Qui fait la Loi ?
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«
Qui fait la Loi ?
éléments de réflexion
• Il semble que la majuscule mise au terme Loi exclut de notre champ d'investigation les problèmes concernant la
détermination des lois dans le domaine des activités scientifiques.
• Sommes-nous invités à nous demander qui peut être législateur » dans le domaine « moral »? Cf.
(entre autres), à
cet égard, la position kantienne.
Dans la 3e maxime (voir citation).
Kant reconnaît la transcendance du Devoir, mais
en quelque sorte, il l'intériorise en la ramenant à la transcendance, dans l'être humain, de la Raison par rapport aux
mobiles empiriques.
Tout dans la nature obéit à des lois.
Mais l'homme seul est capable d'agir d'après la
représentation des lois.
Cette représentation entre en conflit, chez lui, avec « les entraves subjectives » qui viennent de ces mobiles
empiriques, tels que ceux de la sensibilité, de l'intérêt, de la prudence, etc., et c'est ce qui explique que la loi de la
raison prenne pour lui la forme d'un impératif, c'est-à-dire d'un commandement et, en quelque sorte, d'une
contrainte.
Mais l'impératif moral a un caractère tout à fait spécial : c'est un impératif catégorique.
La seule intention
proprement morale (la seule obligation morale ?) c'est d'agir non seulement conformément au Devoir, mais par pur
respect pour le devoir, par la seule représentation de la loi morale identifiée avec la loi de la Raison.
Cela aboutit à ce que le Devoir n'est pas une loi extérieure à laquelle on se soumet ; c'est une loi que l'homme, en
tant qu'être raisonnable, s'impose à lui-même, de sorte que, dans l'acte moral, il est à la fois législateur et sujet.
• Sommes-nous invités à nous demander qui peut être « Législateur » dans le domaine « Juridique » (mais ne
devrions-nous pas plutôt avoir comme intitulé « qui fait les lois »).
A moins que nous prenions l'expression dans son
sens trivial (c'est-à-dire qui a et exerce la puissance).
Méditer à cet égard le texte (provocateur, on peut l'espérer) de Platon extrait du Gorgias.
La Loi comme antinaturelle.
La Loi comme anti-vie puissance (cf.
Nietzsche).
• Se référer à et méditer la position marxiste notamment, dans le rôle dévolu au juridique, à la superstructure.
citations
• Kant, 3e maxime : « Agis toujours de telle sorte que tu considères ta volonté raisonnable comme instituant une
législation universelle.
»
• Platon : « La loi est faite par les faibles et par le grand nombre.
C'est donc par rapport à eux-mêmes et en vue de
leur intérêt personnel qu'ils font la loi et qu'ils décident de l'éloge et du blâme.
Pour effrayer les plus forts, les plus
capables de l'emporter sur eux, et pour les empêcher de_ l'emporter en effet, ils racontent que toute supériorité est
l laide et injuste, et que l'injustice consiste essentiellement à vouloir s'élever au-dessus des autres : quant à eux, il
leur suffit, j'imagine, d'être au niveau des autres, sans les valoir.
Voilà pourquoi la loi déclare injuste et laide toute
tentative pour dépasser le niveau commun, et c'est cela qu'on appelle l'injustice.
Mais la nature elle-même, selon
moi, nous prouve qu'en bonne justice celui qui vaut plus doit l'emporter sur celui qui vaut moins, le capable sur
l'incapable.
Elle nous montre partout, chez les animaux et chez l'homme, dans les cités et les familles, qu'il en est
bien ainsi, que la marque du juste, c'est la domination du puissant sur le faible et sa supériorité admise.
La question se prête déjà à deux interprétations différentes.
En effet, faire la loi, cela peut être d'une part la créer:
en ce sens, on peut se demander qui est responsable, qui est à l'origine de la loi.
On suppose déjà par l'intervention
du pronom relatif « qui » qu'il s'agit bien de quelqu'un, soit une personne ou un groupe de personne qui édicte un
texte qui fera figure de loi.
Mais d'autre part, l'expression « faire la loi » nous renvoie tout à la fois à l'idée de
l'application de cette loi: on peut ainsi dire d'une personne qu'elle est celle qui fait la loi.
Attention cependant,
puisque rien ne laisse préjuger dans ce sujet qu'il s'agirait de faire sa loi, au sens d'une personne qui imposerait par
la terreur ou un artifice de n'importe quel autre ordre, son caprice qui vaudrait alors comme loi.
Faire la loi, ce n'est
donc pas faire sa loi: il semble qu'il y ait quelque chose de légitime dans cette expression même, quelque chose qui
ne nous pousse pas à remettre en question cette loi précisément.
Mais qu'est-ce qu'une loi au juste? On peut la
définir sommairement en partant du principe qu'il s'agit d'un énoncé général sous lequel se subsume une multiplicité
de faits.
Le problème étant que cette notion de loi possède une univocité qui est très loin d'aller de soi, qui est
même après tout largement discutable.
En effet, peut-on mettre sur le même pied une loi à l'oeuvre dans la nature,.
»
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