieux, est orientée par un souci normatif : on ne pense vraiment
qu'en se demandant : « Que dois-je penser ? ».
Il existe en effet une responsabilité relative à ce que l'on pense (on
ne doit pas penser n'importe quoi, ni n'importe comment).
B.
L'immoralité
Ne pas vouloir penser qu'on pense, c'est ne pas contrôler la pensée : cela est supportable (excusable) dans une
rêverie sans conséquence, mais ne le serait pas dès que la pensée ainsi développée (et dévoyée) pourrait avoir des
applications pratiques (sur les autres, la société...).
C.
L'inconscience est immorale
Inconscient = celui qui ne s'interroge pas, c'est-à-dire qui ne prend pas sa pensée comme objet de pensée (de
jugement).
Font partie de cette inconscience — immorale — les « opinions » (opposition classique à la réflexion,
depuis Platon), même appliquées à d'autres opinions, et les savoir-faire strictement pratiques (sans équivalents
théoriques).
III — L'examen de conscience et la volonté
A.
Moralité et volonté
« Conscience, conscience ! instinct divin » (Rousseau) : comment un tel instinct pourrait-il se tromper ? Si donc on
veut savoir ce que l'on est et ce que l'on vaut, il suffit de s'interroger.
Puisque la conscience a immédiatement à
voir avec la morale, il n'est pas surprenant qu'Alain fasse confiance à la volonté.
Inversement, ne pas vouloir
s'interroger sera lâche.
B.
La conscience soupçonnée d'impuissance
Lorsque Freud en restreint le domaine au dixième de l'appareil psychique, c'est pour laisser place à un inconscient
(très différent de ce qu'Alain désigne du même nom) qui, d'après ses théories, détermine amplement la conduite,
désigne la vérité du sujet, mais en reste inconnu.
C.
Comment sauver la morale ?
S'il faut ainsi admettre que ma conscience n'est pas capable de repérer mes vrais motifs, elle n'en conserve pas
moins sa portée morale : Freud considère que la conscience n'est précisément rien de plus que le résultat d'une
intériorisation des normes morales.
On aboutit à une situation troublante : je peux juger mes propres actes, mais je
ne peux repérer leur origine..
»
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