Réduction phénoménologique - Notion d'intentionnalité chez Husserl
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a) La philosophie de Husserl est en vérité, l'opposé d'un réalisme absolu. Le réalisme absolu, autrement dit l'attitude qui consiste à ne saisir que des objets, à ignorer le sujet pensant, est pour Husserl une attitude naïve, préphilosophique. C'est précisément l'illusion banale et dangereuse, le préjugé courant qu'il dénonce sous le nom d'« attitude naturelle ». La conscience naturelle, celle qui n'est pas philosophiquement éduquée, ne connaît que des objets. je vois ce fauteuil, cette lampe autour de moi ; de même le savant dans son travail observe-t-il des faits, les analyse-t-il. Dans la vie quotidienne, dans le travail scientifique, nous avons devant nous des objets et nous avons tendance à oublier qu'il n'y a d'objets que pour un sujet pensant, un sujet d'abord dissimulé justement parce qu'il n'est pas lui-même un objet, qu'il est ce devant quoi il y a des objets. Le spectacle des objets nous fait oublier ce spectateur invisible — qui est nous même, qui est la conscience pensante — Et précisément depuis Descartes la fonction première de toute philosophie est de corriger cet oubli, de révéler à. elle-même cette conscience constituante pour laquelle et par laquelle il y a des objets.
«
HUSSERL (Edmund) : 1859-1938
Philosophe allemand.
Né à Prossnitz, en Moravie, il fit des études scientifiques et se spécialisa dans la logique et les
mathématiques.
En 1906, il fut nommé professeur à l'université de Göttingen.
En 1907, il exposa sa nouvelle
méthode philosophique dans l'Idée de la phénoménologie.
En 1916, il fut nommé à la chaire de philosophie de
l'université de Fribourg-en-Brisgau, dont il fut dépossédé en 1936 en raison de ses origines juives, par les nazis.
La phénoménologie husserlienne se propose d'étudier les phénomènes, c'est-à-dire ce qui est donné à la
conscience, et d'atteindre l'essence des objets par l'épochè, qui est la « mise entre parenthèses » de tous
jugements et pré-.
conceptions, et la réduction eidétique ou variation imaginative des objets, les objets de pure
imagination étant examinés avec le même sérieux que les données du monde objectif.
L'intuition des essences est
une contemplation intentionnelle car la conscience, qui est toujours conscience de quelque chose, n'a pas de vie
séparée de l'objet qu'elle considère.
• Œuvres principales : Idées directrices pour une phénoménologie pure (1913), Logique formelle et
transcendantale (1929), Méditations cartésiennes (1932), La Crise des sciences européennes et la phénoménologie
transcendantale (posthume).
L'influence de Husserl sur la philosophie contemporaine est essentielle.
Mais il s'agit d'une doctrine exigeante et
complexe d'une interprétation souvent difficile.
Nous adressant ici à des débutants nous nous contenterons
d'exposer, le plus clairement possible quelques thèmes fondamentaux.
Husserl est né à Prosznitz en Moravie d'une
famille israélite.
Jeune étudiant il ne s'intéresse qu'aux Mathématiques.
A Berlin, il suit les cours de Kronecker et de
Weierstrass et s'intéresse à la théorie des nombres.
En 1884, il suit à Vienne les leçons de psychologie de Franz
Brentano qui attire son attention sur le problème (que nous exposerons plus loin) de l'intentionnalité.
Sa thèse de
1887 qui porte sur la philosophie des nombres le fait privat-docent à l'Université de Halle.
En 1900 et 1901 il publie
ses Recherches logiques dont la première partie s'intitule Prolégomènes à la logique pure.
Il est nommé à Gottingue
en 1901 et y devient en 1906 seulement professeur titulaire.
Il publie en 1910 son étude La philosophie comme
science rigoureuse et en 1913 ses Idées directrices pour une phénoménologie pure.
En 1916, il est professeur à
Fribourg-en-Brisgau.
Il s'y liera d'amitié avec son jeune collègue Heidegger (qui lui dédiera en 1926 L'être et le
temps).
En 1929, invité à la Sorbonne, il y donne une série de conférences, les Méditations cartésiennes.
Ses
dernières années sont assombries par les persécutions du nazisme.
Israélite converti au protestantisme, Husserl se
voit retirer sa chaire.
La pseudo-philosophie du nouveau régime, d'essence biologique, antiintellectualiste, ne lui
ménage pas les critiques.
Épuisé de fatigue, cruellement traité par un État « pour lequel le nom de rationaliste est
devenu une injure » Husserl meurt en 1938.
Contemporain de Bergson (les deux philosophes s'ignorent d'ailleurs) Husserl malgré certaines analogies est bien
différent de lui : certes Husserl réclame par delà les concepts et les théories qui faussent l'énoncé des problèmes le
retour aux « choses elles-mêmes ».
Il dit comme Bergson qu'il faut revenir aux sources vivantes de l'intuition
originaire.
A certains égards, la phénoménologie dont Husserl est le fondateur peut s'interpréter comme un appel aux
« données immédiates de la conscience » 1.
Car dans l'expression « phénoménologie » le mot phénomène ne signifie
pas du tout (comme chez Platon et Kant) la simple apparence qui s'oppose à la vérité de l'être, ou du « noumène ».
Pour Husserl le phénomène est apparition plutôt qu'apparence, il est une manifestation pleine de sens, et toute la
philosophie consiste à élucider ce sens.
On pourrait aussi rappeler que Bergson comme Husserl a débuté par une
critique de la psychologie positiviste « scientiste » de son époque.
Seulement tandis que le bergsonisme aboutit à
une philosophie de la nature, décrit la vie intérieure elle-même avec ses nuances et sa fluidité comme un peintre
impressionniste représente un paysage, Husserl voit finalement dans toute connaissance l'activité d'un sujet
pensant, d'un sujet transcendantal.
Il est donc dans la lignée de Descartes et surtout de Kant.
N'oublions pas que
Husserl part de réflexions sur la pensée mathématique dont Bergson souligne plutôt les périls que le rôle éducateur.
Réduction psychologique et réduction eidétique chez HUSSERL
a) Le point de départ de Husserl est une critique du psychologisme empiriste.
Un philosophe empiriste comme Hume
a sans doute raison de vouloir décrire l'expérience telle qu'elle est vraiment donnée mais il trahit finalement
l'expérience au lieu de la décrire.
Expliquer le principe de causalité par la simple habitude que nous avons prise
d'attendre le retour des phénomènes dans un certain ordre, c'est réduire la causalité à un mécanisme
psychologique, c'est nier la causalité en tant que vérité.
C'est ôter tout sens véritable à la causalité, c'est la
disqualifier par ses origines.
Ou Husserl ne veut pas d'une science qui disqualifie son objet; à une philosophie de
l'explication par l'origine ,la phénoménologie prétend substituer une élucidation du sens.
b) De même Husserl — notamment à propos de la théorie des nombres — rejette tout empirisme psychologique qui
réduirait les idées mathématiques au simple résultat d'une opération mentale.
Si le professeur dessine une parabole
au tableau (et chaque élève une parabole sur son cahier) la parabole dont il sera question dans tout le cours est
tout autre chose que chacun de ces dessins.
Le dessin concret, maladroit et approximatif n'est qu'un prétexte,
qu'un symbole à travers lequel on vise l'essence de la parabole : « Pas plus que le geste physique de dessiner,
l'expérience de la figure dessinée en tant qu'expérience ne fonde aucunement l'intuition et la pensée qui portent sur
l'essence géométrique...
Pour le géomètre l'intuition des essences (Wesenschau) fournit les ultimes fondements ».
A
la réduction empiriste qui nie l'essence en prétendant l'expliquer par ses origines accidentelles, Husserl substitue la
réduction eidétique qui nous donne l'« eidos », l'essence véritable purifiée de tous les accidents.
c) Pour vous faire encore mieux comprendre, appliquons cette théorie de la réduction eidétique à ces essences
originales que sont les valeurs comme l'a fait Max Scheler, disciple de Husserl.
Lorsque La Rochefoucauld réduit
toutes les vertus à l'égoïsme, il fait le contraire d'une réduction eidétique, puisqu'il ramène les vertus à quelque.
»
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