Respecter autrui, est-ce s'interdire de le juger ?
Extrait du document
«
Analyse.
Le sujet qui nous est présenté ici nous met face à plusieurs notion importantes en philosophique : autrui, le
respect, le jugement.
Il nous faudra donc, dans un premier temps, apporter une définition de ceux-ci :
o
Autrui.
Pour définir autrui de façon sommaire, nous devons admettre en l'autre une tension, entre son
identité avec nous et son altérité.
On ne peut définir en effet autrui comme étant soi-même
absolument, sans quoi il n'a plus lieu d'être : c'est moi.
On ne peut non plus y voir un autre
absolument différent, au risque de l'exclure.
o
Le respect.
C'est avant tout une pise en considération.
Lorsque l'on respecte autrui, on prend en
considération ses actes et ses paroles.
Par le respect, il faut aussi entendre une reconnaissance de
valeur à l'autre, qui modifie notre conduite vis-à-vis de lui.
o
Juger.
Lorsque l'on juge, on estime.
Juger, c'est trancher, donner une valeur, dire si ce que l'on juge
est bon ou mauvais.
Juger une personne consiste à se faire une opinion sur elle.
Par le jugement,
nous portons donc une considération sur les personnes, sur ce qu'elles sont, ou sur ce que nous
supposons qu'elles soient.
Nous voyons de suite le problème engendré par notre question.
Lorsque l'on respecte quelqu'un c'est qu'o l'en
juge digne.
Comment, alors, pourrions-nous respecter quelqu'un sans le juger ?
De plus, nous avons un dernier terme à prendre en compte.
L'interdiction.
Notre question porte ne effet sur le
choix conscient de se priver d'un jugement envers autrui pour pouvoir le respecter.
C'est à la fois dans la nature de cet interdit, et dans la signification du mot respect que nous devrons trouver
les réponses à ce sujet.
Problématisation.
L'homme n'aime pas porter le regard sur ses semblables.
Peut-être parce qu'il s'y voit, il juge très souvent
sévèrement autrui, s'empêchant de lui porter, finalement, le respect qui lui est dû.
Mais alors, respecter autrui, estce s'interdire de le juger ? Autrui n'est-il pas condamné à être jugé par moi ? Et qu'est-ce que le respect, sinon un
jugement ? Pourtant, lorsqu'autrui est face à moi, n'y a-t-il pas que le refus de le juger qui puisse me permettre de
le respecter ?
Juger autrui semble supposer une supériorité sur autrui: le juge et l'accusé ne sont pas sur un pied d'égalité, puisque
l'un attend le verdict d'un autre.
Le respect d'autrui implique en revanche la notion d'égalité: respecter quelqu'un,
c'est le tenir pour un alter ego.
Ainsi l'idée selon laquelle le respect de quelqu'un s'accommode difficilement de jugements portés sur lui et ses
actions est-elle devenue de nos jours un lieu commun.
Vous devez critiquer ce lieu commun.
Dans ce dessein,
analyser la notion de jugement plus précisément: on ne juge ni une chose, ni un animal, mais seulement un individu
que l'on reconnaît responsable.
Juger quelqu'un, c'est donc lui reconnaître la responsabilité de ses actions, donc le tenir pour une personne à l'instar
du juge.
Proposition de plan.
Autrui n'est-il pas le miroir par lequel je me juge moi-même ?
·
S'interdire de juger autrui ne semble pas pouvoir justifier une volonté de montrer du respect à cet
autre.
En effet, lorsque l'on ne juge pas autrui, c'est aussi soi-même, avant tout, que l'on refuse de
juger.
·
Après tout, autrui est un autre moi-même.
C'est moi que je juge à travers lui.
« Juger autrui, c'est
se juger », (Shakespeare, Hamlet).Lorsque je refuse de juger autrui, je refuse de juger ses actions
comme les miennes, je nie leur valeur..
»
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