Sartre: La responsabilité limite-t- elle la liberté ?
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«
VOCABULAIRE SARTRIEN:
Liberté : ce n'est pas une propriété parmi d'autres de l'homme, c'est l'étoffe même de son existence, qui renvoie à
cette indétermination (« l'existence précède l'essence ») et à cette ouverture aux possibles qui caractérisent la réalité
humaine.
Selon une formule récurrente de Sartre, « l'homme est condamné à être libre ».
De cette liberté découle sa
responsabilité.
Elle s'éprouve dans l'angoisse.
Responsabilité : découle de la liberté humaine et est aussi radicale que celle-ci.
Satire prend le mot au sens
courant de « conscience d'être l'auteur incontestable d'un événement ou d'un objet » (EN, p.
612), à condition
d'ajouter que nous sommes toujours, quoi qu'il nous arrive, responsables de nous-mêmes en tant que manière d'être et
du sens que nous donnons au monde par nos choix.
Situation : c'est le « produit commun de la contingence de l'en-soi et de la liberté » (EN, p.
544).
C'est le rapport
de la liberté à la condition.
La notion de situation entend signifier à la fois l'ancrage du pour-soi dans le monde et dans
un ensemble de conditions non choisies, et l'orientation de cet ancrage par une liberté qui lui donne sens.
Synonyme
d'engagement au sens premier.
Engagement : désigne à la fois notre être dans le monde (en écho du « nous sommes embarqués » pascalien) et la
nécessité à laquelle nous ne pouvons nous dérober de nous choisir en nous projetant vers nos possibles, donnant ainsi
un sens à notre être-jeté.
La signification première de l'engagement est donc ontologique, et non politique ;
l'engagement social et politique n'est qu'une spécification - à vrai dire essentielle, puisque nous sommes des êtres
historiques et sociaux - de l'engagement dans son sens ontologique.
Il peut arriver que la liberté se fonde sur l'ignorance, faisant ainsi l'économie du savoir.
À travers le risque qu'elle
implique, l'épreuve du doute et la notion de responsabilité qui en semblent indissociables, la liberté peut aussi
représenter un fardeau dans l'existence.
Le jeu est un bon exemple de la liberté qui s'exprime au travers de la prise de
risque.
Il est possible de préserver sa liberté intérieure, sa liberté de penser, même sous la contrainte.
Le courage et la
volonté sont indispensables à une telle liberté.
Ils permettent d'être libre même si on ne fait pas ce que l'on veut.
De
ce fait, il semble que l'obéissance à un individu ou à des lois n'interdise pas la liberté.
La liberté individuelle et la liberté
collective peuvent toutefois s'opposer.
Mais la liberté ne peut faire l'économie d'une forme ou d'une autre de nécessité.
La question reste de savoir si on est libre ou si on le devient.
Sartre: N'est-ce pas moi qui décide du coefficient d'adversité des choses et jusque de leur
imprévisibilité en décidant de moi-même ? Ainsi n'y a-t-il pas d'accidents dans une vie ; un
événement social qui éclate soudain et m'entraîne ne vient pas du dehors ; si je suis
mobilisé dans une guerre, cette guerre est ma guerre, elle est à mon image et je la mérite.
Je la mérite d'abord parce que pouvais toujours m'y soustraire, par le suicide ou la
désertion : ces possibles ultimes sont ceux qui doivent toujours nous être présents lorsqu'il
s'agit d'envisager une situation.
Faute de m'y être soustrait, je l'ai choisie ; ce peut être
par veulerie, par lâcheté devant l'opinion publique, parce que je préfère certaines valeurs à
celle du refus même de faire la guerre (l'estime de mes proches, l'honneur de ma famille,
etc.).
De toute façon, il s'agit d'un choix.
Ce choix sera réitéré par la suite d'une façon continue
jusqu'à la fin de la guerre ; il faut donc souscrire au mot de J.
Romains : A la guerre, il n'y
a pas de victimes innocentes.
» Si donc j'ai préféré la guerre à la mort ou au déshonneur,
tout se passe comme si je portais l'entière responsabilité de cette guerre.
Sans doute, d'autres l'ont déclarée et l'on serait tenté, peut-être, de me considérer
comme simple complice.
Mais cette notion de complicité n'a qu'un sens juridique ; ici, elle
ne tient pas ; car il a dépendu de moi que pour moi et par moi cette guerre n'existe pas et j'ai décidé qu'elle existe.
Il
n'y a eu aucune contrainte, car la contrainte ne saurait avoir aucune prise sur une liberté ; je n'ai eu aucune excuse,
car, ainsi que nous l'avons dit et répété dans ce livre, le propre de la réalité humaine, c'est qu'elle est sans excuse.
Il
ne me reste donc qu'à revendiquer cette guerre.
Mais, en outre, elle est mienne parce que, du seul fait qu'elle surgit dans une situation que je fais être et que je ne
puis l'y découvrir qu'en m'engageant pour ou contre elle, je ne puis plus distinguer à présent le choix que je fais de moi
du choix que je fais d'elle : vivre cette guerre, c'est me choisir par elle et la choisir par mon choix de moi-même.
Il ne
saurait être question de l'envisager comme quatre ans de vacances ou de sursis », comme une suspension de séance
», l'essentiel de mes responsabilités étant ailleurs, dans ma vie conjugale, familiale, professionnelle.
Mais dans cette
guerre que j'ai choisie, je me choisis au jour le jour et je la fais mienne en me faisant.
Si elle doit être quatre années
vides, c'est moi qui en porte la responsabilité.
Avez-vous compris l'essentiel ?.
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