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Sartre: Existence et essence

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« Thème 492 Sartre: Existence et essence Essence : ce qui fait qu'un être est, sa raison d'être, ou ce sans quoi il ne serait pas.

L'essence d'un triangle est d'avoir trois angles. Existence : c'est le fait d'être là, de surgir dans le monde et d'avoir à assumer cette présence. 1.

L'angoisse et la mauvaise foi La découverte de son infinie liberté provoque chez l'homme, qui ne peut s'appuyer sur aucune autorité extérieure, un sentiment d'angoisse.

C ontrairement à la peur, qui est toujours peur d'un objet, l'angoisse, elle, est peur de soi, de l'infini de sa propre liberté. Pour tromper son angoisse, l'homme fait preuve de mauvaise foi : il invoque des motifs et des mobiles, les présente comme des choses indépendantes de sa volonté, pour faire oublier que leur nature et leur poids ne dépendent que du sens qu'il leur donne.

En découvrant que l'essence en lui ne précède pas l'existence, l'homme comprend que pour lui, être, c'est se choisir : la liberté contraint la réalité humaine à se faire au lieu d'être.

On ne pourra assigner une essence à l'homme qu'à sa mort, avant cela il est libre de donner un sens différent à sa vie.

Être de mauvaise foi, c'est tenter de vivre sur le mode d'être de la chose, et non comme conscience qui peut toujours dépasser le présent vers le futur. 2.

La liberté en situation Ma liberté est toujours rapport à une certaine situation.

Mon corps est le premier élément de ma situation.

Je n'ai pas choisi mon corps, mais je choisis le sens que je lui donne, la manière dont je le vis.

La signification n'est pas une propriété des objets mais un acte de la conscience.

A ucune situation n'a donc son sens en elle-même.

Une situation de crise nous oblige à choisir, à assumer notre liberté. L'homme est condamné à être libre... Sartre doit son immense notoriété à la vogue de l'existentialisme (philosophie de la liberté et de la responsabilité), dont il fut considéré comme le fondateur, même si la lecture de la « Phénoménologie » de Husserl et de « L’Être et le Temps » de Heidegger l'a profondément influencé.

Deux formules pourraient résumer sa conception de la liberté.

La première, que l'on trouve dans « Saint Genet » (1952): « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La seconde, qui figure dans un opuscule intitulé « L'Existentialisme est un humanisme » (Nagel) où Sartre répond à diverses objections formulées notamment, par les catholiques et les marxistes à sa conception existentialiste de l'homme: « L'homme est condamné à libre.

» Qu'est-ce que l'existentialisme ? C 'est l'affirmation que, chez l'homme, l’existence précède l'essence.

Autrement dit, rien n'est donné d'avance à l'homme. N'ayant pas d'essence préalable, l'homme se trouve condamné à choisir librement son essence : « Q u'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? C ela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit d'abord.

L'homme tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait.

» L’homme n'est ni ceci ni cela.

Son existence n'est d'abord soutenue par rien.

C 'est précisément parce que l'homme n'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peut qu'être liberté.

La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre.

Un arbre ne peut jamais être que l'arbre qu'il est.

Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est.

T out objet matériel est.

L’homme n'est pas.

Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pas décidé d'avance.

L’homme est ce qu'il se fait: « A insi il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir L'homme est seulement, non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veut après cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.

» Et si l'homme n'est d'abord rien et doit librement choisir son essence, cela signifie qu'il est pure subjectivité, projet : « C 'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité.

et que l'on nous reproche sous ce nom même.

Mais que dire par là, sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou la table ? C ar nous voulons dire que l'homme existe d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se projeter dans l'avenir L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d'être une mousse, une pourriture ou un chou-fleur » La liberté est donc, pour Sartre, un absolu qui ne se choisit pas.

L’homme ne choisit pas d'être libre, il l'est, il ne peut que l'être.

Il l'est tout entier et toujours. Il ne saurait être tantôt libre, tantôt esclave.

C e que Sartre exprime sous cette formule : « L'homme est condamné à être libre.

» Si l'homme est celui qui se fait, ce projet réalise pas dans l'intimité douillette d'un ego refermé sur lui-même, mais ne peut se réaliser que dans son rapport au monde et à autrui.

L'homme est « en situation ».

C 'est-à-dire qu'il est « conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'à ses sentiments et ses pensées.

Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut se choisir lui-même dans sa « manière d'être ».

Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux du capitalisme, du parlementarisme, de la centralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cette situation familiale qui l'a constitué qu'il entreprend de se « personnaliser ».

D'où la formule : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté elle est ce à partir d'où commence la liberté.

C 'est la raison pour laquelle Sartre a pu écrire en 1944 dans « Les Lettres française » (fondé par A ragon et Paulhan): « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.

» Qu'est-ce à dire, sinon qu'à ce moment-là, puisque nous étions traqués, «chacun de nos gestes avait le poids de l'engagement » ? La liberté est donc le choix permanent qui oblige chacun, à chaque instant, quel que soit l'obstacle ou la situation, à se faire être. A insi, pour Sartre, si l'existence précède l'essence et si Dieu n'existe pas, l'homme est alors responsable de ce qu'il fait, de ce qu'il est : « Nous n'avons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses.

Nous sommes seuls, sans excuses.

C 'est ce que j’exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre.

C ondamné parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.

» Mais par là, Sartre signifie aussi que l'homme est « responsable de tous les hommes » : « Q uand nous disons que l'homme se choisit, nous entendons que chacun d'entre nous se choisit, mais par là nous voulons dire aussi qu'en se choisissant, il choisit tous les hommes.

» A utrement dit, chacun de nous, par s e s choix, s e s a c t e s , pose les normes du vrai et du bien et engage ainsi l'humanité tout entière.

C ertes, beaucoup d'hommes ne se sentent pas responsables, croyant en agissant n'engager qu'eux-mêmes, et « lorsqu'on leur dit: mais si tout le monde faisait comme ça ? ils haussent les épaules et répondent: tout le monde ne fait pas comme ça ».

Mais, en fait, ils se masquent leur angoisse, la fuient.

Ils sont de mauvaise foi, car en vérité, on doit toujours se demander: « Q u'arriverait-il si tout le monde en faisant autant ? » Dire que « l’homme est condamné à être libre », cela signifie bien que l'homme n'est pas niais qu'il se fait, et qu'en se faisant il assume la responsabilité de l'espèce humaine, cela signifie aussi qu'il n'y a pas de valeur ni de morale qui soient données a priori.

En chaque cas, nous devons décider seuls, sans points d'appui, sans guides et cependant pour tous. C ontrairement à la chose qui est ce qui est, l'homme, en tant que « pour-soi», n'est jamais tout à fait soi.

Il est et il n'est pas ce qu'il est.

En avouant, par exemple, que je suis un menteur, j'adhère à ce que je suis mais en même temps je prends mes distances à l'égard de ce que je suis.

La conscience est donc bien négativité infinie, pouvoir de dépassement de ce qui est.

M ais la liberté se confond-elle avec la spontanéité de la conscience ? Un enfant est-il libre ? La liberté ne se développe-t-elle pas avec l'expérience et la connaissance ? Sartre semble sous-estimer le rôle de la raison et de la connaissance dans la liberté.. »

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