Qu'est ce qu'on aime quand on aime ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet
Ce sujet qui est formulé sous forme de question a pour but de nous interroger non pas sur l'objet de l'amour mais sur
ce qu'on aime dans l'amour, autrement dit sur ce qui est objet d'amour dans l'amour.
Cette question pour certains se
résumerait à la réponse : « l'être ou l'objet aimé ».
Mais alors pouvons nous à nouveau demander : qu'aime-t-on
dans l'être aimé ? Et ceci nous mènerait dans une régression à l'infini.
Outre cela l'être aimé est un concept bien flou
si l'on se réserve le droit de sortir d'une vision restrictive de l'objet ou de l'être aimé.
Ainsi on le voit cette question
évidente à premier abord ne l'est pas.
Elle va nécessiter de s'interroger sur la notion d'amour.
Concept mystérieux
par son équivocité.
Cette question apparaît comme essentielle dans une civilisation comme la nôtre qui accorde un
poids énorme au romantisme et au sentiment amoureux : de la romance à la Saint Valentin, on le voit l'amour est
partout – mais qu'aime-t-on dans l'amour ?
Retour sur un concept mystérieux : l'amour
Il va s'agir de définir ce concept dont nous pouvons dégager plusieurs acceptions : 1° Concept qui subsume (
contient ) toutes les tendances attractives – la plupart du temps ces tendances n'ont pas pour objet la satisfaction
d'un besoin matériel.
Ex : l'amour filial, l'amour patriotique, amour du jeu...
Notons ici que le concept d'amour peut
contenir en son sein aussi bien une part égoïste qu'une part d'altruisme.
2° L'amour se dit aussi du désir sexuel sous
toutes ses formes.
Ici l'objet visé est la satisfaction sexuelle – à la fois plaisir égoïste et altruiste.
3° Mais l'amour
c'est aussi ce qui s'oppose de façon paradigmatique à l'égoïsme en ayant pour visée le bien d'autrui, la défense
d'une idée à laquelle on est prêt à tout sacrifier : amour de la justice, amour de la connaissance, amour de la
liberté.
Ici le renoncement à tout égoisme prime.
D'après ces trois définitions l'amour semble vaciller entre tendance
égoïste et altruiste.
Distinguons à ce titre trois types d'amour : eros, philia et agapè.
Eros :" Si tout désir n'est pas
amour, tout amour, du moins celui-là, Eros, est bien désir : C'est le désir déterminé d'un certain objet en tant qu'il
manque particulièrement " (PLATON, Banquet) Eros c'est donc un désir né d'un manque.
Le deuxième type d'amour,
philia, a été défini par le philosophe Spinoza.
Il correspond à un amour heureux qui ne manque de rien, un amour que
l'on fait ou que l'on donne.
Le troisième type d'amour agapè est une renonciation à l'ego, à la puissance, au pouvoir.
C'est ce qu'il y a de plus divin dans l'amour, car il correspond à l'amour de Dieu.
« L'amour prend patience, l'amour
rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s'enfle pas d'orgueil , il ne fait rien de laid, il ne cherche pas
son intérêt, il ne s'irrite pas, il n'entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de l'injustice, mais il trouve sa joie
dans la vérité.
Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout.
L'amour ne disparaît jamais.
» (Saint
Thomas)
Problématisation
L'amour est un concept essentiel qui par son ambivalence même – nous l'avons vu - touche tout un chacun.
A la
fois plénitude et manque, donation absolue et égoïsme exacerbé, pardon et jalousie.
Ce caractère plurivoque
déstabilise nécessairement.
Alors quand il nous est demandé : « qu'aime-t-on dans l'amour ? », nous voilà
nécessairement désarçonnés.
Cherche-t-on une satisfaction personnelle, un plaisir égoïste ou le plaisir d'autrui ?
D'ailleurs cherche-t-on même un plaisir ? De plus, dans cette question, ne sommes nous pas nécessairement
confrontés à une régression à l'infini ? Qu'aime-t-on dans l'amour : si je réponds l'objet aimé – une autre question
surgit : qu'aime-t-on dans l'objet aimé...etc? Autrement dit : N'est-ce pas l'ambivalence inhérente à l'amour qui est
objet d'amour ?
Plan :
I.
II.
Aime-t-on simplement l'objet ou l'être aimé dans l'amour ?
N'est ce pas une façon détournée de s'aimer soi-même ?
III.
L'ambivalence mystérieuse de l'amour – une réponse permettant de rompre le cercle vicieux de la
régression à l'infini ?
I.
Aime-t-on simplement l'objet ou l'être aimé dans l'amour ?
1.
Diversité des objets ou des êtres aimés possibles
Les objets d'amour ne manquent pas.
En effet les objets d'amour sont nombreux : on parle d'amour de la
peinture, d'amour filial, d'amour au sens de désir mêlé d'affection ( l'amour de deux amants), d'amour au sens
plus limité de désir sexuel.
Ainsi l'amour peut avoir pour objet une activité, une idée ( liberté, justice,
égalité...etc), un animal, une personne quelle qu'elle soit.
On ne s'étonnera donc pas de l'importance de
notre question quand on voit l'étendue que subsume ce concept.
Attardons nous cependant sur cette forme
d'amour que nous pouvons qualifier d'interpersonnelle.
2.
Agapè : amour altruiste à l'image du créateur eu égard à sa créature
SAINT PAUL, Hymne à la charité.
»
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