Religion, révélation et raison ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
RELIGION
Étymologie discutée.
Cicéron fait dériver le mot du latin relegere qui s'oppose à neglegere comme le soin et le
respect s'opposent à la négligence et à l'indifférence.
D'autres font dériver le mot de religare: La religion est avant
tout le lien qui rattache l'homme à la divinité : «La religion consiste dans un sentiment absolu de notre
dépendance.» (Schleiermacher).
La religion c'est le sentiment que l'homme ne s'est pas donné lui-même l'existence,
qu'il dépend d'un Être qui le dépasse infiniment.
Sociologiquement, les religions sont les divers cultes organisés (avec
leurs dogmes et leurs rites) pour rendre hommage à Dieu.
Raison:
Si ses déterminations exactes varient d'un philosophe à l'autre, tous reconnaissent la raison comme le propre de
l'homme, et comme la faculté qui commande le langage, la pensée, la connaissance et la moralité.
Descartes
l'assimile au « bon sens », c'est-à-dire à la faculté de juger.
Kant distingue le versant théorique de la raison, qui a trait à la volonté de connaître, et le versant pratique, par
lequel l'homme se soucie de son action et entend en lui l'appel du devoir moral.
1.
La philosophie, servante de la religion
La philosophie a longtemps été considérée comme la servante de la religion, l'autorité de l'Écriture ayant plus de
valeur que celle de la raison.
La lumière naturelle de la raison est subordonnée aux lumières surnaturelles de la
Révélation et de la foi.
2.
La critique philosophique du dogme religieux
Le siècle des Lumières, en particulier les encyclopédistes, critique la religion comme source d'obscurantisme, mais il
s'agit surtout d'une critique du dogme et du fanatisme.
Pour Kant, la pratique de la foi et l'existence de la raison
sont compatibles (La religion dans les limites de la simple raison).
« La religion, qui est fondée simplement sur la théologie, ne saurait contenir quelque chose de moral.
On
n'y aura d'autres sentiments que celui de la crainte, d'une part, et l'espoir de la récompense de l'autre, ce qui ne
produira qu'un culte superstitieux.
Il faut donc que la moralité précède et que la théologie la suive, et c'est là ce
qui s'appelle la religion.
La loi considérée en nous s'appelle la conscience.
La conscience est proprement l'application de nos actions
à cette loi.
Les reproches de la conscience resteront sans effet, si on ne les considère pas comme les
représentants de Dieu, dont le siège sublime est bien élevé au-dessus de nous, mais qui a aussi établi en nous un
tribunal.
Mais d'un autre côté, quand la religion ne se joint pas à la conscience morale, elle est aussi sans effet.
Comme on l'a déjà dit, la religion, sans la conscience morale, est un culte superstitieux.
On pense servir Dieu en le
louant, par exemple, en célébrant sa puissance, sa sagesse, sans songer à remplir les lois divines, sans même
connaître cette sagesse et cette puissance et sans les étudier.
On cherche dans ces louanges comme un
narcotique pour sa conscience, ou comme un oreiller sur lequel on espère reposer tranquillement.
»
RELIGION & RAISON CHEZ KANT.
¨
La loi morale est la condition de possibilité du « vrai culte », d'une religion
authentique.
Dans le « faux culte », c'est la théologie (interprétation des
écrits bibliques) qui est le fondement, la condition de possibilité de la morale.
L'homme perd son autonomie rationnelle et devient le jouet des exégèses
théologiques, des prêtres devenus « fonctionnaires » (hétéronomie de la
volonté).
On voit ici le danger que la religion ne sécrète son poison mortel : le
fanatisme et l'impossibilité d'une amélioration de l'homme, assujettis au rang
d'éternel « mineur ».
¨
Les sentiments de « crainte » (« Respecte la loi divine, si tu ne veux pas
être damné ») , d'« espoir » (« Respecte la loi morale, .
si tu veux être
sauvé») ne peuvent fonder que des « impératifs hypothétiques », cad des
maximes conditionnées par l'égoïsme, l'intérêt ou que des moyens en vue
d'une fin plus ou moins louable.
¨
Instrumentalisation des « Ecritures ».
Exemple : le Christ devient exemple
de l'impératif catégorique, de la moralité en acte.
¨
A l'opposé de ces principes de prudence (éviter le malheureux, chercher
l'utile) on opposera l'impératif catégorique («Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta
personne que dans la personne des autres, toujours comme une fin et jamais simplement comme
moyen » ) qui commande de manière inconditionnée ce qu'il s'agit de faire.
C'est lui que Kant invoque sur les
termes de « loi » et de « conscience » moral.
La postulation de l'existence de Dieu apporte consistance et relief
à la conscience morale.
L'homme ne pêche plus seulement contre sa conscience et devant l'humanité mais aussi.
»
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