Qu'est-ce que nous aimons dans l'art ?

« Analyse du sujet : Le sujet pose que l'art est un objet de plaisir, puisque nous l'aimons.

Il faudra s'interroger sur le statut de ce plaisir.

Quel est le sentiment qu'éveille en nous l'art ? Ensuite, il suppose qu'il y a un élément dans l'art qui pourrait être à la base de ce plaisir.

Mais pouvons nous réellement découper l'art en morceaux afin de trouver ce qui nous plaît dedans.

Et si c'était le cas, en isolant cet élément, aurait-on toujours autant de plaisir.

L'art n'est-il pas un tout qu'on ne peut briser ? Proposition de plan : I ] L'art nous rend davantage vivant : L'art éveille en nous le sentiment de la vie Kant : le sentiment esthétique nous fait sentir la vie en nous, nous rend heureux de ce sentiment de vie qui coule en nous et il l'éveille, le stimule. Il nous aide à mieux vivre « L'art doit avant tout embellir la vie, donc nous rendre nous-mêmes tolérables aux autres et agréables si possible : ayant cette tâche en vue, il modère et nous tient en brides, crée des formes de civilité, lie ceux dont l'éducation n'est pas faite à des lois de convenance, de propreté, de politesse, leur apprend à parler et à se taire au bon moment.

De plus, l'art doit dissimuler ou réinterpréter tout ce qui est laid, ces choses pénibles, épouvantables et dégoûtantes qui, malgré tous les efforts, à cause des origines de la nature humaine, viendront toujours de nouveau à la surface : il doit agir ainsi surtout pour ce qui en est des passions, des douleurs de l'âme et des craintes, et faire transparaître, dans la laideur inévitable ou insurmontable, son côté significatif.

» Nietzsche «L'art et rien que l'art! C'est lui qui nous permet de vivre, qui nous persuade de vivre, qui nous stimule à vivre» Nietzsche Il nous transporte, nous extrait d'un monde difficile « La différence qualitative qu'il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, s'il n'y avait pas l'art resterait le secret éternel de chacun.

Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous-mêmes.

» (PROUST, Le temps retrouvé.) II ] Mais on ignore comment : Cependant, on ne commande pas le sentiment du beau, ce n'est pas un « remède » que l'on prend sur commande. L'analyse d'une ouvre ne dit pas comment elle agit sur nous Si l'oeuvre d'art ne produit pas à tous les coups son effet sur nous, c'est peut-être que l'effet n'est pas dans l'oeuvre. Auquel cas, nous n'aimons pas l'art mais le sentiment qu'il suscite en nous, parfois, rien de plus.

D'autre part, le sentiment esthétique kantien ne se trouve pas nécessairement dans l'art, il se trouve même plus facilement au cours d'une balade dans la nature que lors d'une visite de musée. Le sentiment du beau n'est pas dans l'objet mais dans le sujet : dans l'oeuvre d'art, on aime rien, elle n'est qu'un déclencheur. III ] L'art parle à notre esprit sans rien lui dire : Même s'il n'est que déclencheur, l'art est la seule chose à éveiller ainsi notre esprit « A quoi vise l'art, sinon, à nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? » Bergson C'est l'accord de l'homme avec le monde et de l'homme avec lui-même Cf Kant, Critique de la faculté de juger : sentiment esthétique = accord de l'homme avec lui-même, transparence de l'homme au monde (comme un retour au paradis). Extase similaire à la jouissance de connaître, mais sans connaissance, pure liberté Libre jeu de l'entendement et de l'imagination pour Kant, Critique de la faculté de juger. Conclusion : L'art a un statut privilégié car il produit en nous des sentiments inconnus ailleurs.

Mais nous n'aimons pas tant l'art que ces sentiments que nous ressentons.

D'ailleurs, si nous aimions l'art pour l'oeuvre, nous la réifierions, nous ne verrions donc que l'objet d'art.

Nous ne pourrions alors que trouver du joli.

Et si nous pouvons trouver jolie une oeuvre, ce n'est pas là son but.

Le but de l'art est bien de susciter en nous un éveil à nul autre pareil, l'éveil du sentiment de la vie, et l'éveil de notre esprit, en toute liberté, sans soumission à un concept ou à une réflexion.. »