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Qu'est-ce que le génie artistique ?

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« Termes du sujet: GÉNIE: a) Disposition innée, aptitude naturelle pour une chose (le génie des affaires).

b) En art, dispositions permettant de rompre avec une tradition esthétique et de faire preuve de créativité et d'originalité. ART: 1) Au sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel).

2) Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'est-à-dire à susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive. Oeuvre d'art : ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté. Contrairement à d'autres objets de réflexion esthétique, le génie est difficilement réductible à une définition arrêtée.

Comment, en effet, donner en quelque sorte la recette, répétable de ce qu'est le génie,alors que celui-ci est par définition quelque chose de transcendant, d'hors- norme, incommensurable aux restes des capacités humaines.

On peut donner des exemples d'œuvres ou d'artiste géniaux, mais là encore l'écueil est de déterminer clairement par des critères ce qui peut être génial de ce qui ne l'est pas.

A partir de quand est-on un génie ? Dans quels domaines les génies sont les plus identifiables ? Les intuitions géniales sont-elles plus frappantes dans l'art ou les sciences, y- a- t-il des génies en politiques, en philosophie, en sciences humaines ? 1) La définition d'un génie. Loin de s'accrocher à la matérialité des sensations et à l'objectivité des souvenirs, l'homme de génie trouve des motivations d'un autre ordre que le reste des hommes.

L'universalisation de la sensibilité, l'amplification de la mémoire et de l'imagination, l'exaspération de la vision engendrent chez lui le désir de « donner corps aux fantômes » qui le hantent.

S'efforçant de définir cette « je ne sais quelle qualité d'âme particulière » qui est propre au génie, l'esthéticien ne trouve aucun terme qui lui convienne ; mais il évite cependant une réduction définitive au mystérieux physiologique dans la mesure où il dote le génie de « l'esprit observateur », qui possède lui-même quatre caractères : la spontanéité, la divination, la diversification, la faillibilité.

Le génie est ce vrai « sixième sens » que cherchait Hutcheson.

Kant définit le génie comme « talent ou disposition innée par laquelle la nature donne des règles à l'art ».

L'ingenium du génie ne ressemble à aucun autre ; et il devient par là même source d'une nouvelle mesure pour le jugement.

Mais, si le génie donne ses règles à l'art, il le fait en tant que nature, c'est-à-dire sans passer par l'intermédiaire de la catégorie comme source de détermination.

Causalité aveugle, puisque dépourvue de concept, il ignore les conditions de sa création.

Mais sa fantaisie « court d'un bout de l'univers à l'autre pour rassembler les idées qui lui appartiennent ».

Et ce qu'on appelle génie n'est, pour reprendre l'expression de l'éveilleur de Kant, Hume La faculté de représenter des Idées esthétiques est le génie.

Mais le génie est lui-même un présent de la Nature : c'est donc la Nature qui se révèle dans et par l'art ; et elle ne se révèle jamais mieux que dans l'art, dans l'unicité des œuvres du génie. 2) Le génie selon Schopenhauer. Invoquant assez abusivement Platon, Schopenhauer appelle idées les formes sous lesquelles se diversifie et s'objective la volonté une.

C'est ainsi que, comme l'étymologie le suggère, à chaque « espèce » animale du monde phénoménal correspond métaphysiquement une « idée ».

Il en est de même des forces naturelles (distinguées des causes).

Dans l'exemple de la pesanteur, la force est traduite aussi bien dans les lois de la physique que dans une construction architecturale.

Dans un cas, elle est donnée à comprendre scientifiquement, techniquement, dans l'autre elle est donnée à voir intuitivement dans l'équilibre des colonnes et de l'entablement, comme elle le serait dans le spectacle sublime d'un paysage de montagne.

La connaissance par les idées se distingue donc radicalement de la connaissance par les concepts, ces outils intellectuels subordonnés aux fins sans fin du vouloir- vivre individuel.

L'homme ordinaire, toujours affairé, est le plus souvent incapable d'échapper à l'objectivité utilitaire des phénomènes, incapable de s'arrêter à la contemplation de la chose même, de son essence comme objectivation du vouloir.

C'est au génie qu'il appartient, par un développement exceptionnel de l'intellect, d'accéder à l'idée et de devenir pur sujet de connaissance d'un pur objet.

L'œuvre d'art, qui communique à un large public cette connaissance, vaut donc non pas en tant que création (qui ne serait qu'exaltation de la volonté), mais comme la possibilité d'une expérience métaphysique qui nous délivre momentanément de la « roue d'Ixion » de la causalité phénoménale.

Qu'il s'agisse d'un spectacle naturel, d'un monument, d'un tableau peint, d'un poème, le plaisir pur, désintéressé, est à la fois affranchissement du sujet connaissant et jouissance intuitive de la chose même. D'ailleurs, il existe un art capable d'atteindre directement la volonté elle-même, sans passer par l'objectivation de l'idée : « La musique nous donne ce qui précède toute forme, le noyau intime, le cœur des choses.

» Elle est le plus profond, le plus puissant de tous les arts.

Nul mieux que Schopenhauer n'a justifié la signification universelle du génie de Mozart et de Beethoven.

Bien au-delà d'une sentimentalité individuelle, c'est le monde même, comme volonté, qui est répété dans ses harmonies et ses dissonances.

En dehors de tout concept, le langage immédiat de la musique est « un exercice métaphysique inconscient ». 3) Résoudre le problème de la définition du génie. Nombreuses ont été depuis Kant (et pourquoi ne pas dire : depuis Platon ?) les théories du «génie », auxquelles les artistes parfois se sont prêtés avec complaisance.

Est-ce à dire que l'esthétique comme étude de la réception doit se conjuguer, comme le proposait Valéry et par la suite Gilson, avec une poétique comme étude de la création ? Sans doute ; mais cette poétique peut elle-même s'engager sur deux voies différentes, selon qu'elle se réfère. »

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