« Qui commence à aimer doit se préparer à souffrir »

« Sujet : «Qui commence à aimer doit se préparer à souffrir», Antoine Gombaud, Maximes, Sentences et Réflexions Morales et Politiques, 1702. ................................................................................................................................. N.B : Les titres soulignés, en crochet ou en couleurs servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie. Introduction : [Entrée en matière] En littérature, comme dans la vie, amour et souffrance s’apparient à n’en faire qu’un.

[Annonce de sujet] C’est dans ce sens qu’Antoine Gombaud affirme que : «qui commence à aimer doit se préparer à souffrir».

[Explication de sujet] La citation de Gombaud mène une réflexion sur la relation de la douleur à l’amour.

Par l’usage du présent de vérité générale, elle se présente comme un enseignement moral incontestable et universel.

En ce sens, les deux verbes «aimer» et «souffrir», en apparence antinomiques, s’avèrent concordants puisqu’ils établissent un rapport de cause à conséquence.

L’acte d’aimer serait ainsi indissociable du fait de souffrir.

Le verbe «devoir» souligne que le sujet aimant, indépendamment de sa volonté, est voué à éprouver des passions tristes.

[Les limites de sujet] Néanmoins, pouvons-nous nous abstenir d’aimer ? Ne pas aimer pourrait-il nous libérer d’une dépendance, voire d’une servitude à l’égard de l’objet aimé ? [Problématique] Il convient alors de se demander comment l’amour, à priori une passion destructrice, pourrait-il être en réalité un besoin vital ? [Annonce de plan] Pour répondre à cette problématique, nous montrerons d’abord comment l’amour peut se transformer en passion douloureuse, voire destructrice.

Nous examinerons ensuite la possibilité d’échapper à la douleur par l’abstinence d’aimer.

Finalement, nous réfléchirons sur ce renversement de perspective qui fait d’aimer une nécessité à la vie humaine. Thème de culture générale : Aimer Année scolaire : 2021-2022 Classe : 2ECS1 I.

De la douleur d’aimer à la passion destructrice Les épreuves relatives à l’acte d’aimer qui surviennent dans la vie de l'homme affectent sa force vitale, en l’occurrence l’absence de l’objet aimé et les ruptures.

Elles l'affaiblissent au point de lui enlever toute envie de vivre.

Aimer serait indissociable de la douleur. 1- Au-delà d’aimer : le manque et la dépendance [Idée] Aimer, c’est être en état de manque et de souffrance.

[Explication de l’idée] En effet, le sujet aimant éprouve un sentiment de malaise voire de peine suite à la non-possession de l’objet désiré et aimé.

[Illustration] C’est ainsi que dans le Banquet de Platon, Socrate, «inspiré» du discours d’une femme savante en amour, démontre au poète Agathon que l’amour est fait de souffrance : «ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l'amour».

[Commentaire] Socrate souligne que du manque naît le désir et l’amour.

Celui qui aime souffre de l’absence de son objet de désir, du sentiment de frustration quand son désir n’est pas assouvi.

[Illustration] Dans la même perspective, Schopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation affirme que : «La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui».

[Commentaire] Selon le philosophe, bien que notre désir soit assouvi, nous continuons à éprouver un vif ennui.

La durée et l’effet de la satisfaction d’un désir suffit à démontrer que le bonheur procuré demeure toujours en dessous de ce qui est espéré.

Il y a toujours comme une déception : le plaisir tant attendu n’est jamais au rendez-vous. Professeur : Marouan HADRI CPGE- Moulay Al Hassan-Tanger Dissertation 01 Thème de culture générale : Aimer Année scolaire : 2021-2022 Classe : 2ECS1 2- Aimer : entre séparation et rupture [Idée et explication de l’idée] L’amour est associé à la douleur, car il est souvent brisé par la séparation souvent forcée.

De même, la rupture amoureuse, douloureuse affliction, conserve une blessure irrémédiable dans le cœur du sujet aimant.

[Illustration] C’est ainsi que Louis Aragon dans son poème «Il n’y a pas d’amour heureux» extrait du recueil poétique La Diane Française évoque son histoire d’amour brisée par la séparation forcée: « Mon bel amour mon cher amour ma déchirure // Je te porte dans moi comme un oiseau blessé [...] // Il n’y a pas d’amour heureux».

[Commentaire] Le poète, engagé dans les affaires d’état se lamente de sa séparation forcée de sa bien-aimée Elsa Triolet à cause de la guerre, ce qui provoque en lui une grande souffrance morale.

[Illustration] Dans Madame Bovary de Flaubert, la décision de Rodolphe de se séparer d’Emma en lui envoyant une lettre de rupture va la chagriner.

[Commentaire] Ce bonheur tant espéré d’aimer se transforme à une peine extrême puisque cette quête amoureuse s’avère inaccomplie.

Son rêve de fuite à minuit avec son amant ne se réalisera ainsi pas. Transition : Si le sentiment d’aimer se caractérise par la douleur, renoncer à aimer pourrait-il dès lors assurer à l’Homme une absence de souffrance ? II.

Renoncer à Aimer : une tentative d’échapper à la souffrance Renoncer à aimer pourrait être une tentative d’échapper aux tourments, notamment par le renoncement à l’amour comme attachement ainsi que les aventures amoureuses. Professeur : Marouan HADRI CPGE- Moulay Al Hassan-Tanger Dissertation 01 Thème de culture générale : Aimer Année scolaire : 2021-2022 Classe : 2ECS1 1- Renoncer à aimer, c’est renoncer à s’attacher aux êtres [Idée] Renoncer à aimer, c’est principalement renoncer à s’attacher aux êtres. [Explication de l’idée] En effet, La condition humaine, qui se caractérise par l’impermanence et la finitude, contraint les êtres qui s’aiment à se séparer.

La joie de l’existence de l’Autre se transforme subitement en une douleur intense provoquant d’inguérissables blessures.

[Illustration] Dans ce sens, Epictète dans Manuel dicte à ses disciples qu’: «en serrant dans tes bras ton enfant ou ta femme, dis-toi: «J'embrasse un être humain.» S'ils viennent à mourir, tu n'en seras pas autrement bouleversé».

[Commentaire] Selon lui, pour éviter cette douleur certaine, pour échapper aux tourments de l’amour, pour trouver une forme de sérénité, il ne faut pas s’attacher aux êtres, parce que nous nous attachons à des mortels.

Dans ce sens, le refus d’attachement ne signifie pas l’indifférence à l’égard d’autrui, mais plutôt aimer sans se lier ni s’enchaîner.... »