Rousseau: liberté, société et droit
Extrait du document
«
"Le seul qui fait sa volonté est celui qui n'a pas besoin pour la faire de mettre les
bras d'un autre au bout des siens(1) : d'où il suit que le premier de tous les biens
n'est pas l'autorité mais la liberté.
L'homme vraiment libre ne veut que ce qu'il peut et fait ce qu'il lui plaît.
(...)
La société a fait l'homme plus faible, non seulement en lui ôtant le droit qu'il avait
sur ses propres forces, mais surtout en les lui rendant insuffisantes.
Voilà pourquoi ses désirs se multiplient avec sa faiblesse, et voilà ce qui fait celle
de l'enfance comparée à l'âge d'homme.
Si l'homme est un être fort et si l'enfant est un être faible, ce n'est pas parce que le
premier a plus de force absolue que le second, mais c'est parce que le premier peut
naturellement se suffire à lui-même et que l'autre ne le peut."
ROUSSEAU
(1) Par "mettre les bras d'un autre au bout des siens", il faut entendre : "solliciter l'aide
d'autrui".
QUESTIONS
1.
Dégager l'idée générale du texte et les étapes de son argumentation.
2.
Expliquer :
a.
"Le premier de tous les biens n'est pas l'autorité mais la liberté."
b.
"L'homme vraiment libre ne veut que ce qu'il peut et fait ce qu'il lui plaît."
c.
"La société a fait l'homme plus faible."
3.
Être libre, est-ce ne dépendre que de soi ?
I - IDEE GENERALE DU TEXTE ET ETAPES DE SON ARGUMENTATION
A - LES DEUX PARAGRAPHES DU TEXTE S'ARTICULENT AINSI :
Le premier établit une définition de "l'homme libre".
Cette définition rend intelligible le second paragraphe, où ROUSSEAU explique que la société procède à un
affaiblissement de l'homme au point de le reléguer au statut d'un enfant.
En effet, la liberté, c'est la capacité de se suffire à soi-même.
Si la société conduit l'homme à un état d'enfance, on
comprend qu'elle lui ôte en même temps sa liberté.
Telle est l'idée générale que soutient ici ROUSSEAU.
B - LES ETAPES DE L'ARGUMENTATION
Faire sa volonté, ce n'est possible que si on n'utilise personne.
Dès lors en effet qu'autrui entre en jeu, sa volonté se
manifeste aussi et corrige, dévie, ou même contredit ma volonté.
L'exercice de l'autorité nécessite l'utilisation d'autrui,
elle exclut donc la liberté.
On comprend alors que l'autorité perde toute sa valeur.
La liberté est donc plutôt une autonomie qu'une autorité.
La société, c'est le domaine où nos actions se conjuguent avec celles d'autrui.
D'où l'affaiblissement de l'homme, car il ne peut y faire sa volonté.
"Ses désirs se multiplient" : sa volonté frustrée ne se manifeste plus que par des désirs sans force pour les accomplir.
On trouve là le propre de l'enfance : non pas tant être faible, qu'avoir des désirs qui outrepassent les forces pour les
réaliser.
Ainsi, la société serait responsable d'un fossé qui se crée inévitablement entre la volonté et le pouvoir d'accomplir ce
qu'on veut.
C'est inévitable, car la société se fonde sur la relation à autrui dans l'action..
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