Qu'est-ce que l'histoire nous apprend sur la nature humaine? ?
Extrait du document
«
Lorsqu'on voit, au-delà de la diversité des époques et des civilisations, la récurrence d'événements similaires
au cours de l'histoire, on peut penser comme Hume que cette dernière, au lieu de nous montrer une variété,
nous renseigne avant tout sur « les principes constants et universels de la nature humaine ».
Mais quels
principes l'histoire nous révèle-t-elle? En suivant les indications de Hume, nous envisagerons les principes qui
intéressent le « philosophe politique » puis le « philosophe moral », avant de nous demander si ces principes ne
recouvrent pas un réel changement.
a.
L'homme est un animal politique
L'histoire nous renseigne avant tout sur des structures sociales et politiques, sur le fait que les sociétés
s'organisent autour de groupes déterminés, avec un certain rapport entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire,
mais aussi entre le politique proprement dit et des institutions comme l'armée, le clergé, les représentants des
intérêts économiques.
Au XXe siècle, les historiens « structuralistes » se sont attachés à réduire les
différentes formes de pouvoir à des structures abstraites afin de pouvoir les comparer malgré les différences
apparentes.
Aristote fait, philosophiquement, la même conclusion.
L'homme est un animal politique (Aristote).
C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que
l'on retrouve en substance la formule d'Aristote.
On traduit souvent mal
en disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens
du mot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la
« polis », la cité, qui est une forme spécifique de la vie politique,
particulière au monde grec.
En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en
justifiant sa position, Aristote, à la fois se fait l'écho de la tradition
grecque, reprend la conception classique de la « cité » et se démarque
des thèses de son maître Platon.
Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement
humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la
« polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».
Il affirme
de même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu :
thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes &
Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas
d'existence autonome et indépendante, mais appartient naturellement à
une communauté politique qui lui est « supérieure ».
Enfin Aristote tente de différencier les rapports d'autorité
qui se font jour dans la famille, le village, l'Etat, et enfin la cité proprement dite.
La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine, « L'homme
est animal politique au suprême degré ».
En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association
minimale qui permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de l'espèce.
Composée du
père, de la mère, des enfants et des esclaves, elle répond à des impératifs vitaux minimaux, à une sphère
« économique » comme disent les Grecs.
« D'autre part, la première communauté formée en vue de la
satisfaction de besoins qui ne sont pas purement quotidiens est le village.
»
Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par la nécessité naturelle de la vie, et ne sont
pas propres à l'humanité.
Le cas de la « polis » est différent.
« Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pour
permettre de bien vivre.
» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins :
sa fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plus
le vivre mais le bien vivre.
Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, qui
dépasse la sphère économique pour atteindre la sphère morale.
« Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentiment du
bien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces
sentiments qui engendre famille et cité.
»
Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéder
à sa pleine humanité.
Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et les
sentiments moraux.
Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est
moins l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que
l'accès à une sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de
viser le bonheur, d'entretenir avec les autres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital.
Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réalité
naturelle, et surtout, qu'elle est antérieure par nature à l'individu.
Cela signifie que l'homme n'est pas.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Dire de l'homme qu'il a une histoire, est-ce renoncer à l'idée de nature humaine ?
- Traité sur la nature humaine - Hume: le moi et l'identité personnelle
- David HUME - Traité de la nature humaine - livre I, quatrième partie, section VI
- Une nature humaine universelle - Hume
- Kant : nature humaine et morale