Aide en Philo

Qu'est-ce que le sentiment de l'honneur ? Peut-il remplacer l'idée du devoir comme règle absolue et obligatoire de la conduite ?

Extrait du document

« Qu'est-ce que .le sentiment de l'honneur ? Peut-il remplacer l'idée du devoir comme règle absolue et obligatoire dé la conduite ? Certains philosophes ont proposé de substituer au principe du plaisir, de l'intérêt ou du sentiment, comme base de la morale, le principe de l'honneur.

Rappelons d'abord l'origine et l'évolution de se sentiment. A.

Origine et évolution du sentiment de l'honneur.

— Le sentiment de l'honneur a son origine dans cette tendance naturelle qui poussé l'homme à rechercher l'estime de ses semblables.

Sous l'influence de cette tendance il s'établit bientôt, dans certains milieux sociaux, des courants d'idées approuvant certains actes, traitant les .autres avec mépris Delà une sorte de code ayant pour sanctions l'estime ou le mépris de ses pairs. Rappeler que ce sentiment s'est surtout développé dans le moyen âge.

L'honneur était la loi du chevalier et l'idéal du gentilhomme : il donna naissance au point d'honneur et à toutes les extravagances qui en découlent. -- Insensiblement, surtout depuis la Révolution, le sentiment de l'honneur s'étend :à toutes les classes de la vérité.

Le bourgeois.

le marchand, l'ouvrier, le paysan y font appel comme le noble.

On y voit apparaître les expressions : faire honneur à sa signature, l'honneur du commerçant.

Tout le monde peut invoquer sa parole d'honneur ; chaque père de famille tient à transmettre a ses enfants un nom honorable.

— Le mot, a pris ainsi un sens plus large ; il est devenu le souci de la dignité personnelle, avec la préoccupation de mériter l'estime d'autrui et de conserver intacte sa réputation. B.

— L'honneur comme principe de conduite.

— Sans doute le sentiment de l'honneur bien compris mérite toutes sortes d'éloges.

et peut devenir un puissant auxiliaire pour l'accomplissement du devoir.

On ne saurait cependant les confondre. a) En fait, l'honneur est parfois manifestement opposé au devoir.

La petite loi artificielle de la caste l'emporte sur la grande loi naturelle de l'humanité.

(Exemples : le duel ; on ruine femme et enfants pour payer une dette de jeu, parce que c'est une dette d'honneur et qu'une telle dette est sacrée). b) En droit, l'honneur humain n'a aucun des caractères de la loi morale.

Il n'est ni obligatoire, ni universel, ni immuable ; il varie de peuple à peuple, d'homme à homme, suivant les temps et les circonstances.

(Exemples : Le Peau-Rouge met son honneur à scalper son ennemi vivant; le Corse, à tirer d'une offense une vengeance éclatante ; le chevalier du moyen âge, à.

lutter sous les yeux de sa dame dans les, tournois, etc.). Remarquer d'ailleurs que cette règle de conduite ne porte que sur des.

actes extérieurs, qu'elle est absolument inefficace quand il s'agit de nos: pensées secrètes et des actions accomplies loin de tout regard.

Ce qui a fait dire à J.-J.

Rousseau : "Défiez-vous de l'honneur humain ; c'est bien peu de chose quand le soleil est couché." C.

— On insiste en taisant remarquer que ce n'est là qu'un faux-honneur, c'est-à-dire en somme le respect humain.

Mais il y a un honneur véritable qui consiste à mépriser toute action honteuse, dût-elle n'être jamais connue ni soupçonnée. D.

— Même ainsi entendue l'honneur ne doit pas être confondu avec le devoir.

Il ne faut pas oublier en effet que le devoir commande avec.

une autorité souveraine, supérieure à l'homme ; il est un ordre absolu, catégorique, indépendant de toute considération personnelle.

L'honneur, au contraire, s'il ne nous oblige que d'après nous-mêmes, d'après l'idée que nous nous faisons de notre dignité, devient relatif à notre personne. Outre qu'il laisse le champ libre à toutes les interprétations individuelles, il perd tout caractère vraiment moral, car il n'y a d'acte moralement bon que celui que l'on accomplit par respect pour la loi.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles