qu'il y ait une histoire de l'art cela signifie-t-il que les valeurs esthétiques sont relatives ?
Extrait du document
«
Entre le « portrait d'Innocent X » que fait Velasquez et sa reprise par Francis Bacon, il y a plus que quatre siècles
de différence : il y a tout un autre style, toute une autre façon de peindre, qui ne semble plus répondre aux mêmes
codes de composition.
Ainsi, penser une histoire de l'art, ce n'est pas seulement penser la possibilité d'établir une
suite d'oeuvres par simple critère chronologique, mais c'est aussi penser la possibilité de classer les oeuvres selon
des critères esthétiques.
Cependant, la possibilité même d'une histoire de l'art est à mettre en question.
Elle est pratiquée, on l'enseigne
même.
Mais est-elle légitime ? La question peut se poser, tant ce qu'elle englobe est divers.
Une statue aztèque,
qui avait sa place dans des temples et qui avait pour fonction le culte divin, et une statue de Rodin font-elles partie
d'une même histoire ? Si l'art est défini comme la production du beau, et l'esthétique comme la science du beau, n'y
a-t-il pas plus qu'une simple différence esthétique entre ces deux statues ?
Se questionner sur les valeurs esthétiques, c'est se questionner sur le regard que l'on porte sur les peintures, les
sculptures, etc.
; en somme, sur les images.
Et se questionner sur le regard, c'est se questionner sur un champ plus
vaste que la seule esthétique.
Problématique : Les différents types de regards que l'homme a portés à travers l'histoire sur les peintures, les
sculptures, etc.
révèlent-t-ils des différences de goûts, ou alors des différences plus profondes ? L'histoire du
regard sur les images n'est-il qu'une histoire des valeurs esthétiques ?
I - L'art n'a pas toujours existé
A-
Avant la renaissance, les sculptures ou peintures avaient une valeur en tant qu'elles étaient rattachées à
un discours religieux.
Ex : les statues des Dieux grecs.
L'art n'avait ainsi pas de valeur en soi, mais c'est la
religion qui lui donnait sa valeur.
BPendant l'antiquité, et notamment chez Platon, la notion de beau existe (Kalos), mais elle est
fondamentalement liée au Bon (Kagathos).
Le Beau est un absolu, un idéal, et en tant que tel, il se confond
avec l'idéal de Bonté.
Kalos-Kagathos : ce qui est beau est bon, et ce qui est bon est beau.
CLe beau n'a ainsi pas de valeur esthétique, mais bien plutôt une valeur éthique et cosmologique.
Au
couple Kalos/Kagathos correspond celui Technè/utile.
« Si la cuillère de figuier, dira-t-il, convient mieux que celle d'or, n'est-il pas vrai qu'elle est plus belle,
puisque tu es convenu, Socrate, que ce qui convient est plus beau que ce qui ne convient pas ? Avoueronsnous, Hippias, que la cuillère de figuier est plus belle que celle d'or ? » Platon
Est beau ce qui correspond le mieux à sa fonction.
Le beau sensible n'a pas de valeur en soi, mais est
seulement révélateur d'un ordre plus profond : celui du cosmos.
DIl n'y a ainsi pas de Beaux-arts.
La notion d'art comme production du beau n'existait pas.
Ce que nous
appelons maintenant art était totalement déprécié dans l'Antiquité, car ce n'était finalement que la copie
d'une copie.
Le monde matériel n'est déjà que l'ombre du monde intelligible, la copie dégradée de celui-ci.
Il n'y a de beau
que le modèle, et la sculpture par exemple, est la reproduction imparfaite d'un modèle déjà imparfait.
La
peinture, la sculpture, voir la musique (même si son caractère plus rationnel la rend plus digne) étaient
considérées comme des illusions, et étaient à ce titre condamnées par Platon comme étant dangereuses.
II - Apparition de la notion d'art
A-
La notion d'art, définie comme production intentionnelle du beau, date de la Renaissance, mais c'est une
notion retro-active : avec la notion d'art apparaît l'idée d'un art antique, d'un art romain, etc.
La valorisation
de l'art va de pair avec la conception du beau sensible.
Des néo-platoniciens, tel que Ficin, vont penser l'art
comme un moyen d'atteindre le Beau, la beauté dans son idéalité.
« Le beau se définit comme la manifestation sensible de l'idée » Hegel.
»
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