Réfréner ses désirs est-ce renoncer au bonheur ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.
Comme
objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même.
Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en
vue d'une fin.
Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne
veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne
le désire pas).
Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.
Ce
qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.
On peut
finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction
dépend de nous.
BONHEUR: De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, présage, chance).
État de complète satisfaction de
tous les penchants humains.
• Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet
particulier.
• Dans les morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine.
Pour Kant, en revanche, c'est
le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur.
Car cette recherche est
toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale.
PREMIERE CORRECTION
Socrate et l'hédoniste
Pour Calliclès, hédoniste débridé (du grec hèdonè, plaisir), il faut « vivre dans la jouissance, éprouver toutes les
formes de désirs et les assouvir ».
À ses yeux, les normes morales et juridiques ne sont que répressives, elles
empêchent de trouver le bonheur comme on l'entend.
Socrate lui rétorque qu'il échouera à rendre son âme
harmonieuse s'il ignore ce qu'est le bien en soi, indépendamment de ce qui lui semble tel.
En effet, celui qui fait du
plaisir le souverain bien semble poursuivre sans fin une satisfaction transitoire et toujours attendre ce qui le
comblera, ce qui le fera enfin échapper au manque qui le ronge, comme dans une course à l'infini oscillant entre
crainte et espoir.
En outre, si la seule chose qui compte est la maximisation d'états subjectifs de plaisir, sans
discrimination (tout plaisir semblant bon pour lui), la réalité apparaîtra tour à tour comme une chance et comme une
menace, c'est-à-dire toujours potentiellement hostile.
C'est s'exposer à l'inquiétude !
Il est de bon ton de condamner le plaisir.
Platon, dans le « Gorgias », affirme ainsi qu'une vie réglée contente et satisfaite de ce que chaque
jour lui apporte et préférable à une existence inassouvie et sans frein.
L'homme qui entend mener une vie de plaisir est comparable à un
tonneau percé qu'il faudrait constamment remplir : à peine satisfait, le désir renaît et avec lui la souffrance.
Mais fixer son attention sur le
plaisir, c'est, surtout, s'attarder sur les objets du monde sensible et renoncer au bonheur d'une vie contemplative qui seule peut nous mettre
en contact avec l'éternité.
« Gorgias : Veux-tu savoir ce que sont le beau et le juste selon la nature ? Hé bien, je vais
te le dire franchement ! Voici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres
passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer.
Au contraire, il faut être capable de
mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir avec
tout ce qu'elles peuvent désirer.
Seulement, tout le monde n'est pas capable, j'imagine, de vivre
comme cela.
C'est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu'elle est
de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire.
La masse déclare donc bien haut que le
dérèglement est une vilaine chose.
C'est ainsi qu'elle réduit à l'état d'esclaves les hommes dotés
d'une plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes
incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la
justice à cause du manque de courage de leur âme.
Socrate : Mais, tout de même la vie dont tu parles, c'est une vie terrible ![...] En effet,
regarde bien si ce que tu veux dire, quand tu parles de ces genres de vie, une vie d'ordre et une
vie de dérèglement, ne ressemble pas à la situation suivante.
Suppose qu'il y ait deux hommes qui
possèdent, chacun, un grand nombre de tonneaux.
Les tonneaux de l'un sont sains, remplis de vin,
de miel, de lait, et cet homme a encore bien d'autres tonneaux, remplis de toutes sortes de
choses.
Chaque tonneau est donc plein de ces denrées liquides qui sont rares, difficiles à recueillir
et qu'on obtient qu'au terme de maints travaux pénibles.
Mais, au moins, une fois que cet homme a
rempli ses tonneaux, il n'a plus à y reverser quoi que ce soit ni à s'occuper d'eux ; au contraire,
quand il pense à ses tonneaux, il est tranquille.
L'autre homme, quant à lui, serait aussi capable de
se procurer ce genre de denrées, même si elles sont difficiles à recueillir, mais comme ses récipients
sont percés et fêlés, il serait forcé de les remplir sans cesse, jour et nuit, en s'infligeant les plus
pénibles peines.
Alors, regarde bien, si ces deux hommes représentent chacun une manière de
vivre, de laquelle des deux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-ce la vie de l'homme déréglé ou
celle de l'homme tempérant ? En te racontant cela, est-ce que je te convaincs d'admettre que la
vie tempérante vaut mieux que la vie déréglée ? [...]
Gorgias : Tu ne me convaincs pas, Socrate.
Car l'homme dont tu parles, celui qui a fait le.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Faire preuve de raison est-ce renoncer à ses désirs ?
- Doit-on satisfaire, maîtriser ou renoncer à ses désirs ?
- Si toute passion est déraisonnable, l'homme doit-il renoncer au bonheur ?
- Être raisonnable est-ce renoncer à ses désirs ?
- Faut-il renoncer à nos désirs impossibles ?