Réfléchir peut-il nous rendre heureux ?
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«
Réfléchir peut-il nous rendre heureux ?
Définition des termes du sujet
Le verbe « réfléchir » renvoie à un exercice rationnel de la pensée : réfléchir, c'est fonder et organiser des idées en
rapport avec un certain sujet ; la réflexion porte toujours sur un objet limité, elle est une activité moins générale
que la pensée.
L'emploi ici du verbe « réfléchir » et non du substantif « réflexion » met l'accent sur la dimension
active de cet exercice.
La question « peut-il » interroge deux types de capacités : une capacité de fait - au sens d'une capacité physique
par exemple : je ne peux pas voler dans les airs sans aide extérieure - et une capacité de droit - je ne peux pas
faire telle ou telle chose car une instance me l'interdit, que cette instance soit un gouvernement, une tierce
personne ou encore moi-même.
« Nous », c'est l'espèce humaine en général.
« Rendre heureux », c'est permettre de devenir heureux : réfléchir serait un moyen d'accéder au bonheur.
L'adjectif
« heureux » a un sens large - en général, on comprend le bonheur comme un état de satisfaction durable qui serait
souhaité par chacun.
Les moyens d'accès au bonheur sont, eux, plus problématiques : le bonheur est-il fait d'une
accumulation de plaisirs ? de sérénité et d'indifférence face à la douleur ? de parfaite maîtrise de soi et de sa vie ?
Le sujet interroge justement ces moyens d'accès au bonheur, en proposant d'évaluer la pertinence de l'affirmation
selon laquelle le fait de réfléchir serait l'un de ces moyens.
Deux éléments à première vue éloignés l'un de l'autre
sont rapprochés : le bonheur et la réflexion.
Il faudra déterminer ici ce qui peut créer ce lien entre bonheur et
réflexion : réfléchir peut-il nous éclairer sur ce qui constitue le bonheur ? sur ce qui peut nous permettre de
l'atteindre ? ou, au contraire, le bonheur échappe-t-il totalement à la réflexion, si bien que le fait de se rapporter à
lui de cette manière serait peu pertinent ?
Eléments pour le développement
* La réflexion, mode proprement humain de rapport au monde
Rousseau
« Celui qui n'a jamais réfléchi ne peut être ni clément, ni juste, ni pitoyable (note : capable de pitié), il ne peut pas
non plus être méchant et vindicatif.
Celui qui n'imagine rien ne sent que lui-même ; il est seul au milieu du genre
humain.
La réflexion naît des idées comparées, et c'est la pluralité des idées qui porte à les comparer.
Celui qui ne voit qu'un
seul objet n'a point de comparaison à faire.
Celui qui n'en voit qu'un petit nombre, et toujours les mêmes dès son
enfance, ne les compare point encore, parce que l'habitude de les voir lui ôte l'attention nécessaire pour les
examiner : mais à mesure qu'un objet nouveau nous frappe, nous voulons le connaître ; dans ceux qui nous sont
connus, nous lui cherchons des rapports.
C'est ainsi que nous apprenons à considérer ce qui est sous nos yeux, et
que ce qui nous est étranger nous porte à l'examen de ce qui nous touche.
»
Le fait de réfléchir, capacité humaine par excellence, permettrait à l'homme d'acquérir un rapport proprement humain
au monde.
On peut développer cette position rousseauiste en rapport avec la question du bonheur, en faisant du
bonheur un concept exclusivement humain, réalisé par les attributs de l'humanité.
La réflexion serait une des
conditions de la réalisation du bonheur humain.
* La réflexion permet un juste rapport aux choses, rapport qui aiderait à acquérir le bonheur
Epicure, Lettre à Ménécée
Maintenant il faut parvenir à penser que, parmi les désirs, certains sont fondés en nature, d'autres sont vains.
Parmi
les désirs naturels, certains sont nécessaires, d'autres ne sont que naturels.
Parmi les désirs naturels, les uns sont.
»
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