ROUSSEAU : Du contrat social (1762) INTRODUCTION
Publié le 09/03/2024
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2) ROUSSEAU : Du contrat social (1762)
INTRODUCTION
Au 18e siècle, siècle des Lumières, la littérature de ROUSSEAU ne fait pas l’unanimité et fait le sujet
de nombreuses critiques, à tel point que ses écrits sont brûlés sur la place publique de Genève,
obligeant l’écrivain à s’exiler en France.
Pourtant l’œuvre de ROUSSEAU demeure extrêmement
riche.
A travers celle-ci, il se demande quelles sont les conditions à réunir pour qu’une autorité
politique soit légitime.
Ainsi au 18e siècle, où les philosophes se font entendre partout et de n’importe qui, se pose déjà la
question de la légitimé du pouvoir politique ce qui remet en cause à cette période la légitimité du
régime de la monarchie absolue.
Rousseau s’inscrit dans une tradition qui le précède, celle de la pensée contractualiste qui théorise le
fait social sur la base d’un contrat passé entre les hommes.
La pensée politique de Rousseau avait
commencé à germer dans les années 1740 avant l’année 1755, où il la précise dans son œuvre
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes où il s’interroge sur l’origine
des inégalités entre les hommes, et leur caractère naturel ou non.
C’est à travers cet écrit qu’il met
alors en exergue sa vision de l’état de nature : les hommes sont libres et égaux totalement en
l’absence de lois et d’institutions politiques.
Les hommes à l’état de nature vivaient donc nus face à
la nature, se contentaient de ce qu’elle leur offrait en tout innocence morale et sans comptes à
rendre à personne.
Or, sans le savoir, des circonstances particulières ont forcé les hommes à se
rassembler et à former les premières sociétés au sein desquelles les hommes ont découvert, pour la
première fois, des sentiments et des affects (propriété ; richesse ; amour propre…).
La bonté naturelle
était donc perdue et l’homme ne pouvait plus revenir en arrière, destiné à l’affrontement, à la
violence, au chaos.
L’homme social est donc dominé par des passions violentes, à la soif de pouvoir,
de reconnaissance et d’accumulation des biens matériels.
C’est dans cette perspective qu’un certain pacte social devient une urgence.
Mais comment et à
quelles conditions les hommes peuvent se donner une autorité politique acceptée par tous et qui
n’entrave pas les libertés individuelles ? Si ROUSSEAU affirme ignorer comment les hommes ont
perdu les libertés que leur conférait l’état de nature, il s’applique à comprendre comment retrouver
cette liberté, une fois la société constituée.
Pour lui la solution est claire, il s’agit du contrat social.
Mais comment le contrat social permet-il aux hommes de reconquérir leur liberté et s’agit-il de la
même liberté que celle de l’état de nature ?
I/ LE CONTRAT SOCIAL
Chez ROUSSEAU, le contrat social définit l’acte par lequel un peuple est un peuple.
En d’autres
termes, il s’agit de l’acte d’association des individus qui fait naître une réalité nouvelle, un peuple.
On passe alors d’une multitude d’individus à un corps politique unifié dans lequel chacun est
d’accord pour participer.
Dans la pensée de ROUSSEAU, toute société politique doit donc reposer sur un consentement
général à l’égard d’un contrat social, au risque de ne pas pouvoir vivre dans la paix et l’harmonie.
Dans cette perspective, ROUSSEAU se distingue fondamentalement des autres théoriciens du
contrat.
Pour lui, aucune autorité n’est légitime si elle n’est pas le fruit de la volonté de la
communauté politique, soit des citoyens eux-mêmes.
Cette autorité-là, c’est la République : seule
elle est légitime car elle est instaurée par la volonté générale, en vue du bien commun et non par la
volonté d’un seul individu.
ROUSSEAU définit un pacte social selon lequel, chacun abandonne ses droits à toute la
communauté.
Il y a transfert de droit de la part de chaque individu vers une autorité qui n’est rien
d’autres que la communauté politique elle-même.
Mais pourquoi ? Pourquoi se débarrasser
volontairement de sa liberté naturelle ? En réalité, les hommes procèdent à un échange à l’issu
duquel ils sont gagnants.
En effet, ils abandonnent une certaine liberté que leur confère l’état de
nature pour en gagner de nouvelles : la liberté politique (celle du citoyen qui consiste à être soumis à
la volonté de tous et à pouvoir y participer) ; la liberté civile (être protéger soi-même et ses biens
matériels par la loi) ; la liberté morale (liberté pour chacun d’agir en fonction de ses propres
décisions).
La liberté ne consiste plus à donner libre cours à ses instincts (liberté naturelle) mais à participer au
bien commun (liberté civile).
Mais la question qui se pose alors est pourquoi le bien commun est
plus important que mon intérêt personnel ? Pour ROUSSEAU, il ne peut y avoir d’intérêts personnels
si les conditions d’un bien collectif ne sont pas au préalablement remplies mais pourquoi ?
II/ BIEN COMMUN ET INTERET INDIVIDUEL
Chez ROUSSEAU, l’intérêt individuel ne peut être que la conséquence du bien commun.
Autrement
dit, ce n’est que lorsque la communauté politique s’est instaurée un cadre (celui du droit) que les
individus sont libres d’inventer ce qui est bien pour eux.
Dans la dictature par exemple, il n’y a pas d’intérêt individuel car les conditions d’un bonheur
collectif (établit par le dictateur), ne sont pas remplies.
La volonté générale est supérieure et doit faire
l’objet d’une réflexion avant toute considération individuelle (ex : 1984).
Mais qu’est-ce que la volonté générale ?
La volonté générale est la volonté du peuple souverain.
C’est donc ce que chacun de nous veut en
tant que citoyen.
A travers le contrat social, il s’agit de dépasser ses propres intérêts pour faire valoir
les intérêts de tous.
Si pour DIDEROT, la volonté générale s’applique à l’ensemble de l’humanité, pour ROUSSEAU ce
n’est pas le cas.
La volonté générale implique une certaine part d’égoïsme et c’est pour cela que les
hommes qui la définisse doivent se ressembler, pour tous s’accorder.
Le bien commun s’inscrit dans
une communauté au sein de laquelle les individus reconnaissent des mêmes valeurs, une même
culture, une même histoire.
Il faut donc un sentiment d’appartenance à un groupe, compris comme
un Moi collectif.
III/ LA VOLONTE GENERALE ET VOLONTE DE TOUS
Définir le cadre dans lequel s’exprime la volonté générale ne suffit pas....
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