Rousseau et l'amour de soi
Extrait du document
«
Rousseau et l'amour de soi
Chaque homme est doté du sentiment naturel de l'amour de soi qui le porte à veiller à sa propre conservation.
Rousseau est loin de condamner cette passion première ; l'amour de soi est naturellement bon, mais ce sont ses
développements, rendus possibles par la perfectibilité humaine, qui peuvent mener l'homme à sa perte.
Rousseau
n'est pas le premier à le mettre en valeur, et à en faire la base de l'anthropologie (l'amour de soi est en effet la
source dont découlent toutes les passions), mais son originalité réside dans les liens qu'il exhibe entre celui-ci et
d'autres passions.
Ainsi l'amour de soi ne devient nocif que lorsque l'homme, sortant de l'isolement naturel où il était
unique juge et spectateur de lui-même, commence à se comparer et à tenir compte de l'opinion d'autrui : pour être
satisfait l'amour de soi voudra désormais qu'on fasse plus de cas de lui que d'autrui, ce que tous ne peuvent
évidemment exiger en même temps sans contradiction : l'amour de soi est devenu amour-propre (OC III, p.219) .
Il
y a forcément des insatisfaits, et de tant d'amours-propres inassouvissables découlent tous les maux sociaux.
En
contrepartie, Rousseau trouve en l'homme un deuxième principe qui tempère les effets de l'amour-propre : la pitié
nous fait fuir la souffrance d'autrui, et évite de la causer.
Ces deux conséquences immédiates de la pitié incitent
l'homme au respect de ses semblables et assurent la paix à l'état de nature.
Ainsi, la pitié tient lieu de loi naturelle
spontanée et irréfléchie.
Or la pitié est parfois décrite comme le prolongement sur autrui de l'amour de soi, ce qui
interdit définitivement de voir en l'amour de soi un simple égoïsme.
Ainsi de la dialectique entre la source (l'amour de
soi) et ses branches ou dérivés (pitié et amour-propre) résulte tout le destin moral de l'homme, et la façon dont la
nature humaine bonne peut engendrer les maux sociaux ou être canalisée autrement (solution politique du
patriotisme par exemple)..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « C'est la raison qui engendre l'amour-propre, et c'est la réflexion qui le fortifie ; c'est elle qui replie l'homme sur lui-même ; c'est elle qui le sépare de tout ce qui le gêne et l'afflige [...]. » Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements d
- Peut-il y avoir une civilisation de l’amour?
- L'amour nous fait devenir ce que nous aimons Augustin
- Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778) Profession de foi du vicaire savoyard (dans Émile)
- Le Moi chez Rousseau - Théorie des trois types d’hommes chez Rousseau