Qu'est-ce qui pousse les hommes à entrer en société ?
Extrait du document
«
On décrit souvent la société comme un ensemble d'individu unis autour de valeurs communes basées sur des rapport
d'entraide et d'assistance.
En fait cette description s'interroge sur la société comme un fait , et ne se demande pas
qu'est-ce que pousse les hommes à entrer en société, et si cette « entrée » est souhaitable ?
Tout semble indiquer que la société est avant tout reniement, reniement de sa liberté naturelle, reniement de son
pouvoir de faire ce que l'on veut, sacrifice de l'individu à la collectivité, mais alors quelles sont les contreparties que
la société nous fournit pour que nous ambitionnions à ce point d'en faire partie, bref quelles sont les raisons
essentielles, les causes, les motifs qui forcent les hommes à se décider pour la société ? Peut-être que la société
donne des garanties que le simple individu n'a pas à lui seul les moyens de fournir ? Mais alors quelles sont-elles ?
Nous questionnerons dans un premier temps les raisons psychologiques et même physiologiques qui poussent selon
nous les hommes à entrer en société, pour montrer dans un deuxième temps les raisons sociales et morales.
Pour
finir nous verrons que certains philosophes prétendent que la société serait le fruit de la nature ou de la raison
humaine.
I Les raisons psychologiques et physiologiques
A) La peur
Hobbes dans le Léviathan
Il n'est qu'à comprendre les motifs fondamentaux qui poussent les hommes à
s'associer pour comprendre que ce n'est pas pour une sympathie naturelle
qu'ils s'associent mais pour éviter précisément certains désagréments
inhérents à l'état de nature Par nature, les hommes n'en finissent donc pas de
se quereller : la recherche du profit fait d'eux des rivaux ; le souci de leur
sécurité les rend méfiants ; celui de leur réputation entretient leur fierté.
Chacun a chacun des autres pour ennemi.
C'est la guerre.
Pour avoir la paix, il
faudrait des lois ; pour faire des lois, il faudrait quelqu'un sur qui tout le
monde soit d'accord et dont le pouvoir devienne le pouvoir commun devant
lequel tous s'inclineront.
Comment en arriver là?
La peur de la mort, le désir de ce qui est agréable, l'espoir de l'obtenir,
sont les passions fondamentales qui y poussent les hommes.
Mais il y faut
davantage : l'accord de tous, que seule la raison rendra possible en leur
faisant voir les clauses sur lesquelles il est raisonnable de s'entendre.
B) Le besoin
Rousseau décrit comment c'est le besoin, mais aussi la nature qui poussent les hommes à s'associer dans son
Discours sur l'origine et l'inégalité parmi les hommes
L'accroissement naturel du genre humain induit une distinction des modes de vie selon les lieux et les climats, à
partir de là, la perfectibilité est activée en une « préhistoire » dont la lenteur rend le progrès « presque insensible ».
Les premières idées qui se forment sont la perception dans l'esprit de certains rapports, la pensée en son origine est
donc comparaison (« comparer, c est juger », dira l'Emile) et la conscience de soi prend d'abord la forme d'une
unité générique, celle de l'appartenance des hommes à une même espèce.
L'homme prend conscience de lui-même
dans la distinction et la supériorité de l'espèce humaine par rapport aux animaux.
Ici et là, la rareté et les
difficultés communes réunissent les hommes en un pacte temporaire (la chasse), mais qui n'excède jamais la
convergence d'intérêts présents.
La distinction des familles constitue « la première révolution », et cette
sédentarisation est la source de nouveaux sentiments l'amour paternel et l'amour conjugal, sentiments nés de la
fréquentation régulière et non origine de celle-ci.
Dans la communauté de la vie familiale, des habitudes s'instaurent
et des besoins factices apparaissent, pour la première fois les modes de vie des deux sexes commencent à se
distinguer.
La possession d'un habitat familial n'est encore qu'une occupation de fait, ce n'est pas la propriété qui
procéderait d'un droit; en ce sens, les plus forts ne revendiquent aucune prérogative.
A ce mouvement naturel
s'ajoutent diverses causes fortuites, des catastrophes naturelles qui, en isolant certains groupes humains,
rendent probablement possibles la formation et la stabilisation des langues.
Peut-être le langage a-t-il ainsi une
origine insulaire.
Le regroupement des hommes se poursuit et, en s'unissant à leur tour, les familles finissent par
former des nations, unités organiques d'un mode de vie et de conditions climatiques.
Ces relations suivies
engendrent insensiblement les premières idées mérite et de beauté », et l'amour naissant actualise les inégalités
naturelles restent jusque-là indifférentes.
Peu à peu, les différences de qualité cessent d'être l'enjeu de -rivalité de
fait pour devenir une exigence, la considération est ainsi la revendication : formelle et générale de l'estime publique.
Le dommage volontaire devient un outrage et chacun étant le seul juge de ses intérêts, « les vengeances devinrent
terribles et les hommes, sanguinaires et cruels » ».
II Les raisons sociales et morales.
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