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Reconnaître l'existence de l'inconscient, est-ce élargir notre conscience ?

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« Introduction Depuis la naissance de la psychanalyse, on a coutume d'opposer la conscience à l'obscurité de l'inconscience. L'hypothèse de l'inconscient semble ainsi marquer le rétrécissement du domaine réservé à la conscience.

Mais faut-il concevoir la relation entre le conscient et l'inconscient sur le mode de l'exclusion ? Et si non, faut-il en conclure que la conscience se voit élargie par la reconnaissance de l'inconscient, voyant son domaine s'étendre ? Ou au contraire, celui-ci se réduit-il, le mode d'être de la conscience pouvant s'avérer n'être finalement qu'une illusion ? I La conscience comme dérivée de l'inconscient : réduction de son influence, Freud et Nietzsche -Freud : la conscience s'expérimente spontanément comme libre ; mais le moi conscient normal procède en fait d'une confrontation entre le fond pulsionnel du ça et l'instance morale du surmoi, qui permet au sujet d'intérioriser les normes de la société (Le ça et le moi).

L'origine de la conscience est donc en partie au moins déterminée ; il n'empêche que cette genèse psychologique du moi aboutit à un sentiment positif de liberté, qui recouvre l'influence déterminante du surmoi.

Pour Freud, la conscience, ressentie comme libre, ne peut donc que voir son rôle fortement relativisé face à l'influence du surmoi et au fondement pulsionnel du ça. -Nietzsche : la conscience n'est qu'un effet de surface comparé aux volontés inconscientes qui constituent nos comportements quotidiens.

La conscience est le résultat émergeant du jeu de ces volontés (Le gai savoir) : elle apparaît donc comme résolument secondaire, voire même superflue selon le jugement de Nietzsche, sa relativité pouvant aller alors jusqu'à une possible absence.

Cependant, Nietzsche remet également en cause la distinction conscience/inconscience, en intégrant la conscience aux processus dynamiques inconscients (elle y est alors absorbée). Nietzsche est l'un des premiers à avoir conduit une critique systématique et totale de la conscience ainsi que de ses valeurs psychologiques (sous son aspect réflexif de la conscience de soi) et morales.

La conscience est une formation dérivée, dépendante de forces beaucoup plus profondes, et ne se préoccupe que de l'inessentiel et du futile.

Elle n'apparaît d'abord que dans le cadre du rapport entre dominants et dominés, et répond à la faiblesse humaine du besoin de communication.

Un solitaire ou une bête de proie s'en dispensent aisément.

La conscience est d'abord langage, et celui-ci ne répond qu'à notre besoin d'autrui et de dialogue.

On peut admettre que l'homme pense toujours, mais il est néanmoins rarement conscient : il n'a à l'être que dans le cadre étroit et inessentiel de la communication de ses propres pensées.

Il n'y a donc pas lieu de diviniser la conscience, issue d'une faiblesse du Moi incapable de supporter sa solitude.

Issue de la promiscuité et de l'instinct grégaire, elle est bête, plate, vulgaire, capable de n'exprimer que des généralités, marque du troupeau. Le Moi individuel, au contraire, se définit et se saisit par des forces beaucoup plus intimes, profondes, riches et fécondes qui échappent à cette conscience qui n'est que faiblesse pour autrui.

Le véritable Soi est muet, profond, grave et silencieux.

Son essence est la force vitale, la volonté de puissance, venue d'un fond obscur et chaotique, aux antipodes de la clarté futile de notre conscience.

Celle-ci ne serait que la surface, précaire dans son immobilité et son repos, d'un fond abyssal inconnu qui en serait la vérité.

Pur produit social et moral du "tu dois", la conscience est une aliénation et une servitude, l'erreur de chacun sur soi. II Inclusion de l'inconscience dans la conscience ? Descartes et Spinoza -Descartes : si l'inconscience menace l'influence de la conscience, il faut admettre cette menace et rechercher les moyens conscients de la contenir.

C'est ce que tente Descartes dans le Discours de la méthode : l'inconscience doit atteindre la conscience comme possibilité, sous la forme du doute.

Le doute, c'est cette hypothèse que je me soumets à moi-même, en me demandant si le contenu de mes pensées conscientes ne proviendrait pas finalement de préjugés inconscients, solidement ancrés en moi.

Reconnaître l'existence d'un inconscient (ici les préjugés), c'est donc rendre possible le maintien d'un rôle décisif de la conscience.. »

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