Qu'est-ce que le formalisme moral ?
Extrait du document
«
INTRODUCTION
Définition des termes et problématisation : La définition du formalisme moral est problématique car elle met
aux prises les obligations et les faits, qui sont le contexte d' application des premières.
En ce sens à travers
l'élucidation du formalisme moral nous touchons à la question du rapport entre le devoir-être et l'être.
Le formel est
synonyme d'a priori ou encore d'inconditionné, de pur.
Le formalisme moral tend à fonder la morale sans en référer
aux conditions de l'expérience.
Seule la raison serait à la source de la morale qui ne pourrait être conditionnée par
les faits sans devenir corrompue.
Pour analyser l'expression formalisme moral nous procéderons en trois temps.
Tout
d'abord il s'agira de déterminer les fondements du formalisme moral, pour dans un second temps les interroger.
Enfin
il faudra répondre à la question suivante : comment le formel peut-il se réconcilier avec l'effectivité ?
Première partie : Les fondements du formalisme moral.
1.1 Pourquoi une action, pour être vertueuse, ne doit pas viser le bonheur.
Le formalisme moral insiste sur l'exclusion existant entre une morale pure et l'expérience contingente.
Pour
qu'une morale soit viable il ne faut en aucun cas qu'elle soit conditionnée par l'expérience sans quoi ses principes
purs deviendraient corrompus.
« L'eudémoniste nous dit que ce plaisir, que ce bonheur est le véritable principe
moteur qui conduit l'homme à agir vertueusement.
Le concept du devoir ne déterminerait pas immédiatement sa
volonté, mais ce serait seulement par la médiation du bonheur qu'il vise que l'homme serait conduit à faire son
devoir.
Cependant il est clair, puisque l'homme ne peut se promettre cette récompense de la vertu que de la
conscience d'avoir fait son devoir que cette conscience doit être ce qui vient en premier ; c'est-à-dire que l'homme
doit se trouver obligé de faire son devoir avant même qu'il pense, sans même qu'il pense, que le bonheur sera la
conséquence de l'observation du devoir.
» KANT, Doctrine de la vertu.
1.2 Le principe moral doit être formel et inconditionné.
« C'est en effet dans l'indépendance à l'égard de toute matière de la loi (c'est-à-dire à l'égard d'un objet
désiré) et pourtant, en même temps, dans la détermination de « l'arbitre » par la simple forme législatrice universelle,
dont une maxime doit être capable, que consiste l'unique principe de la moralité.
» KANT, Critique de la raison
pratique.
1.3 Critique de l'éthique-des-biens.
Concevoir l'éthique comme éthique-de-buts consiste à lui attacher des biens censés guider l'action morale.
Cependant la nature de ces buts n'est pas nécessairement morale, il se peut que je prenne pour un bien ce qui n'est
qu'une fin intéressée.
En ce sens l'éthique se réfère moins aux buts poursuivis par l'individu qu'à sa manière de les
déterminer porté par une intention bonne ou mauvaise.
« Si nous ignorons la manière dont un but a été assigné et
les étapes où l'on est passé pour l'assigner, nous ne serons jamais en mesure de découvrir, dans les simples
contenus-de-buts, des caractères communs, qui permettraient de dire que tels buts sont bons et tels autres
mauvais.
Les concepts de bon et de mauvais ne sont donc tirés d'aucune façon des contenus-de-buts empiriques.
Si nous ne connaissons que le but lui-même, et non point la manière dont il a été posé, il n'est aucun but qui puisse
être bon ni mauvais.
» SCHELER, Le formalisme en éthique et l'éthique matériale des valeurs.
Transition : La figure philosophique à laquelle on rapporte généralement le formalisme moral est Kant.
Selon
lui la morale pour être doit être épurée du caractère conditionné de l'expérience.
La morale doit pouvoir découler de
la raison afin qu'elle soit dite pure ou formelle.
Cependant le risque réside dans la stérilité possible de cette morale
déconnectée du réel.
Deuxième partie : Un formalisme moral stérile.
2.1 L'éthique matérielle irréductible à l'éthique-des-biens.
Après avoir souligné la pertinence du rejet d'une éthique-des-biens Scheler précise qu'il n'entend pas par là
condamner l'éthique matérielle, celle-ci ne pouvant être réduite à l'éthique-des-biens.
Il regrette que Kant ait fait un
tel raccourci.
Ce que conteste Kant est la possibilité pour l'expérience d'être à l'origine de la constitution de valeurs
morales.
2.2 Ecart entre théorie et pratique.
Charles Péguy à propos du formalisme kantien en conclut certes à la pureté de ses mains mais surtout à leur
ineffectivité, voire à leur irréalité.
Le piège du formalisme moral réside dans la fuite du monde réel qui pourtant
s'avère être le seul lieu possible de l'action.
La pureté de la morale kantienne la rend irréalisable.
2.3 Critique de la belle-âme..
»
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