Qu'est ce que le bonheur ?
Extrait du document
«
Qu'est-ce que le bonheur ?
Analyse :
• Dans son processus d'adaptation au monde, l'animal utilise le plaisir et la peine qu'il ressent pour fuir le danger et
rechercher le nécessaire.
L'objet de sa recherche est donc éphémère et limité à la seule satisfaction des besoins.
L'homme, pour sa part, est conscient d'un manque, celui d'un état qui diffère du plaisir en ce qu'il contient une
satisfaction durable et d'étendue plus vaste.
• D'après le Grand Larousse, le bonheur est un « état dans lequel sont satisfaites toutes les aspirations de l'être ».
La satisfaction de « toutes les aspirations de l'être » est donc plus vaste qu'un plaisir physique ou intellectuel.
Il
comprend la sécurité de ses biens et de sa personne, la liberté d'expression, le pouvoir d'achat etc...
Etant plus
vaste, il est aussi plus durable.
Que serait un bonheur présent au lever du jour et absent le reste de la journée ?
• Cette distinction entre le plaisir et le bonheur permet d'élargir le questionnement.
Le problème de la nature du
bonheur est lié étroitement à celui de son existence et des moyens pour l'atteindre.
Il apparaît en effet que cet état
de satisfaction absolu contraste singulièrement avec notre condition, celle que nous expérimentons quotidiennement
avec ses incertitudes et ses angoisses.
Si le doute subsiste quant à son existence, il convient d'interroger les
différentes voies qui prétendent le réaliser.
• L'étymologie du terme « bonheur » peut indiquer deux grandes orientations dans sa quête.
Le bonheur se compose
de l'adjectif « bon » et du nom « heur ».
Ce dernier vient du latin « augurium » qui signifie « présage (favorable ou
non) », d'où « chance (bonne ou mauvaise) ».
Le bonheur est donc la bonne fortune.
Il renvoie aux évènements
extérieurs que l'on juge bienfaisants.
Dans son étymologie grecque, le bonheur renvoie au terme « eudaïmonia » qui
a donné le mot « eudémonisme » par lequel on désigne les philosophies antiques qui font du bonheur le but de
l'action.
Or « eudaïmonia » se décompose en « eu » et « daïmonia » qui signifient respectivement « bon » et « génie
intérieur ».
Plutôt qu'aux évènements extérieurs, le bonheur désigne ici la direction intérieure à prendre pour
atteindre la félicité.
Or ces deux approches sont-elles conciliables ? Y-t-il un accord possible entre l'évènement
extérieur et la direction intérieure ?
Problématique :
Le bonheur, en tant qu'état de satisfaction complet et durable, n'est-il pas ce qui donne tout son sens à la vie ?
Mais ce monde terrestre ne contredit-il pas fondamentalement toute recherche du bonheur, faisant de lui, non
l'objet d'une quête réaliste, mais d'une espérance ? Or, condamner ce monde, n'est-ce pas se couper de la vie et
s'interdire de comprendre la souffrance sans laquelle il ne peut y avoir de joie proprement humaine ?
1-En tant qu'état de satisfaction complet et durable, le bonheur est à rechercher pour lui-même, car il
donne sens à la vie.
• Au début de l'Ethique à Nicomaque, Aristote distingue les fins que nous
souhaitons pour autre chose qu'elles-mêmes et celles que nous souhaitons
pour elles-mêmes.
Ainsi n'apprenons-nous pas l'art médical pour lui-même,
mais parce qu'il rétablit la santé.
Il existe donc des fins que nous désirons
parce qu'elles sont des moyens pour atteindre des fins jugées désirables en
elles-mêmes.
Or le désir humain se représente une fin vers laquelle tendrait
toutes les autres et qui serait absolument désirable en elle-même.
Cette fin,
c'est le bonheur.
• Mais cette fin absolument désirable en elle-même est-elle un fruit du
hasard, comme le suggère son étymologie « bon » et « heur » ? Dans ce cas il
reviendrait aux évènements extérieurs de prendre en charge ce que nous
désirons le plus profondément.
Bien évidemment, cette prise en charge ne
peut être absolue et réclame l'exercice de notre volonté.
Seul le bébé laisse
au monde l'entière responsabilité de le combler.
Mais l'adulte use de sa
volonté de conquête pour rechercher hors de lui ce qu'il croit le combler.
Il
travaille pour subvenir à ses besoins.
Il crée des institutions pour se protéger.
• Or, même si c'est volontairement et en exerçant une maîtrise sur le monde
que l'homme cherche hors de lui le bonheur, il n'en demeure pas moins que
toute visée d'une fin extérieure introduit du hasard et rend la satisfaction
instable.
Il est remarquable de constater que l'homme moderne voit toutes les
sécurités laborieusement conquises dans la journée s'effondrer le soir devant
son journal télévisé.
Il redécouvre la mortalité des corps et l'inconstance des hommes.
• Contre l'avis commun qui cherche le bonheur dans une fin extérieure, la sagesse antique préconise la modération
des désirs.
Deux écoles philosophiques peuvent être évoqués.
L'épicurisme prétend atteindre le bonheur en limitant
les désirs aux seuls désirs naturels et nécessaires.
Le stoïcisme pose comme règle nécessaire et suffisante d'une vie
heureuse le désir des choses qui dépendent de nous.
En effet, dans le Manuel, Epictète nous avertit que soumettre
sa vie à « ce qui ne dépend pas de nous », c'est une pure folie.
Car c'est remettre son bonheur entre les mains de
ce qui créera son malheur.
Inévitablement, la fortune nous refusera ce qu'on désire et nous mettra en face de ce
que l'on fuit..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Texte de Hobbes : Explication de texte - Thèmes : le désir, le bonheur , la définition du bonheur
- « Le bonheur est une fin en soi » ARISTOTE
- Le bonheur est-il une question de chance?
- FICHE BAC : DESIR-BONHEUR
- Le bonheur (cours manuscrit)