Rechercher le bonheur n'est-ce pas se condamner à ne pas le trouver ?
Extrait du document
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La poursuite du bonheur constitue une fin universelle de la nature humaine.
C'est ce que Pascal a vu très tôt dans
ses Pensées : "Tous les hommes recherchent d'être heureux .
Cela est sans exception, quelques différents moyens
qu'ils y emploient." .
Pourtant définir le bonheur et les moyens pour y parvenir est chose complexe.
Il s'agit non pas
ici de savoir si tout le monde recherche le bonheur mais bien si la recherche du bonheur est quelque chose de
positif, si les conséquences de celle-ci ne sont pas fâcheuses.
Se pose aussi la question de savoir si l'on peut
atteindre le bonheur.
Or le bonheur défini comme état durable de sérénité et de tranquillité semble être une illusion.
Comment dès lors, ne pas épuiser ses forces dans la recherche d'un bonheur, que l'on n'arrive pas à définir et
impossible à atteindre? Ne vaut-il mieux profiter de ce que nous offre le présent? Et pourtant la recherche du
bonheur n'est-elle pas ce qui nous permet d'agir, de se projeter dans le futur? Le bonheur n'est-il pas plutôt
parcours, effort vers quelque chose qu'un état sans douleur?
1.
Le bonheur est illusoire, l'individu s'épuise dans sa quête
Pour Kant, dans la critique de la raison pratique, le bonheur est un idéal de l'imagination.
Il est impossible à définir
et personne ne peut réellement savoir ce qu'il veut et ce qu'il lui en coûtera pour atteindre un objectif, qui ne lui
amènera pas le bonheur.
"Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il pas par là attirer sur sa tête! Veut-il
beaucoup de connaissance et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour
lui représenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue et qui
sont pourtant inévitables" Kant
Pour Schopenhauer, l'existence humaine, comme manifestation de la Volonté,
n'est que désir.
Or "Tout désir naît d'un manque, d'un état qui ne nous
satisfait pas ; donc il est souffrance, tant qu'il n'est pas satisfait.
Or, nulle
satisfaction n'est de durée ; elle n'est que le point de départ d'un désir
nouveau.
" (Schopenhauer, Le monde comme représentation et comme
volonté) Le bonheur est donc aussi pour ce philosophe une illusion et l'homme
qui cherche à être heureux ne fait que désirer davantage et souffre donc
d'autant plus.
C'est pour cela que Schopenhauer dit dans "L'art d'être
heureux" que "bonheur et jouissance sont de pures chimères qu'une illusion
nous indique au loin."
Donc la recherche du bonheur épuise l'individu dans mille combats et ne lui
apportent que peu de satisfaction.
De plus, chercher sans cesse le bonheur,
c'est aussi s'empêcher de vivre dans le présent et de profiter de ce que nous
apporte la vie ici et maintenant.
2.
La recherche du bonheur est mise en mouvement, travail sur soi
Le bonheur est donc difficile à définir et à atteindre.
Et pourtant est-ce une
raison pour renoncer à le rechercher? Le bonheur nous donne un but à
atteindre et donc nous met en mouvement.
En effet, se limiter
perpétuellement au moment présent, c'est aussi une sorte d'immobilisme,
c'est se refuser de se projeter vers l'avenir, d'agir.
Pour Aristote, le bonheur est la fin la plus haute qui soit assignée à l' âme.
On le sait l'homme est originairement
insatisfait .
Mais connaître la raison de l'insatisfaction, chercher la vie susceptible de m'apporter la satisfaction, tout
cela nécessite une réflexion théorique qui consiste à déterminer la nature du "souverain bien" et les conditions de
son acquisition.
Ainsi, pour Aristote, par exemple, le bonheur consiste, pour le philosophe, en "une activité de l'âme conforme à la
raison.", en une vie raisonnable.
Or, toute vie raisonnable doit se construire et procède d'un choix, celui de
philosopher.
Bien sûr, cela est la thèse d'Aristote, mais il revient à chacun d'apprendre à se connaître, à savoir ce qui est bon et
mauvais pour lui et essayer de trouver l'existence qui lui évitera les malheurs et qui corresponde le plus à son être,.
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