Qu'est ce qu'une société juste ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
La question « qu'est-ce que ?» signifie que le sujet demande que l'on propose une définition pour un certain objet.
L'objet en question ici est « une société juste ».
Une société est, au sens large, un regroupement organisés d'êtres
– on parle ainsi de sociétés humaines mais aussi de sociétés de fourmis ou de termites.
Mais, le plus souvent, on
parle de « société » pour désigner les sociétés humaines, et le mot désigne alors tous les cadres collectifs dans
lesquels un individu se trouve impliqué, notamment – mais pas uniquement - ceux de l'Etat.
Le sujet porte sur les conditions auxquelles on peut déclarer qu'une société est « juste ».
Le « juste » est ce qui
est conforme à la justice, c'est-à-dire à une norme qui définit des rapports souhaitables d'équité ou d'égalité au sein
d'un système de relations.
La question se pose de savoir si cette justice est une vertu existant en elle-même, ou
simplement l'état le plus souhaitable d'un rapport de forces.
(– comment définir d'ailleurs l'état que l'on estimera « le
plus souhaitable » ? est-il celui qui fonctionne le mieux ? celui qui est le plus productif ? celui qui engendre les
moindres résistances ? Et surtout, en référence bien de quoi cet état sera-t-il désigné comme le plus préférable ?
au bien du système de la société, ou au bien de l'individu ?)
Il va falloir définir les caractéristiques de la société et les confronter aux caractéristiques de la justice, pour décider
à quelles conditions une société peut être qualifiée de juste.
De quelle manière la justice peut-elle exister dans une
société ? Son existence dépend-elle des individus qui la composent, ou du système de régulation de la vie collective
que la société choisit d'appliquer ? Une société juste peut-elle comporter, dans son système, des éléments
d'injustice ? Autrement dit, une société juste est-elle nécessairement une société de l'égalité ? Ou faut-il préférer
un concept de justice qui recommanderait de donner à chacun selon ses mérites – mais alors, comment s'assurer
que les critères par lesquels on décidera du mérite de chacun sont justes ? Le concept de justice est un concept
complexe : il s'agira ici de faire jouer cette complexité dans le cadre d'une interrogation sur la nature de la société,
dans le but de proposer une définition du concept de « société juste ».
Proposition de plan
I.
La valeur sociale du concept de justice
Il importe tout d'abord de définir le lieu de pertinence du concept de justice : il apparaît que ce lieu est celui de la
société comme fait de culture.
Le concept de justice apparaît en effet lorsque une organisation réfléchie advient,
car l'organisation suppose une distribution des biens et des tâches qui ne lèse pas certains de ses membres.
Une
société juste est donc d'abord une société qui prend correctement en charge ce souci d'organisation.
La notion de
justice est alors à rapprocher de la notion d'ordre.
Spinoza
« De même que la faute et la soumission, la justice et l'injustice, entendues en toute rigueur, ne sauraient se
concevoir que dans un Etat.
Car, dans la nature, il n'existe rien qu'on puisse affirmer appartenir en droit à un être,
plutôt qu'à un autre.
Tous les biens sont la propriété de tous ceux qui ont la puissance d'en revendiquer la
possession.
Tandis que, dans un Etat, c'est une législation générale qui attribue une propriété à tel ou tel homme.
On y appelle donc juste la personne, animée de la volonté constante de donner à chacun ce qui lui revient, injuste,
au contraire, celle qui essaie de s'emparer du bien d'autrui.
»
Transition : cette première partie fournit un premier élément de définition : une société juste est une société qui
fait l'effort de se donner un ordre, c'est-à-dire de s'accomplir comme société.
La notion de société juste suppose
donc que l'on aille plus loin que la notion de rassemblement, de regroupement, et que l'on s'en remettre à la notion
d'ordre.
Il faut rechercher maintenant comment cet ordre est juste.
II.
La justice n'est-elle qu'un ordre, ou doit-elle se concevoir aussi comme une vertu ?
Il faut définir l'ordre par lequel une société sera juste : comment cet ordre est-il conçu ? Est-il simplement un bon
fonctionnement, celui que l'on évaluera pragmatiquement comme étant le meilleur ? Ou faut-il enrichir la conception
de cet ordre par l'idée d'une vertu de justice ? Par cette vertu, chacun aurait en quelque sorte une faculté
d'évaluation des situations, et aurait le moyen de corriger les rigidités d'une justice sociale qui ne serait conçue que
comme un ordre.
Une société juste serait alors une société à la fois ordonnée par un souci collectif de justice, et
régulée par la vertu de justice de chaque individu.
Aristote, Ethique à Nicomaque
« Telle est la nature de l'équitable, qui est un correctif de la loi là où elle se montre insuffisante en raison de son
caractère général.
Tout ne peut être réglé par la loi.
En voici la raison : pour certaines choses, on ne peut établir de
loi, par conséquent, il faut un décret.
En effet, pour tout ce qui est indéterminé, la règle ne peut donner de
détermination précise, au contraire de ce qui se passe dans l'architecture à Lesbos, avec la règle de plomb ; cette
règle, qui ne reste pas rigide, peut épouser les formes de la pierre ; de même les décrets s'adaptent aux
circonstances particulières.
On voit ainsi clairement ce qu'est l'équitable, que l'équitable est juste et qu'il est
supérieur à une certaine sorte de juste.
On voit par là avec évidence ce qu'est aussi l'homme équitable : celui qui.
»
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