Qu'est-ce qu'une preuve? Quels sont les principaux genres de preuves usitées dans les sciences ?
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Qu'est-ce qu'une preuve? Quels sont les principaux genres de preuves usitées dans les sciences?
Ce sujet est l'un des plus importants qu'on puisse donner en logique.
Voici comment on devra procéder pour le bien
traiter.
Je dis à quelqu'un qu'il y a, pour atteindre un lieu donné, un chemin plus court que celui qu'il me propose.
Mon
interlocuteur en doute.
« Je vais, lui dis-je vous prouver ce que j'avance.
» A l'aide d'un dessin sommaire, je lui fais
voir que mon chemin est une droite allant du point où nous sommes au lieu désigné; que le sien se compose de deux
droites inclinées l'une sur l'autre, et formant un triangle avec la mienne; que, dans tout triangle, un côté est plus
court que la somme des deux autres.
Mon contradicteur s'incline devant cette preuve, et reconnaît que j'avais dit la
vérité.
Si, pour une raison quelconque, je ne puis me servir de ce moyen, j'en ai un autre à ma disposition.
Je ferai faire les
deux trajets par mon contradicteur, et il constatera qu'il lui faut plus de temps pour effectuer le sien que le mien.
C'est un autre genre de preuve.
Dans un cas comme dans l'autre, qu'ai-je fait? Comment ai-je déterminé la conviction dans l'esprit de cet homme?
Une proposition par moi avancée lui semblait douteuse, ou même fausse.
Je lui ait fait voir qu'elle était liée
nécessairement à certaines vérités préalablement admises par lui; dans le premier cas, à des vérités abstraites, à
des idées, qui toutes se, ramènent à celle-ci : le plus court chemin d'un point à un autre est la ligne droite; dans le
second cas, à des vérités concrètes, à des faits d'expérience, à des sensations qu'il a éprouvées.
Je définis donc la preuve : l'acte intellectuel qui consiste à rattacher, par une relation nécessaire, une idée
douteuse à une autre connue comme vraie.
Et, de ce qui précède, j'infère qu'il y a deux ordres de preuves : les preuves abstraites, ou par raisonnement, ou a
priori, et les preuves de fait, ou expérimentales, ou a posteriori.
En développant ces idées, on devra insister sur ce point capital : la relation qui unit les idées aux preuves doit être
nécessaire, telle, par conséquent, que l'esprit ne puisse la révoquer en doute.
Ensuite, abordant la seconde partie du sujet, on expliquera que la connaissance scientifique repose sur la preuve,
qu'une science est un système de vérités prouvées.
On recherchera alors quelles sortes de preuves sont requises dans les diverses sciences : preuves de raisonnement
dans les mathématiques, preuves de fait dans les sciences de la nature et dans la plupart des sciences morales.
On
fera remarquer que, cependant, lorsque les sciences de la nature arrivent à un certain degré de développement, et
par suite de généralité, elles peuvent substituer le raisonnement à l'expérience, et procéder par la méthode
mathématique.
Tous ces points seront éclairés par des exemples.
Introduction.
On a défini la science «l'union des travailleurs de la preuve»
(G.
BACHELARD).
Mais qu'est-ce exactement qu'une preuve? Dans quels cas
doit-on prouver? Doit-on toujours prouver? Et comment doit-on le faire?
1.
Nature de la preuve.
A.
— E.
GOBLOT a fort bien défini la preuve en disant que c'est «un fait
purement intellectuel, ou un ensemble de faits purement intellectuels, qui est
la condition suffisante d'un autre fait intellectuel ».
Expliquons cette
définition.
Nos jugements et nos croyances sont souvent déterminés par des
facteurs tout autres qu'intellectuels : préjugés sociaux, tendances diverses,
sentiments, passions, etc.
Mais, si fortes que puissent être parfois ces
influences extra-intellectuelles, elles ne sont pas des preuves, elles ne
constituent pas des raisons logiques d'adhérer à une proposition.
B.
— La preuve est en effet ce qui établit la vérité de cette proposition.
Or,
réserve faite des vérités morales qui pourraient seules ici faire question, «la
vérité, comme le dit encore GoBLOT, est indépendante du caractère, de la
volonté, du sentiment et des passions : toutes les conditions de l'idée vraie
se trouvent dans les seules idées ».
Autrement dit, la vérité est de l'ordre de
l'intelligible ; elle consiste à reconstruire sur le plan des idées ,ou des
concepts ce qui est d'abord aperçu sous forme sensible ou intuitive.
La preuve doit donc se situer, elle aussi, sur ce
plan de l'intellectuel pur.
II.
Où doit-on prouver ?
Ces considérations nous fournissent la réponse à la deuxième question : où, dans quels cas doit-on prouver? D'après
ce qui vient d'être dit, la preuve n'est à sa place que dans le domaine proprement intellectuel, lorsqu'il s'agit d'établir
la vérité.
Par suite :
A.
— La preuve n'a rien à voir dans le domaine extra-intellectuel, c'est-à-dire dans le domaine sentimental, ou
dans le domaine esthétique où il s'agit de beauté et non de vérité ; au sens propre, une oeuvre d'art ne prouve rien
et on ne peut non plus prouver qu'elle a une valeur esthétique ;
B.
— Il existe en outre un domaine supra-intellectuel, celui des vérités religieuses et de la foi ; à proprement.
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