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Qu’est-ce que le Réel ?

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« Définition des termes du sujet : La question « qu'est-ce que » demande une description et une définition, elle concerne la nature ou l'essence d'une chose. Ce qu'il s'agit ici de décrire ou de définir, c'est le Réel, ce qui suppose que l'on se demande ce qui constitue, de fait, le Réel, mais aussi peut-être ce que signifie l'existence du concept même de Réel.

La première définition qui vient à l'esprit est celle du Réel comme ensemble des choses existantes, perceptibles et connaissables par nous, ce qui reprend l'étymologie latine du mot (« réel » vient du latin « res », la chose).

Le Réel concerne les choses telles qu'elles sont (on pourra ainsi se demander ce que signifie le fait de dire de quelqu'un qu'il n'a « pas le sens du réel »).

Il peut alors s'opposer à l'imaginaire, à l'irréel.

Mais quel statut donner alors à l'imaginaire ? Il a une forme d'existence ; alors ne peut-on pas affirmer, plutôt, que tout ce qui vient, d'une manière ou d'une autre, à l'existence, que ce soit d'une manière effective et/ou matérielle ou non, a, d'une certaine manière, trait au Réel ? Dans ce cas toute création de l'imaginaire aurait une forme de réalité. Il y aurait alors matière à distinguer différents niveaux du Réel, ou à exclure certaines choses pourtant existantes de la définition du Réel : certaines choses pourraient ne pas avoir un degré de réalité suffisant pour pouvoir prétendre appartenir au Réel. Par quels moyens définir le Réel ? Peut-on se contenter de ce que notre perception nous offre ? Faut-il penser le Réel comme unique, ou concevoir quelque chose comme « des » Réels différents ? Quels critères donner au Réel ? Ce sont des questions qui accompagnent inévitablement toute entreprise de définition du Réel, et qu'il faudra prendre au sérieux. On pourra choisir d'élaborer une définition du Réel ou bien pour lui-même, de manière positive, ou bien de manière négative, par opposition à d'autres concepts comme par exemple le concept d'imaginaire. INTRODUCTION.

— On peut considérer la métaphysique comme la partie de la philosophie qui a pour rôle de chercher où est le réel et quel est le degré de réalité des divers objets de connaissance qui s'offrent à l'homme.

Mais encore faut-il s'entendre sur la signification de ces mots.

Aussi, nous allons nous demander ce qu'il faut entendre par « réel » et par « réalité ». I.

— QU'EST-CE QUE LA RÉALITÉ ? A.

L'étymologie.

— Pour déterminer le sens des mots, il convient de recourir d'abord à l'étymologie, qui est ordinairement très éclairante.

« Réel » dérive de « res », chose.

La réalité est donc le caractère de ce qui est une chose ou, dans l'acception concrète du terme, la chose elle-même.

Mais que faut-il entendre par « chose » ou par « Res » ? a) Dans le vocabulaire juridique, les choses s'opposent aux personnes : une maison, de l'argent, un grade militaire ou un titre universitaire sont des choses. Mais cette distinction ne peut pas nous être d'une grande utilité, car les personnes, aussi bien que les choses, sont réelles, font partie de la réalité. b) Dans le langage ordinaire, « chose » aussi bien que « res » sert à désigner les objets de pensée les plus divers.

D'abord, sans doute et avant tout, les objets du monde inanimé : normalement, en effet, nous ne faisons pas entrer les animaux ni même les végétaux parmi les choses.

Mais dans le De natura rerum, LUCRÈC E traite de l'origine des vivants aussi bien que de la formation des astres, et, lorsque nous attribuons à Dieu la formation de « toutes choses », l'homme lui-même est compris dans ces choses.

De plus, les mots « chose » et « res » servent à désigner des actions, des événements ou des situations : « On ne fait pas de grandes choses sans passion », disons-nous, ou encore, rencontrant le témoin d'un incident qui nous intéresse, nous demandons : « Racontez-moi la chose »; nous parlons des « choses humaines », de la « chose publique ».

Enfin, le mot « chose » nous sert à désigner jusqu'à des pensées : d'une dissertation pauvre d'idées, je dirai qu'elle ne contient pas grand chose, tandis que d'une autre je dirai qu'elle est pleine de choses. Il ne semble donc pas que l'étymologie puisse nous aider à préciser la signification des mots « réel » et « réalité ».

Mais peut-être est-ce déjà un service appréciable que de nous préparer à nous contenter d'une certaine imprécision. B.

Acceptions diverses.

— En effet, comme les substantifs « res » et « chose », le mot « réalité » est pris en divers sens, et parfois il est difficile de préciser, dans un contexte donné, sa signification exacte. a) Dans son acception abstraite, qui est l'acception primitive, « réalité » désigne, non pas des choses ou des faits, mais le caractère de ce qui est réel, c'est-à-dire existe.

Dans ce cas, « réel » s'oppose à « apparent » ou à « illusoire », à « imaginaire » ou à « mensonger ».

« Réalité » est alors synonyme de « vérité » ou de « certitude ».

Le juge d'instruction a pour Tôle de contrôler la vérité ou la réalité des faits imputés à l'accusé.

Les esprits critiques doutent de la réalité des apparitions ou encore de la réalité de ces animaux fantastiques, que certains disent avoir aperçus et dont les populations s'effraient. On le voit d'après ces exemples, quand on parle de la réalité des choses, on se réfère toujours à l'idée que nous nous faisons d'elles, ou aux affirmations que nous portons sur elles, C es idées et ces affirmations, en tant que telles, font bien partie de la réalité, sinon physique, du moins mentale, car il est bien vrai, par exemple, que l'enfant croit au loup-garou et le redoute; mais elles peuvent ne pas correspondre à des choses réelles hors de l'esprit; c'est pourquoi il faut faire la critique de nos représentations et vérifier la réalité — au sens abstrait — des objets auxquels elles se rapportent. b) « Réalité » est plus ordinairement pris dans son acception concrète et désigne ce qui existe indépendamment de l'idée que nous pouvons en avoir.

Dans ce cas, « réel » s'oppose à « possible ».

On entend par « possible » ce qui, n'impliquant pas de contradiction, existera lorsqu'une cause adéquate l'amènera à l'existence; par exemple, dans un tas de pierres, on peut voir un mur possible, qui deviendra réel lorsqu'un maçon aura disposé les pierres, en forme de mur.

Le possible n'existant que dans l'esprit qui se représente son existence, « réel » s'oppose aussi à « idéal » ou, plus exactement, à « idéel », néologisme créé précisément pour désigner ce qui n'existe que dans la pensée sans présenter le caractère de perfection impliqué dans « idéal » ou en faisant abstraction de cette perfection. La réalité ainsi comprise, c'est d'abord le monde matériel : la matière est ce qu'elle est indépendamment de l'idée que nous nous faisons d'elle, et son existence s'impose à nous avec une telle force que les sceptiques les plus convaincus ne parviennent pas à la tenir dans la pratique pour irréelle.

Tout naturellement, nous voyons dans ce qui se touche et se voit le type même de la réalité. Mais il est aussi des réalités immatérielles : non seulement Dieu et l'esprit où l'âme, du moins pour les philosophes spiritualistes, mais encore les faits psychiques.

Nous disons par exemple que, dans le domaine de la psychologie, l'introspection seule atteint la réalité, tandis que les autres modes d'observation ne nous font connaître que les signes des faits qu'étudie le psychologue.

Quand je vous prête un sentiment que vous n'éprouvez pas, je déforme la réalité, tout comme lorsque j'affirme l'existence d'une maison là où il n 'y en a point. C.

Essai de définition.

— En somme, « réel » est à peu près synonyme de « existant », et, par « réalité », nous pouvons entendre ce qui existe ou l'ensemble des existants.

On appelle « réaliste » celui qui voit les choses comme elles sont, sans faire abstraction de rien, et tient compte de toutes les données de l'expérience, tandis que l'idéaliste vit au moins en partie dans le rêve.. »

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