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Qu'est-ce qu'une vie heureuse ?

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« Analyse du sujet Devant cet intitulé, le premier travail consiste à conceptualiser.

Que signifient les termes du texte ? « Vie » ne signifie pas déroulement biologique et fait de vivre, mais existence et activité humaine.

Cette vie elle-même a plusieurs significations : vie de l'esprit, existence engagée, vie informée par la beauté.

L'adjectif « heureuse » vient de « heur », la bonne fortune, mais ne signifie pas tant « qui bénéficie d'une chance favorable » que « qui jouit du bonheur ».

C'est donc la notion de bonheur qui prime. Le problème du bonheur renvoie aux doctrines d'Aristote, de l'Epicurisme et du Stoïcisme.

Le plan suggéré est le plan progressif, par approfondissement de la notion envisagée. Plan I. II. III. Une vie heureuse est en accord avec le divin Une vie est heureuse quand il y a un accord avec le monde et les choses. Une vie heureuse désigne un accord avec soi-même Dissertation L'intitulé du sujet concerne une vie heureuse, laquelle semble la fin recherchée par tous les êtres humains. Mais comment comprendre ces termes ? La vie, loin de désigner le fait de vivre, signifie ici l'existence et l'activité humaines, en tant qu'elles sont orientées par un sens et un projet.

L'adjectif heureuse, quant à lui, vient de heur, bonne fortune : il ne signifie pas ici « qui bénéficie d'une chance favorable », mais « qui jouit du bonheur », sens qui paraît posséder dans notre intitulé la primauté.

Néanmoins, cette définition est plus ou moins tautologique.

Que désigne, en effet, exactement le bonheur ? Cet état de satisfaction complète et de plénitude est distinct, bien entendu, et du plaisir momentané et de la joie qui est passage.

Plus profondément, « être heureux » ou « posséder le bonheur » suppose un accord et une harmonie permanents entre les valeurs de l'homme et l'ordre du monde.

Être heureux, c'est réaliser cette harmonie et une vie heureuse désigne cet accord entre deux ordres.

Dans l'idée de bonheur, il y a donc soit cette notion d'un accord entre l'intérieur et l'extérieur, soit celle d'une harmonie interne.

Le sens du sujet est donc le suivant : en quoi consiste l'essence d'une existence réalisant un accord entre les valeurs humaines et l'ordre du réel ? Qu'est-ce que cet accord et cette unité ? Le problème posé par le sujet est celui de savoir si la totale suffisance qui est l'objectif du bonheur est possible.

L'homme est-il en mesure d'avoir, en luimême, les ressources suffisantes pour satisfaire son aspiration à un état de satisfaction complète ? La vie heureuse est en accord avec le divin.

Quelle est l'essence d'une vie heureuse, manifestant un accord entre nous-mêmes et le monde ? Cette totalité stable de satisfaction fut considérée, dans un grand nombre de réflexions classiques, comme une participation à l'ordre divin.

Une vie heureuse ne serait rien sans la liaison à l'Éternel et au Divin, elle ne se comprendrait que dans ce contexte et au sein de cette ultime relation.

D'Aristote jusqu'à Saint Augustin et à Saint Thomas, et bien au-delà, ce thème se retrouve sans cesse ; le bonheur suprême, l'existence heureuse seraient ou bien participation à Dieu ou bien possession même de Dieu.

Ainsi Aristote manifeste-t-il explicitement ce point de vue.

Dans l'Éthique à Nicomaque, il voit dans la contemplation du Divin l'essence même de la vie heureuse.

Par l'activité divine de l'esprit, l'homme, heureux, contemple l'Éternel et s'épanouit en harmonie avec lui.

Il s'identifie au Bien et au Divin. Ainsi, une « vie heureuse » serait définie par l'accord de l'homme avec le divin : l'ordre divin absorberait, dans son unité, l'existence humaine et lui conférerait un sens.

Mais cette définition de l'existence heureuse à partir de l'ordre divin n'est pas sans poser problème pour nous, qui, dans notre culture, ne vivons plus en accord avec ce principe transcendant.

Nietzsche, d'ailleurs, n'a-t-il pas vu, dans la « mort de Dieu », un événement fondamental de notre modernité ? Si le suprasensible a disparu de notre horizon, nous laissant en ce vide, efforçons-nous d'être moins « ambitieux » et de définir une vie heureuse par un accord moins problématique avec le réel, accord davantage circonscrit à notre univers. On notera, par ailleurs, la signification très particulière prise ici par le terme « vie ».

La vie telle que la conçoivent, dans ce contexte, Aristote ou d'autres penseurs, c'est l'existence spirituelle, c'est la vie de l'esprit.

Mais les termes de vie et d'existence ne peuvent-ils acquérir un autre sens ? La vie heureuse est un accord avec le monde.

La vie heureuse est un accord et une unité, unité entre l'ordre de l'homme et l'ordre du réel.

S'il ne peut plus y avoir unité avec l'ordre divin, ne peut-il y avoir unité avec l'ordre du monde et, tout spécialement, l'ordre historique ? Ici, la rencontre accordée et unifiée de deux mondes semble permettre de fournir, de manière plus modeste, la définition envisagée.

Être heureux, pour nous, n'est-ce point soumettre le monde à nos valeurs et le transformer historiquement ? Cette nouvelle définition est moins ambitieuse que la première et un tel projet semble davantage à notre portée.

En effet, les libres évaluations de l'homme paraissent alors s'unifier avec l'ordre du monde.

En construisant un univers à l'image de ses valeurs, l'homme se réalise, se construit et parvient à une unité. »

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