Qu'est-ce qu'une expérience esthétique ?
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VOCABULAIRE:
EXPÉRIENCE: a) Sens courant (expérience vécue): instruction acquise par une longue pratique des choses
(l'expérience de la vie).
b) Connaissance acquise par les données ou impressions des sens.
c) En science,
observation méthodique et réfléchie de certains phénomènes, en vue de vérifier une hypothèse (synonyme
d'expérimentation).
Esthétique:
Du grec aisthètikos, «qui a la faculté de sentir » ou « qui peut être perçu par les sens ».
Adjectif : relatif au goût, au sentiment du beau (exemple : jugement esthétique).
Nom : science qui traite du beau
et du sentiment que celui-ci fait naître en nous.
Au sens large, philosophie ou théorie de l'art.
L'expérience esthétique ne se confond pas avec la seule perception sensible : c'est une perception dotée d'une
intentionnalité, d'une valeur précises : le beau.
Donc ce sujet suppose de délimiter un champ d'expérience, au risque
sinon de diluer l'expérience esthétique dans toute expérience (ce que risque peut-être celui qui esthétise tout ? il
faut penser ici au dandy, au XIXe par exemple).
Finalement, plus qu'une question de définition, c'est une question
de délimitation, de frontières, de critères pour dire "cela en est ou non".
Peut-on la délimiter à partir d'un critère de
plaisir, ou d'autres critères sont-ils en jeu (voir la distinction kantienne par exemple entre le beau et l'agréable dans
la Critique de la faculté de juger) ? Est-ce que l'expérience esthétique peut être seulement et strictement
subjective ? On tomberait alors dans le relativisme le plus complet.
Donc il faut penser une subjectivité qui puisse
valoir de manière nécessaire, voire universellement.
Si l'expérience esthétique est forcément une expérience de soi
avec les oeuvres, cette rencontre est-elle suffisante pour parler d'un jugement esthétique ? Suffit -il de ressentir ?
Que signifie ressentir si on n'a pas reçu au préalable une éducation pour apprécier ? L'expérience esthétique se
veut, dans une acception romantique, une expérience de l'ineffable, de l'intraduisible, tout en étant expérience
d'une vérité absolue, transcendante.
Que peut valoir une telle position ? Références utiles : Merleau-Ponty,
Phénoménologie de la perception ; Bourdieu, La distinction ; Jean-Marie Schaeffer, L'art de l'âge moderne.
Avoir une expérience dans tel ou tel domaine, c'est faire l'épreuve concrète d'une réalité, qui nous apprend quelque
chose que la simple théorie ne peut pas enseigner.
Ainsi, lorsque l'on occupe un premier emploi, on fait une
expérience professionnelle du domaine dans lequel on travaille, qui apporte une connaissance que celui qui étudie
encore le domaine en question à l'école ne peut pas avoir.
L'esthétique concerne le domaine du beau, et l'on peut
donc entendre par expérience esthétique une expérience du beau.
La question est alors de savoir ce qui caractérise
cette expérience.
Autrement dit que vit-on subjectivement lorsque l'on fait l'expérience de la contemplation d'une
chose belle ? L'expérience esthétique se distingue tout d'abord en ce qu'elle ne vise pas l'utilité (alors qu'on travaille
pour gagner de l'argent, on ne vise rien de particulier en contemplant une œuvre belle), si bien qu'avoir une
expérience esthétique c'est expérimenter une certaine gratuité du regard.
Mais cette expérience suppose aussi une
certaine utilisation de nos capacités intellectuelles, si bien que l'expérience esthétique se donne aussi comme une
certaine manière de penser.
Mais l'expérience esthétique n'est pas qu'intellectuelle, elle mobilise aussi le corps, et se
donne à ce titre comme le retour à un rapport direct entre le corps et le monde.
I.
L'expérience esthétique est l'expérience de la gratuité du regard, qui devant le beau, ne vise aucune
utilité
L'expérience quotidienne est largement orientée sur les nécessités de l'action, car vivre c'est d'abord agir
pour satisfaire les besoins de l'utilité.
Or dans Le rire, Bergson considère que cette orientation a pour conséquence
que l'on ne perçoit pas véritablement les choses qui nous entourent, car on ne cesse d'opérer des simplifications qui
aident l'action (par exemple si l'on veut manger une pomme, on la cherche du regard dans le compotier, et dès que
l'on reconnaît sa forme on l'attrape, sans s'attarder à regarder vraiment les couleurs de sa peau).
Or de cette façon
l'individualité des choses nous échappe (on ne se rend pas compte en quoi cette pomme est unique, ne ressemble à
aucune autre), car elle n'est pas utile à l'action.
De plus, le langage, parce qu'il est symbolique, accentue encore
cette tendance, puisque le mot note seulement la fonction commune entre plusieurs choses (une pomme est
seulement pensée comme bonne à manger).
Mais l'art écarte les symboles pratiquement utiles pour nous mettre
face à la réalité elle-même (sur le tableau je vais regarder la couleur de la peau de la pomme dans ce qu'elle a
d'unique), et nous permet donc d'accéder à une vision plus directe de la réalité.
L'expérience esthétique est donc
l'expérience d'une gratuité du regard, qui nous permet de regarder véritablement les choses.
II.
L'expérience esthétique, parce qu'elle consiste dans une certaine activité de l'esprit, permet d'arracher
les choses à leur disparition.
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