Rapports de la croyance et de l'action
Extrait du document
«
Le travail consiste ici dans le rapprochement à établir entre des faits décrits et analysés dans tous les Cours ou
Manuels.
Deux modes de présentation sont possibles.
1).
On pourrait partir d'une analyse des deux faits.
L'action prend un caractère de plus en plus intellectualisé à
mesure du développement mental, mais il est bien évident que l'action dépend surtout des puissances expansives
qui nous constituent, le fond en est la tendance.
La croyance porte sur des jugements ; nous cherchons, pour
l'établir ou la modifier, des raisons, c'est-à-dire encore des idées ou jugements; nous sommes donc surtout frappés
par ses aspects intellectuels.
Mais l'analyse de ses conditions et de ses variations tend à montrer son rapport étroit
à notre individualité, donc encore à nos tendances constitutives.
De cette description, on tirerait l'idée des
interactions des deux faits, puis de leurs ressemblances ou différences, c'est-à-dire des rapports de structure.
Si
l'on a en effet montré à la base le même fait fondamental, il doit en résulter que croyance et action s'entraînent
réciproquement, et aussi que leur nature profonde répond aune même définition élémentaire : les différences
établies d'abord préciseront en quel sens elles se séparent.
On arrivera à l'idée que la croyance est comme une
action arrêtée dans son développement ou plutôt suspendue, ce qui favorise tout le jeu intellectuel et l'attention
aux représentations.
2).
On pourrait, dans une marche inverse (et que nous préférerions parce qu'elle donnera à l'analyse un caractère
beaucoup plus direct), partir de la description des influences réciproques, d'où ressortira le rapport de fond.
Plan.
— Croire entraîne normalement agir (Action spontanée de l'enfant immédiatement déclenchée par les
représentations; actions impulsives.
Passage à l'acte, même de représentations purement imaginatives : Perrette de
La Fontaine.
— Le prosélytisme où se traduit la force de la croyance à agir pour se répandre, etc.); il est vrai que la
croyance peut rester à la forme tout intellectuelle du jugement par suite de la réflexion sur les conditions de
l'action, ou sur ses possibilités, ou sur la valeur elle-même; mais la croyance vive est toujours impatiente d'action
(Joad, dans Athalie), et les hésitations sont données par les conflits de croyance ou ceux de la croyance et des
sentiments.
— Réciproquement agir entraîne croire (puissance des rites ou des pratiques sociales : l'imitation;
certaines croyances ne sont que la forme générale de l'action ou de nos adaptations, par ex.
la croyance au monde
extérieur).
Toute cette description conduira à l'idée d'un même fait fondamental, qui se traduit à la fois dans la croyance et
dans l'action : la tendance; et on confirmera cette identité de fond en rappelant que l'observation pathologique
montre la liaison intime soit de l'impulsivité et des croyances passionnées, soit de l'aboulie et du doute.
Il restera
donc à délimiter l'une par rapport à l'autre les deux idées, en insistant sur le rôle d'arrêt du développement
intellectuel, qui donne à la croyance son caractère propre.
On pourrait préciser en montrant comment la croyance
spontanée qui a surtout la forme du sentiment s'intellectualise progressivement, tandis que la croyance réfléchie et
scientifique, d'abord compréhension ou idée se relie de plus en plus profondément à toute l'individualité : double
mouvement qui confirmerait les descriptions précédentes.
On arriverait ainsi en conclusion à l'idée que toute croyance est comme une pré-action et pré-formation de l'acte,
suspendue ou arrêtée dans sa réalisation par l'intervention insistante des représentations..
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