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Saint Thomas d'Aquin: raison et foi

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Il faut donc dire que si, en fait, les arguments de la raison humaine sont sans force pour démontrer ce qui est de la foi, il reste qu'à partir des articles de foi, la doctrine sacrée peut prouver autre chose. Il est certain que notre doctrine doit user avant tout des arguments d'autorité; on peut même dire que cela lui est souverainement propre, en tant qu'elle s'appuie sur la révélation et exige donc qu'on en croie ceux à qui la révélation a été faite. Mais cela ne déroge nullement à sa dignité; car si l'argument d'autorité est le plus infirme quand il s'agit de l'autorité d'une raison humaine, l'argument fondé sur l'autorité de la révélation divine est de tous le plus efficace. Du reste, la raison humaine garde ici un grand rôle; elle ne démontre pas les dogmes, ce qui enlèverait le mérite de la foi; mais elle obtient d'autres conclusions qui font également partie de la doctrine. Comme donc la grâce ne détruit pas la nature, mais l'achève, c'est un devoir, pour la raison naturelle, de servir la foi, comme l'inclination naturelle de la volonté accompagne et seconde la charité. Aussi l'Apôtre dit-il : « Nous assujettissons notre pensée à l'obéissance du Christ. » De là vient que la doctrine sainte utilise même les dires des philosophes, là où l'exercice de la raison naturelle leur permit de découvrir le vrai. Saint Thomas d'Aquin


« « Il faut donc dire que si, en fait, les arguments de la raison humaine sont sans force pour démontrer ce qui est de la foi, il reste qu'à partir des articles de foi, la doctrine sacrée peut prouver autre chose. Il est certain que notre doctrine doit user avant tout des arguments d'autorité; on peut même dire que cela lui est souverainement propre, en tant qu'elle s'appuie sur la révélation et exige donc qu'on en croie ceux à qui la révélation a été faite. Mais cela ne déroge nullement à sa dignité; car si l'argument d'autorité est le plus infirme quand il s'agit de l'autorité d'une raison humaine, l'argument fondé sur l'autorité de la révélation divine est de tous le plus efficace. Du reste, la raison humaine garde ici un grand rôle; elle ne démontre pas les dogmes, ce qui enlèverait le mérite de la foi; mais elle obtient d'autres conclusions qui font également partie de la doctrine.

Comme donc la grâce ne détruit pas la nature, mais l'achève, c'est un devoir, pour la raison naturelle, de servir la foi, comme l'inclination naturelle de la volonté accompagne et seconde la charité.

Aussi l'Apôtre dit-il : « Nous assujettissons notre pensée à l'obéissance du Christ.

» De là vient que la doctrine sainte utilise même les dires des philosophes, là où l'exercice de la raison naturelle leur permit de découvrir le vrai.

» THOMAS. Religion et philosophie peuvent-elles coexister sans conflit? Dans ce texte, Saint Thomas d'Aquin, à la fois théologien et philosophe, répond à cette question par l'affirmative. 1.

La religion réserve un rôle restreint à la raison A.

La religion ne peut recourir à la raison pour démontrer, c'est-à-dire pour justifier, les principes de la religion.

Ceux-ci sont en effet objets de vénération et non d'adhésion rationnelle car ils excèdent les capacités de l'esprit humain. B.

La théologie doit-elle renoncer pour autant à user de raisonnements rationnels? Certes non, car elle peut les considérer comme des outils.

Grâce à eux, elle n'établira pas les vérités révélées, mais elle pourra en tirer déductivement des conclusions particulières. 2.

Les raisonnements théologiques se fondent sur des arguments d'autorité A.

S'ils ne sont pas rationnels, quels sont les fondements de la théologie et de la religion? Ce sont les arguments d'autorité.

Ils ne tirent pas leur vérité de leur adéquation à la réalité ou de leur conformité à la raison, mais du caractère sacré de leurs sources, les Apôtres et les Prophètes. B.

Il y a de profondes différences entre science rationnelle et théologie.

Pour la première, les arguments d'autorité sont sans valeur, alors qu'ils sont à la base de la seconde.

La théologie a en effet pour tâche d'expliciter les Textes Sacrés, pas d'en montrer la vérité. 3.

Entre raison et foi, il n'y a pas conflit mais subordination A.

Si la théologie recourt essentiellement à des arguments d'autorité, quelle place reste-t-il pour la raison? Thomas d'Aquin ne la réduit pas à néant, il lui réserve un rôle de servante de la théologie et de la religion. B.

Il n'y a donc pas de conflit entre raison et religion, entre connaissance naturelle et connaissance révélée.

Le rapport entre raison et révélation est analogue à celui qui existe entre l'ordre de la nature et la toute-puissance divine.

Le christianisme peut donc, et c'est une force aux yeux de Saint Thomas d'Aquin, « utiliser » des raisonnements et des concepts philosophiques. Discussion L'importance de ce texte est considérable : notez que Saint Thomas d'Aquin s'attache à concilier autant que possible raison et religion.

Vous pouvez néanmoins critiquer la subordination de la raison à la révélation.

Car, en cas de conflit entre raison et révélation (sur la création du monde, ou l'origine des espèces animales, par exemple), la première doit s'effacer.

Malgré une conciliation avec la raison humaine, la théologie et la religion restent le domaine de l'obéissance et de la soumission aux articles de foi et aux vérités révélées. La raison et la foi Chez Saint-Thomas □ Le domaine de la foi et celui d e la raison sont séparés, mais cette séparation n'e st pas une alte rnative.

Foi e t raison s'accordent l'une à l'autre, dans leurs domaines de vérité respectifs.

Ainsi, la raison ne peut pas démontrer la vérité du dogme de la Trinité, mais elle peut en revanche montrer que cette vérité n'est pas impossible, en déduire les conséquences, et répondre aux objections qu'on lui oppose. □ Si la ra ison ne peut atteindre toutes les vérités concernant Dieu, si donc la foi a pporte des vérité s qui dépassent la raison, il est néanmoins possible, selon Thomas d'Aquin, d'établir par la voie démonstrative des vérités relatives à Dieu, et de montrer ensuite comment elles s'accordent avec la foi : ce sera le principe même de sa méthode théologique. □ Ainsi, l'existence de Dieu : e lle peut être démontrée à partir de l'expérience sensible, en remontant la série des causes de cette réalité, jusqu'à Dieu qui en est le principe.

Thomas d'Aquin présente cinq «voies » pour cette démonstration : le mouvement, la causalité, la contingence, le degré de perfection, l'ordre.

Autre exemple de vérité démontrable par la raison : la création du monde par Dieu.

En revanche, sur la question de savoir si le monde a été créé dans le temps ou de toute éternité, selon Thomas, seule la foi peut fournir une certitude.. »

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