Sartre: L'objet imaginaire est négatif mais il révèle la liberté humaine
Extrait du document
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L'image est généralement pauvre, car elle est un monde en miniature, coupé du vrai
monde.
Les éléments qui la constituent tissent entre eux un nombre de rapports finis, à la
différence du symbole qui aspire et tend vers le concept.
De plus, l'image est irréelle, car
"les objets n'existent que
pour autant qu'on les pense".
Il s'ensuit que la perception d'une chose concrète et la visée
par laquelle notre conscience s'y rapporte sont infiniment plus féconds que la conscience
d'une simple image.
L'image se réduit strictement à la conscience qu'on en a, alors que
l'objet perçu déborde constamment la conscience.
Tout est donné dans l'image, il n'y a rien
à en apprendre.
Dans sa transparence, elle est la certitude même.
Un objet imaginaire peut
être pensé de trois manières : il est soit inexistant ; soit absent ; soit existant ailleurs.
C'est à chaque fois une négation qui le constitue, et une négation de la réalité.
"Poser une
image, c'est constituer un objet en marge de la totalité du réel, c'est donc tenir le réel à
distance, s'en affranchir, en un mot : le nier." Cette mise à distance nécessaire à la
constitution de l'image implique que la conscience soit libre par rapport au réel même.
La
conscience reste inéluctablement dans le monde, mais elle est capable de le transcender
par sa liberté ; cette transcendance et ce dépassement ne peuvent se faire que par la
négation.
Le néant ne peut être une image, mais l'acte de négation en est sa condition.
La conscience est essentiellement pour les phénoménologues le pouvoir qu'à l'homme, non certes d'anéantir, mais de
mettre à distance le monde qui se donne à lui, de s'en déprendre, de le mettre en question en s'y opposant et en s'en
distinguant par là même.
On dira que la conscience "néantise" le monde.
Cette capacité de "néantisation" définit la
liberté ontologique, qui est le propre de la conscience de l'existant humain.
En ce sens, Sartre peut dire, après
Heidegger, que "le néant reste la structure constitutive de l'existant".
Ce "néant" est la source même de la
capacité qu'a l'existant de se nier soi-même pour affirmer l'"en-soi" du monde, comme de "néantiser" le monde en se
posant "pour soi" comme conscience et "ek-sistence".
C'est cette néantisation constitutive de l'"existant" qui
définit pour Sartre la structure transcendantale de la conscience comme liberté et comme "projet", comme cette
liberté essentielle qui donne son sens à tout acte libre particulier de l'existence concrète.
L'"imaginaire" est dans ce
contexte l'une des structures les plus révélatrices de la constitution existentiale de la conscience humaine, car la
"néantisation" y est flagrante..
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