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Qu'est-ce qui fonde véritablement mes règles morales ?

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« Introduction. -La morale c'est, étymologiquement, la recollection des moeurs d'une société donnée.

Ainsi, est morale une attitude déterminée où l'on peut reconnaître les traits caractéristiques d'une société donnée. -Mais la morale ne consiste pas seulement en cette "recollection" : son essence est de constituer une exigence, en tant qu'elle contraint l'agent à agir d'une façon souvent contraire à ses propres penchants ; d'où la dimension d'effort, et donc de contrainte sous-jacente à la morale. -La morale, puisqu'elle constitue une exigence, repose donc sur un fondement qui doit assurer le rôle de critère absolu, à l'aune duquel pourra être jugé le degré de moralité d'une action humaine donnée. -Ainsi, sur quoi faut-il fonder la morale ? Puisque la morale est spécifiquement humaine, faut-il la fonder sur une faculté elle-même spécifiquement humaine ? Ou bien faut-il la fonder sur quelque chose qui déborde la condition humaine elle-même, vers sa condition plus spécifiquement animale ? I.

La morale doit se fonder sur la condition naturelle de l'homme, donc sur la loi du plus fort (le personnage de Calliclès). Platon, dans le Gorgias, fait parler le personnage de Calliclès, dans lequel Nietzsche se reconnaîtra, d'ailleurs, plus tard.

Calliclès part de l'opinion selon laquelle la morale sociale n'est rien, sinon l'expression des faibles pour se protéger des plus forts.

Ainsi, la morale ne saurait être fondée sur une quelconque idée de la justice ou de l'égalité, puisque ce sont là des notions qui vont contre la nature.

La nature, en effet, est tout entière régie par la loi du plus fort, selon lequel tout droit est conquis par le plus fort sur le plus faible.

Une telle morale se fonde ainsi, non sur la condition sociale et politique de l'homme, mais sur sa condition naturelle.

Néanmoins, cette conception souffre d'une contradiction interne, soulevée par Socrate, dans le dialogue de Platon : la morale sociale ne saurait être une morale des faibles, si précisément elle permet de renverser la force des plus forts ; la morale sociale est bien la morale des plus forts. En règle générale, la loi et la nature se contredisent.

D'un point de vue naturel, le plus grand des maux est de subir l'injustice et non pas de la commettre.

Pour la loi, il ne faut pas commettre l'injustice.

Les lois sont ainsi établies par les faibles - et pour eux - en vue de se protéger des débordements de force des plus puissants.

C'est du point de vue des faibles que la loi décrète ce qui est digne d'éloge ou au contraire blâmable.

La notion d'égalité dans la justice obéit au même principe : la même loi pour tous, en établissant une égalité par le bas.

Quiconque n'agit pas comme le fait et le veut la multitude est puni par la loi.

Au contraire, la nature montre qu'il est juste que le supérieur l'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le moins capable.

La nature est le siège d'une lutte de forces, où la plus puissante est destinée à l'emporter et à dominer.

Les bâtisseurs d'Empires n'ont pas autrement agi, en pillant, massacrant, pour s'approprier et dominer.

La soumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, qui craignent les puissants et sont incapables de dominer. II.

La morale est fondée sur la partie rationnelle de l'âme humaine (Aristote / Thomas d'Aquin). La morale, dans sa dimension de contrainte et donc de distance par rapport aux simples instincts et pulsions naturels, constitue une spécificité propre à l'homme.

Il y a donc fort à gager qu'elle doit être fondée sur une faculté qui détermine l'homme spécifiquement.

Or, ce qui détermine l'homme spécifiquement, c'est la partie rationnelle de l'âme, qui se distingue des parties végétative et désirante de l'âme, également présentes chez les plantes et les autres animaux.

A partir de ce principe rationnel, il est possible de distinguer entre deux types de vertus, les vertus morales et les vertus intellectuelles.

Les vertus constituent le comportement de l'homme, lorsqu'il agit en conformité avec le principe rationnel en lui : c'est alors seulement qu'il peut réaliser son essence d'homme. III.

La morale doit être certes fondée sur la raison, mais seulement dans son usage pratique (Kant).. »

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