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Qu'est-ce qu'une illusion ?

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« Analyse du sujet : Le besoin de se rattacher à nos impressions, nos sens ou nos sentiments rend difficile l'expérience de l'illusion : elle remet en cause notre perception de la réalité.

Ainsi, l'illusion se présente comme une tromperie déstabilisante dont nous serions la victime bien involontaire (l'exemple de l'illusion d'optique est assez parlant).

L'étymologie du terme rend compte d'ailleurs de ce dynamisme de l'illusion : illudere qui vient de ludere signifiant jouer.

L 'illusion nous manipule ; il y a alors une force de l'illusion dont il faudra examiner la cause.

Aussi, convient-il de cerner précisément la nature et l'origine de l'illusion.

Car le langage courant confond trop facilement erreur, hallucination et illusion.

Quelle est la spécificité de cette dernière ? De plus, il faut prendre en compte la notion d'illusion intellectuelle : pensons au discours des sophistes (tant décrié par Platon) qui illusionne l'auditoire.

Elle nous permettra alors d'affiner la nature de l'illusion en générale et de voir si oui ou non nous avons un moyen d'y échapper. Proposition de plan : 1) La pensée commune confond volontiers erreur et illusion ; le dictionnaire Le petit Robert (sans publicité aucune...) rend synonyme les deux termes : « c'est une erreur de perception causée par une fausse apparence ». Mais l'illusion n'est pas réductible à l'erreur comme nous le montre Kant dans la Critique de la Raison pure, introduction à la dialectique transcendantale.

L'erreur est simplement faute d'inattention, une incohérence par rapport aux règles de la logique.

Ainsi, l'erreur quand on en prend conscience est corrigée.

Ce qui n'est pas le cas de l'illusion.

La connaissance, la prise de conscience de l'illusion ne la fait pas disparaître.

J'ai beau savoir que la lune est à environ 400 000 kilomètres de la terre, il n'empêche que je ne peux faire qu'elle me paraisse à portée de main...

L'illusion et l'erreur sont donc deux sortes de tromperie : la première ne peut être réduite par le savoir, la seconde si. L'illusion me donne donc une apparence trompeuse de la réalité.

Il s'agit dès lors de réfléchir sur cette réalité tronquée.

Car une fois de plus, la doxa se méprend.

L'apparence n'est ni fausse ni vraie (comme l'indique le dictionnaire) mais ne correspond pas à la réalité.

Aussi faut-il considérer avec sérieux le rapport qu'entretient l'illusion avec la réalité. Transition : Si l'illusion me trompe sur la réalité, est-ce à dire que je ne peux pas connaître la réalité et qu'elle me paraît à tout jamais déformée ? 2) Là aussi, il faut se défaire d'une synonymie trop rapide car l'illusion n'est pas hallucination.

Dans ce dernier cas, le réel est entièrement reconstruit, ce qui débouche sur une pathologie mentale.

C'est ce que nous explique Freud dans L'avenir d'une illusion.

Il distingue alors l'illusion de l'idée délirante sur le plan mental, et l'illusion de l'hallucination sur le plan sensible.

Tout comme l'idée délirante, l'hallucination ne coïncide en rien à la réalité et ne peut correspondre à rien en dehors du sujet.

La différence se joue alors sur le mode de la réalisation.

L'illusion, quand bien même est trompeuse face à la réalité, reste de l'ordre du possible.

L'illusion est toujours réalisable.

Pour l'illusion sensible, en reprenant l'exemple de la proximité de la lune, c'est seulement l'interprétation qui est fausse mais le réel n'est pas recréer ; je peux avoir une connaissance exacte, hors de moi, de la réalité de la distance de la terre à la lune, chose qui est impossible dans le cas de l'hallucination. Idem pour l'illusion mentale où, par exemple, une jeune fille s'illusionne en attendant la venue du prince charmant.

Cette imagination relève du possible (quoique hautement improbable) et donc de l'illusion dans la mesure où ce n'est pas une idée délirante puisque la fille sait très bien que le prince charmant n'est pas à ses côtés ; elle a (ou pourrait avoir) finalement une vision assez lucide du réel. FREUD : QU'EST-CE QU'UNE ILLUSION ? Freud différencie l'illusion de l'erreur, et celles-ci du délire.

Constituent des illusions les idées que nous tenons pour vraies parce qu'elles répondent à nos désirs, quel que soit par ailleurs leur rapport objectif à la réalité. « Une illusion n'est pas la même chose qu'une erreur, une illusion n'est pas non plus nécessairement une erreur. L'opinion d'Aristote, d'après laquelle la vermine serait engendrée par l'ordure - opinion qui est encore celle du peuple ignorant -, était une erreur ; de même l'opinion qu'avait une génération antérieure de médecins, et d'après laquelle le tabès aurait été la conséquence d'excès sexuel.

[...] Ce qui caractérise l'illusion, c'est d'être dérivée des désirs humains ; elle se rapproche par là de l'idée délirante en psychiatrie, mais se sépare aussi de celle-ci [...].

L'idée délirante est essentiellement -nous soulignons ce caractère -en contradiction avec la réalité ; l'illusion n'est pas nécessairement fausse.

Une jeune fille de condition modeste peut par exemple se créer l'illusion qu'un prince va venir la chercher pour l'épouser.

Or ceci est possible ; quelques cas de ce genre se sont réellement présentés.

Que le Messie vienne et fonde un âge d'or, voilà qui est beaucoup moins vraisemblable : suivant l'attitude personnelle de. »

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