Qu'est-ce que l'esprit ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
ESPRIT: Du latin spiritus, «souffle» (qui anime la matière).
* Dans la langue religieuse (le Saint-Esprit), le souffle ou le principe divin.
* Par opposition au corps : principe individuel de la pensée,
conscience.
* Par opposition à la matière : le monde de la pensée, la réalité spirituelle.
* Chez Hegel, l'Esprit (avec une majuscule) est le principe rationnel qui gouverne le monde.
L'esprit est une notion obscure parce qu'elle ne se définit que par opposition ou différence avec la matière
considérée comme inanimée.
Pourtant, l'expérience nous montre, à chaque moment que nous, qui sommes matière,
pensons.
Les matérialistes ont donc de solides arguments pour refuser de dissocier le corps de l'esprit.
Cependant nos pensées sont très fréquemment tout autres que nos activités et attitudes corporelles.
C'est
pourquoi nombreux sont les philosophes et les scientifiques qui séparent, comme deux substances, l'âme pensante
et le corps.
Le corps individuel est indéniablement mortel; or la pensée conçoit des « vérités éternelles »,
singulièrement dans le domaine des mathématiques, comment un tel esprit pourrait-il périr?
▪ QUALITÉ OU UNITÉ ?
L'esprit retentit sur le corps, et réciproquement.
C'est ce que montrent nos passions qui entraînent des
modifications biologiques; et les maladies que l'on nomme psychosomatiques, où une perturbation mentale se traduit
par une affection corporelle.
▪ LES MALADIES MENTALES
Les maladies mentales se traitent certes par la parole et le dialogue, mais aussi chimiquement, ce qui prouve la
matérialité de l'esprit.
Cette matérialité est-elle absolue et telle une machine, ou bien laisse-t-elle une place par une
activité spirituelle distincte, comme le réclame l'affirmation du libre arbitre ou de l'autodétermination? Les
connaissances actuelles en neurologie ne permettent pas de répondre avec assurance à ce problème qui reste donc
philosophique et énigmatique.
R.
Penrose, dans The Emperor's New Mind (1991), pose clairement le problème: « Comment se fait-il qu'une
conscience, par l'action de sa volonté, influence effectivement le mouvement des choses matérielles (en apparence
déterminées par la physique) ? [..] Le problème de l'esprit et du corps comporte des aspects passifs et actifs.
Il
semble que nous ayons là sous le nom « d'esprit » (ou plutôt de « conscience )>) une « chose » immatérielle qui,
stimulée par le monde matériel, est aussi capable d'influer sur lui.
» (in John C.
Eccles, Comment la conscience
contrôle le cerveau, Fayard, coll.
« Le temps des sciences », 1997).
Où commence l'esprit?
Le matérialisme radical affirme que tout est matière, et donc que l'esprit n'est qu'un vain mot qui désigne des
opérations biologiques et chimiques.
« Nous "réduirons" certainement un jour par la voie expérimentale la pensée à
des mouvements moléculaires et chimiques dans le cerveau » écrit Engels, le collaborateur de Marx.
Un tel
matérialisme interdit la croyance en la liberté personnelle, mais ne nie aucunement les activités spirituelles comme
les sciences et les arts.
Ce serait donc la matière initiale, celle du commencement de l'univers, qui porterait en elle,
comme potentialités, les activités intelligentes de l'homme qui humanise la nature en même temps qu'il acquiert sa
véritable nature par un inéluctable progrès.
Ce serait donc toute la matière qui serait « spirituelle », et la physique moderne confirme une telle vue qui rejoint
l'animisme qu'on a jugé trop hâtivement « naïf ».
L'idéalisme absolu
Les idéalistes nient l'existence de la matière en soi.
Selon Schopenhauer, il n'existe pas deux mondes, un dans la
tête et un hors de la tête : tout est idée ou représentation.
Ces représentations s'aboliront comme des illusions.
L'Être est un pur esprit impersonnel, et les choses dites « matérielles » sont assimilables à des égarements, des
erreurs qui n'auraient jamais dû apparaître.
Matière et esprit
Sir John Eccles, prix Nobel de médecine, a montré dans son livre (op.
cit.) comment l'on peut expliquer, en ayant
recours à la physique quantique qui étudie l'infiniment petit, que l'expérience mentale immatérielle, et cependant liée
aux organes cérébraux, interagit avec les structures neuronales.
Une indication mentale prépare telle aire du
cerveau, par excitation ou dynamisme, à une réponse adéquate.
La différence entre matière et esprit est ainsi
réconciliée sans dualisme radical..
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