Sartre: Etre et Néant
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«
VOCABULAIRE SARTRIEN:
Néantisation : activité de la conscience qui se positionne en visant à travers le monde ce qu'elle veut en faire.
Acte par lequel la conscience se rapporte à des objets qu'elle vise: « Toute conscience est conscience de quelque
chose.
» La conscience est mouvement vers...
et non-substance.
1.
« Revenir aux choses mêmes »
Après Husserl, qui avait montré que toute conscience est conscience de quelque chose,
Sartre entreprend de revenir aux phénomènes, à ce qui apparaît : les phénomènes ne
sont pas des apparences, qui cacheraient une réalité, mais la façon dont tout objet
apparaît.
Ainsi, lorsque je perçois un objet, il est nécessairement dans l'espace.
Pour
atteindre un objet, la conscience doit donc se diriger, se projeter vers cet objet.
La
conscience n'est pas une entité close, cachée, mais une visée.
2.
La conscience comme négativité et dépassement
La conscience n'est pas une chose, mais une puissance de négation, un néant.
Sartre la
nomme « pour-soi », parce qu'elle s'affirme et s'appréhende elle-même, en niant ce
qu'elle n'est pas.
Elle s'oppose à l'« en-soi », l'Être, l'ordre des choses, ou encore ce que
Sartre appelle les pesanteurs de l'existence.
La conscience a le pouvoir de ne pas être
déterminée par les choses, elle les transcende et les nie.
Déjà chez Descartes, c'est au
sein du doute volontaire que se révélaient la puissance et la certitude de la liberté
humaine.
Ce pouvoir de négation caractérise la conscience comme liberté.
La conscience chez Sartre.
Le fait premier est l'existence de la conscience.
La philosophie de Sartre est d'abord une philosophie de la subjectivité : Sartre part, comme Descartes, du fait de
la conscience.
Notre conscience se présente à nous comme un fait, un fait pour nous.
Par exemple, se réveiller, c'est se trouver
en face du fait de notre conscience.
Et lorsque la conscience n'est plus ce fait, elle disparaît.
Comme dans
l'endormissement, la conscience se défait, nous la perdons.
Mais si l'existence de la conscience est ainsi manifeste,
la nature (ou essence) de la conscience reste, elle, problématique: quelle est-elle?
La réponse est dans la question : car si l'existence de la conscience est certifiée avant que son essence ne le soit,
c'est donc que, dit Sartre, en ce qui concerne la conscience, «l'existence précède l'essence».
La conscience surgit
dans l'existence avant que sa nature ne lui soit donnée.
Elle doit donc exister, elle a à être, avant d'être définie par
son être, avant qu'une quelconque place lui soit garantie dans l'être.
La conscience n'a donc pas de fondement déterminé dans le monde: elle devra donc perpétuellement justifier cette
place sans fondement qu'elle occupe dans le monde.
Mais toute justification d'une place sans fondement ne peut
être qu'arbitraire : c'est pourquoi une conscience ne pourra justifier sa situation dans le monde qu'en étant de
mauvaise foi.
La conscience existe en s'opposant au monde des choses.
De quoi est faite cette conscience ? Quelle est sa composition, sa substance ? Sartre pense avec Husserl (le
fondateur de la phénoménologie) que la conscience précisément n'est pas une substance, c'est-à-dire une chose
ayant sa consistance et sa permanence données dans l'espace et dans le temps.
Une chose, en effet, est fermée sur elle-même, munie à tout instant d'une forme et d'un contenu déterminés, et elle
est enfin un objet purement passif pour les consciences qui la perçoivent : elle est en elle-même ce qu'elle est, rien
que ce qu'elle est et tout ce qu'elle est.
La chose obéit donc au principe d'identité, elle est un « être-en-soi », dit
Sartre.
La conscience est, pour Sartre, tout le contraire d'une chose : elle est constamment ouverte sur autre chose
qu'elle (sur le monde), elle n'a ni forme ni contenu déterminés, et enfin elle n'a jamais la pure passivité de l'objet
toute conscience établit des rapports avec elle-même, elle s'apparaît comme pure activité à elle-même, et d'autre
part elle est saisie par les autres consciences comme un étrange objet doué d'activité interne.
Supposons, par exemple, que j'observe dans une vitrine de magasin un objet qui me plaît, que je désire posséder:
l'objet, lui, est ce qu'il est, il n'entretient de rapports ni avec lui-même ni avec moi, et mon désir de lui ne l'affecte
pas.
Alors que ma conscience, pour exister comme conscience désireuse de cet objet, implique en elle-même cet.
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