Qu'est-ce que l'idéalisme ?
Extrait du document
«
Introduction.
Le terme d'idéalisme a, en Métaphysique, un sens particulier assez différent du sens vulgaire du mot.
Il s'agit essentiellement d'une doctrine portant sur les rapports de l'être et de la pensée.
I.
Les thèses essentielles de l'idéalisme.
A.
— En ce sens l'idéalisme s'oppose au réalisme, c'est-à-dire à la doctrine qui, avec le sens commun, pose
l'existence de « choses » (res), de réalités étrangères à la pensée, selon laquelle par conséquent l'être et la pensée
sont hétérogènes.
Selon l'idéalisme au contraire, il y a homogénéité entre l'être et la pensée et, par suite, le monde
extérieur n'existe pas en soi, indépendamment du sujet qui le pense.
B.
— On peut dire que c'est DESCARTES qui a ouvert la voie à l'idéalisme moderne.
Révoquant en doute,
provisoirement, l'existence en soi du monde extérieur qui ne lui paraît pas évidente, il reconnaît en effet qu'il y a, en
revanche, une réalité qu'on ne saurait mettre en doute parce que nous la saisissons directement dans le cogito en
tant qu'existence concrète : c'est la pensée.
Celle-ci apparaît donc comme la seule réalité immédiatement certaine
et si, en dernière analyse, DESCARTES finit par affirmer l'existence réelle des corps, ce sera par le détour de la u
véracité divine » qui, seule, selon lui, nous la garantit.
C.
— L'idéalisme proprement dit ira plus loin : pour lui, la pensée sera bien la seule réalité existant en soi, et les «
choses », le monde matériel n'en seront, sous des formes diverses, que les apparences.
L'idéalisme a pris en effet,
dans la philosophie moderne, bien des formes que nous ne pouvons indiquer ici que très sommairement.
RAPPEL: LA MONADE CHEZ LEIBNIZ
Ce terme renvoie à l'unité spirituelle élémentaire dont tout ce qui existe est composé.
La monade est à la
métaphysique ce que le point est à la géométrie à la fois unique et en nombre infini.
Il n'y a pas chez Leibniz de
dualisme (d'un côté l'âme et de l'autre l'esprit).
Mêmes les minéraux ou les végétaux possèdent une dimension
spirituelle ! Il y a des monades douées de mémoire chez les animaux, des monades douées de raison comme chez les
hommes.
Aucune monade ne ressemble à une autre.
Chacune d'elles représente le monde de manière toujours
particulière et plus ou moins claire, à la manière de miroirs plus ou moins bien polis.
A la faveur de la bonté et de
l'omniscience divines, toutes les monades constituent un tout harmonieux, car chacune est comme un monde fermé,
sans portes ni fenêtres, cad sans communication.
Chez LEIBNIZ, il est lié au spiritualisme, mais à un spiritualisme rationaliste.
L'univers n'est fait que de substances spirituelles, de monades.
Mais ces
monades s'échelonnent depuis celles où la conscience est encore sourde, la
pensée encore obscure, jusqu'aux esprits qui possèdent la pensée claire et la
raison; et le monde dit « extérieur », qui est constitué par les « perceptions »
de ces monades, devient, chez ces derniers, un monde rationnel, où règnent
l'harmonie et la finalité.
Chez BERKELEY, l'idéalisme est lié à de tout autres préoccupations.
Il s'agit
avant tout de combattre le matérialisme et, pour cela, on s'efforcera de
démontrer que la matière n'existe pas.
S'appuyant sur une philosophie
empiriste, BERKELEY soutient que toutes les qualités des corps, y compris
l'étendue (en laquelle DESCARTES avait fait consister l'essence de la
matière), n'ont d'autre réalité que celle d'images dans notre esprit et que
toute leur existence consiste à être perçues.
Il ne pourra expliquer les lois de
la nature qu'en admettant une influence directe de l'Intelligence divine sur
nos esprits auxquels elle présente ces images selon les règles qu'elle a
posées.
Berkeley : « Etre, c'est être perçu »
Cette formule de Berkeley peut sembler surprenante puisqu'elle consiste à
n'accorder de réalité qu'à ce que nous percevons.
Dire « Etre c'est être perçu », c'est affirmer que rien n'existe en
dehors de l'esprit, que toute réalité est un esprit qui perçoit.
Nous avons commencé par noter que la perception est
cette activité de l'esprit qui rassemble, qui collecte, or c'est justement la raison pour laquelle Berkeley ne va
accorder de réalité qu'à ce qui est perçu.
En effet, il est impossible de séparer, d'isoler une idée des sensations que
nous éprouvons.
Par exemple, on ne peut pas parvenir à se représenter l'étendue (ce qu'on se représente étendu
dans l'espace) dépourvue de couleur, de même nous ne pouvons pas nous représenter la matière indépendamment
d'une certaine forme, d'une certaine étendue, d'une certaine figure.
Tous les éléments qui composent notre univers,
que l'on pense à la couleur, la saveur, l'étendue, le mouvement…n'ont aucune existence en dehors de la perception
que nous en avons.
L'étendue n'est ni grande ni petite, le mouvement n'est ni lent, ni rapide, ils ne sont donc rien ;
de même je ne puis former l'idée d'un corps étendu qui est en mouvement sans lui donner aussi une couleur.
Quand
nous pensons que la matière ou l'étendue existent seules, nous nous laissons abuser par les mots, par le langage.
Berkeley va répondre à un problème (le problème de Molyneux), qui a suscité de nombreux débats, et qui consistait
à se demander si un aveugle né, recouvrant subitement la vue, pourrait discerner visuellement le cube et la sphère
qu'il sait déjà discerner par le toucher.
Or, ceci serait possible si notre perception nous livrait l'étendue géométrique
abstraite, mais une description des processus de la vision montre qu'il n'en est rien, car nous éprouvons à tout.
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