Sait-on toujours ce que l'on dit ?
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«
Qui parle en nous, est-ce nous même ou la société qui véhicule ses valeurs.
Et si ce n'était pas nous...
mais les
autres, ne serions-nous point destitués de notre pensée, comme d'autres sont destitués de leur valeur
fondamentale ? D'où la question suivante sait-on toujours ce que l'on dit ? le « toujours » indique ici le caractère
absolu, sait-on absolument ce que l'on dit, le savoir que nous détenons, nous autorise-t-il à affirmer
présomptueusement que nous savons tout ce que nous disons ?
Nous verrons dans un premier temps que nous avons de bonne raison de croire que nous savons ce que nous disons
et cela de manière absolue, dans un deuxième temps nous verrons qu'il y a aussi de fortes raisons différentes d'en
douter et enfin faudra-t-il le reconnaître, il existe des limites fondamentales inhérentes au langage à exprimer ce
que l'on prétend savoir, mais les limites du langage ne sont-elles pas en elle-même les limites propres de notre
connaissance ?
1 Les raisons de le croire : on sait toujours ce que l'on dit
1 L'argument de la liberté :
- Oui on sait toujours ce que l'on dit parce que nous sommes libres de choisir un mot plutôt que l'autre, ce choix ne
nous est pas toujours imposé.
On est libre de le dire ou de ne pas le dire.
Pensez à la manière dont Sartre conçoit
la liberté comme possibilité de choisir, en âme et conscience et sans excuse, bref comment il lie liberté et
responsabilité, essayez d'en déduire quelles sont les conséquences sur nos paroles.
( voir les limites de cette analyse, il est possible que la langage soit conventionnel et que la pleine liberté de dire
n'importe quoi trouve certainement ses propres limites par la sanction linguistique, comme la grammaire,
l'orthographe, la logique)
2 L'argument du lien entre la pensée et le langage
pour dire quelque chose , il faut le penser.
Ce que l'on dit est toujours pensé, sans quoi cela n'aurait pas de sens,
cela ne serait pas communicable.
Ici c'est le rapport entre la pensée et la langage qu'il faut détailler, donc on
sait toujours ce que l'on dit.
Voir Locke dans son Essai concernant l'entendement humain au livre III .
( voir
les limites, le problème est la plupart du temps, on dit ce qu'on pense sans le penser)
3 L'argument du lien entre la parole et la connaissance culturelle de la parole
on le sait parce qu'on nous l'a inculqué : l'éducation, la société.
La base de notre savoir et de notre langage
possède une indubitable origine sociétale.
Pas de langage sans société
- Les mots signifient les pensées selon Antoine Arnauld et Claude Lancelot, dans Grammaire générale et
raisonnée en 1660.
Alors que l'animal ne sait pas ce qu'il dit, nous nous savons ce que nous disons.
Qu'est-ce qui
permet de distinguer le langage humain du langage animal? C'est non seulement qu'il découle de la composition d'un
nombre limité d'éléments de base, c'est aussi qu'il signifie les pensées.
Notre langage se distingue par l'usage que
nous enfaisons: communiquer nos pensées.
Jusqu'ici, nous n'avons considéré dans la parole que ce qu'elle a de
matériel, et qui est commun, au moins pour le son, aux hommes et aux perroquets.
Il nous reste à examiner ce
qu'elle a de spirituel, qui fait l'un des plus grands avantages de l'homme au-dessus de tous les autres animaux, et
qui est une des plus grandes preuves de la raison: c est l'usage que nous en faisons pour signifier nos pensées, et
cette invention merveilleuse de composer de vingt-cinq ou trente sons cette infinie variété de mots, qui, n'ayant
rien de semblable en eux-mêmes à ce qui se passe dans notre esprit, ne laissent pas d'en découvrir aux autres tout
le secret, et de faire entendre à ceux qui îo n'y peuvent pénétrer, tout ce que nous concevons, et tous les divers
mouvements de notre âme.
Ainsi l'on peut définir les mots, des sons distincts et articulés, dont les hommes ont fait
des signes pour signifier leurs pensées.
C'est pourquoi on ne peut bien comprendre les diverses sortes de significations qui sont enfermées dans les mots, qu'on n'ait bien compris auparavant ce qui se passe dans nos pensées,
puisque les mots n'ont été inventés que pour les faire connaître.
4 L'argument de la connaissance du mensonge .
On sait lorsqu'on ment .
Pensez à l'utilisation dissimulatrice
de la parole du Prince chez Machiavel La parole du Prince.
Le point est de bien jouer son rôle, et de savoir à
propos feindre et dissimuler.
Et les hommes sont si simples et si faibles que celui qui veut tromper trouve aisément
des dupes.
Il n'est donc pas nécessaire à un prince d'avoir toutes les bonnes qualités ; mais il lui est indispensable
de paraître les avoir, on pourrait même dire qu'il est quelquefois dangereux d'en faire usage, quoiqu'il soit toujours
utile de paraître les posséder.
Un prince doit s'efforcer de se faire une réputation de bonté, de clémence, de piété,
de loyauté, et de justice il doit d'ailleurs avoir toutes ces bonnes qualités, mais rester assez maître de soi pour en
déployer de contraires, lorsque cela est expédient.
En un mot, il doit savoir persévérer dans le bien, lorsqu'il n'y
trouve aucun inconvénient, et s'en détourner lorsque les circonstances l'exigent.
Il doit surtout s'étudier à ne rien
dire qui ne respire la bonté, la justice, la civilité, la bonne foi et la piété ; mais cette dernière qualité est celle qu'il lui
importe le plus de paraître posséder, parce que les hommes en général jugent plus par leurs yeux que par leurs
mains.
Tout homme peut voir mais très peu d'hommes savent toucher.
Chacun voit aisément ce qu'on paraît être,
mais presque personne n'identifie ce qu'on est ; et ce petit nombre d'esprits pénétrants n'ose pas contredire la
multitude, qui a pour bouclier la majesté de l'Etat.
2 les raisons d'en douter.
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