SARTRE: et la signification de l'imaginaire
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L'inconsistance de l'image dans la philosophie (et, d'après Sartre, jusque dans la modernité) tient à ce qu'elle soit comprise comme un « objet mental », ou comme un objet dans la conscience - au même titre du reste que la perception, la sensation, ou le concept, dont elle ne peut plus alors différer que quantitativement, par exemple par son moindre degré de réalité. Pourtant, contre toutes les théories qui réduisent l'image à une forme dégradée de la perception, n'avons-nous pas l'évidence vécue de sa spécificité, qui est d'avoir constitutivement affaire au néant ? J'imagine dans l'absence de ce que j'imagine. Ce néant qui est au cœur de l'image, je le manque forcément dès que je fais d'elle un « objet » - le terme d'objet impliquant au contraire solidité et plénitude. La seule façon de saisir l'image dans son néant caractéristique consiste à la voir non plus comme objet dans la conscience, mais comme objet visé par la conscience, selon l'orientation-vers... qui caractérise l'intentionnalité. « L'image est un certain type de conscience. L'image est un acte et non une chose. » Un acte, une création, ou une « thèse » spécifique : la « thèse irréalisante », par laquelle la conscience pose, en même temps que l'image, le monde comme néant. Ainsi, l’image n’est pas passivité, elle réclame une attention et une intention du sujet
«
Préférer l'imaginaire ce n'est pas seulement préférer une richesse, une
beauté, un luxe en image à la médiocrité présente malgré leur
caractère irréel.
C'est adopter aussi des sentiments et une conduite
« imaginaires », à cause de leur caractère imaginaire.
On ne choisit
pas seulement telle ou telle image, on choisit l'état imaginaire avec
tout ce qu'il comporte, on ne fuit pas uniquement le contenu du réel
(pauvreté, amour déçu, échec de nos entreprises, etc.), on fuit la
forme même du réel, son caractère de présence, le genre de réaction
qu'il demande de nous, la subordination de nos conduites à l'objet,
l'inépuisabilité des perceptions, leur indépendance, la façon même que
nos sentiments ont de se développer.
Cette vie factice, figée, ralentie,
scolastique qui, pour la plupart des gens n'est qu'un pis-aller, c'est elle
précisément qu'un schizophrène désire.
Le rêveur morbide qui
s'imagine être roi ne s'accommoderait pas d'une royauté effective ;
même pas d'une tyrannie où tous ses désirs seraient exaucés.
C'est
que, en effet, jamais un désir n'est à la lettre exaucé du fait
précisément de l'abîme qui sépare le réel de l'imaginaire.
L'objet que je
désirais, on peut bien me le donner mais c'est sur un autre plan
d'existence auquel je devrai m'adapter.
SARTRE
Partie du programme abordée : L'imagination.
Analyse du sujet : Le choix de l'imaginaire est une fuite globale devant l'imprévisibilité du réel.
Cela suppose une
discontinuité, une irréductibilité absolue entre la sphère du réel et celle de l'imaginaire.
Conseils pratiques : Le vocabulaire de Sartre a souvent un sens spécifique qu'il convient de bien préciser.
Ainsi les
mots image, ou conduite.
Le texte s'articule en deux grandes parties : une analyse théorique abstraite sur la signification de l'imaginaire, puis
un exemple, celui du schizophrène.
Bibliographie :
B.
Pascal, Pensées, Gallimard.
J.-P.
Sartre, L'imagination, PUF.
J.-P.
Sartre, L'imaginaire, Gallimard.
Difficulté du sujet : ***
Nature du sujet : Pointu.
Commentaire de texte :
Préférer l'imaginaire ce n'est pas seulement préférer une richesse, une beauté, un luxe en image à la médiocrité
présente malgré leur caractère irréel.
C'est adopter aussi des sentiments et une conduite « imaginaires », à cause
de leur caractère imaginaire.
On ne choisit pas seulement telle ou telle image, on choisit l'état imaginaire avec tout
ce qu'il comporte, on ne fuit pas uniquement le contenu du réel (pauvreté, amour déçu, échec de nos entreprises,
etc.), on fuit la forme même du réel, son caractère de présence, le genre de réaction qu'il demande de nous, la
subordination de nos conduites à l'objet, l'inépuisabilité des perceptions, leur indépendance, la façon même que nos
sentiments ont de se développer.
Cette vie factice, figée, ralentie, scolastique qui, pour la plupart des gens n'est
qu'un pis-aller, c'est elle précisément qu'un schizophrène désire.
Le rêveur morbide qui s'imagine être roi ne
s'accommoderait pas d'une royauté effective ; même pas d'une tyrannie où tous ses désirs seraient exaucés.
C'est
que, en effet, jamais un désir n'est à la lettre exaucé du fait précisément de l'abîme qui sépare le réel de
l'imaginaire.
L'objet que je désirais, on peut bien me le donner mais c'est sur un autre plan d'existence auquel je
devrai m'adapter.
SARTRE
Introduction
Sartre s'interroge sur le mode d'être de l'image et de l'imaginaire, mode d'être bien différent de celui des choses
réelles, l'image est précisément un moyen de satisfaction autre que celui dont peut se satisfaire habituellement,
c'est l'absence même de réalité qui est recherchée dans l'image, c'est cette vacuité, cette facticité permet
l'accomplissement des désirs.
Car dans l'image, on y met ce qu'on veut
Commentaire
« Préférer l'imaginaire ce n'est pas seulement préférer une richesse, une beauté, un luxe en image à la médiocrité
présente malgré leur caractère irréel.
C'est adopter aussi des sentiments et une conduite « imaginaires », à cause
de leur caractère imaginaire.
On ne choisit pas seulement telle ou telle image, on choisit l'état imaginaire avec tout.
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