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Qu'est-ce qu'un esprit libre ?

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« VOCABULAIRE: ESPRIT: Du latin spiritus, «souffle» (qui anime la matière). * Dans la langue religieuse (le Saint-Esprit), le souffle ou le principe divin. * Par opposition au corps : principe individuel de la pensée, conscience. * Par opposition à la matière : le monde de la pensée, la réalité spirituelle. * Chez Hegel, l'Esprit (avec une majuscule) est le principe rationnel qui gouverne le monde. Préjugés, illusions, croyances, idéologies constituent des obstacles majeurs à la liberté de l'esprit, d'autant plus difficiles à surmonter que l'esprit ne s'aperçoit pas toujours de ce qui, pernicieusement, l'asservit.

En effet, souvent dupe de ces conditionnements, l'esprit revendique la liberté comme son bien inaliénable, le rendant supérieur au corps soumis, en grande partie, à un mécanisme inconscient.

Dans ces conditions, la liberté à laquelle s'attache l'esprit ne serait-elle pas une illusion de plus qui l'asservirait radicalement ? Mythe ou réalité, pour trancher cette alternative.

la liberté de l'esprit devra être examinée dans une double direction : rétrospectivement.

e quoi l'esprit est-il libre et prospectivement pour quoi et en vue de quoi est-il libre ? Être Incorporel, l'esprit se présente connue ce qui est absolument libre en raison de son indépendance à l'égard de toute matérialité.

La liberté ne serait pas seulement un attribut particulier de l'esprit, mais son essence.

Dieu, comme pur esprit, et les anges, représentants incorporels de Dieu, seraient alors les figures mêmes de l'esprit libre. Dans quelle condition un esprit humain pourrait-il être libre ? « Ni ange, ni bête », comme le dit Pascal, l'homme possède une double nature, spirituelle et corporelle.

Ainsi, l'esprit humain pourrait être dit libre à la condition de pouvoir s'affranchir de son corps.

Un tel affranchissement est-il possible ? Le corps peut être malade, torturé, prisonnier, esclave, l'esprit, lui, semble avoir la possibilité de ne pas être troublé et altéré par ces servitudes corporelles.

En un sens quasi héroïque, Épictète incarne cette liberté de l'esprit. Issu d'une famille serve.

Épictète (philosophe stoïcien du 1er siècle) fut à son tour l'esclave d'Épaphrodite.

Opprimé physiquement, il n'en conserva pas moins l'esprit libre et, une fois affranchi, fit profession de philosophe.

Adepte de la doctrine stoïcienne, il enseigne l'indépendance absolue de l'esprit par rapport au corps en se fondant sur le principe de distinction entre ce qui dépend de l'homme et ce qui n'en dépend pas.

Si les états de mon corps (maladie, santé, souffrance, torture...) ne dépendent pas exclusivement et toujours de moi, tout ce qui appartient à l'esprit (opinion, représentation, volonté, désir, aversion...) est absolument en mon pouvoir.

« Les choses qui dépendent de nous sont libres par leur nature : rien ne peut ni les arrêter, ni leur faire obstacle » ( Manuel, III). La source de tout bien et de tout mal que nous pouvons éprouver réside strictement dans notre propre volonté.

Nul autre que soi n'est maître de ce qui nous importe réellement, et nous n'avons pas à nous soucier des choses sur lesquelles nous n'avons aucune prise et où d'autres sont les maîtres.

Les obstacles ou les contraintes que nous rencontrons sont hors de nous, tandis qu'en nous résident certaines choses, qui nous sont absolument propres, libres de toute contrainte et de tout obstacle, et sur lesquelles nul ne peut agir.

Il s'agit dès lors de veiller sur ce bien propre, et de ne pas désirer celui des autres ; d'être fidèle et constant à soi-même, ce que nul ne peut nous empêcher de faire.

Si chacun est ainsi l'artisan de son propre bonheur, chacun est aussi l'artisan de son propre malheur en s'échappant de soi-même et en abandonnant son bien propre, pour tenter de posséder le bien d'autrui. Le malheur réside donc dans l'hétéronomie : lorsque nous recevons de l'extérieur une loi à laquelle nous obéissons et nous soumettons.

Nul ne nous oblige à croire ce que l'on peut dire de nous, en bien ou en mal : car dans un cas nous devenons dépendants de la versatilité du jugement d'autrui, dans l'autre nous finissons par donner plus de raison à autrui qu'à nous-mêmes.

Enfin, à l'égard des opinions communes comme des théories des philosophes, ou même de nos propres opinions, il faut savoir garder une distance identique à celle qui est requise dans l'habileté du jeu, c'est-à-dire qu'il faut savoir cesser de jouer en temps voulu. Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul ne nous oblige en effet que notre propre volonté. • On peut recommander au candidat la lecture du Manuel d'Épictète qui constitue une bonne approche de la morale stoïcienne. Indépendant de son corps, un esprit libre peut aussi, par sa faculté de penser, s'échapper d'une réalité insatisfaisante et contraignante, tel le rêveur qui a « l'esprit ailleurs ». Il peut encore, en méditant, comme le fait Descartes, éprouver une liberté intellectuelle absolue.

L'esprit peut décider de nier l'évidence et de refuser, au cours d'une méditation, qu'il a un corps, qu'il éprouve des sensations...

« Je penserai que le ciel, la terre, les couleurs, les figures, les sons et, toutes les choses extérieures que nous voyons, ne sont que des illusions et des tromperies » (Méditations métaphysiques, I).. »

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