Qu'est-ce que la philosophie et à quoi sert-elle ?
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Note préliminaire :
Ce sujet semble un peu tordu, car il pose deux questions distinctes, qui peuvent se décliner en une multitude de
problématiques différentes.
D'un coté on nous demande ce qu'est la philosophie, ce qui la définit, ce qui fait son
essence, ce qui en fait une discipline si particulière, et si dure à définir.
De l'autre, on interroge cette nature sur son
utilité.
La deuxième question (celle de l'utilité) devrait être traitée à part, car elle semble rejoindre la critique qui est
souvent faite à la philosophie, c'est à dire celle de son inutilité apparente.
Il s'agirait alors d'interroger les rapport
entre deux notions : l'utilité, et la valeur de la philosophie.
Mais comme le sujet est : "qu'est-ce que la philosophie et à quoi sert-elle ?", nous essayerons de traiter les deux
questions dans un même mouvement, en donnant quelques pistes de réflexion.
Le sujet en dit d'ailleurs long sur notre époque.
Mais cela est une autre question (que l'on pourrait par exemple
aborder uniquement en conclusion, afin de ne pas faire de hors-sujet).
Introduction
Ni connaissance objective, ni savoir faire précis, ni technique, la philosophie est avant tout un regard critique porté
sur soi, sur les choses et sur les idées que nous nous en faisons, un élan d'abstraction qui met en branle l'homme et
le questionne sur sa place dans le monde.
Contrairement à ce que suppose une certaine acception commune et
triviale du mot "philosophie", faire de la philosophie ne consiste pas à s'évader, à "avoir la tête dans les nuages", à
s'abstraire d'un monde qui nous dépasserait comme pour le fuir, mais au contraire elle consiste à le regarder
autrement — c'est ce que montre par exemple la fameuse "allégorie de la caverne" de Platon, bien connue des
étudiants en philosophie.
Mais alors se pose la question de son utilité : puisque la philosophie n'apporte pas de
savoir dogmatique, de formule toute faite, puisque la philosophie, contrairement aux sciences par exemple, ne
semble pas fournir pas d'ensemble théorique "prêt à l'emploi", alors quelle est son utilité ? A quoi sert la philosophie ?
Et quelle place occupe-t-elle dans notre monde, qui semble tout entier tendu vers l'efficacité et le résultat ?
Il est impossible de donner une réponse toute faite à ces questions fondamentales, pour la simple raison que cellesci transportent celui qui les pose dans le domaine propre de la philosophie — ces questions sont philosophiques ! —,
et qu'il n'existe (donc) pas, parmi les philosophes eux-mêmes, un consensus concernant la réponse qui devrait y
être donnée.
Cependant, nous essayerons, par un regard porté sur la philosophie à travers les différentes époques
de son déploiement historique, de cerner ce qu'elle a été, ce qu'elle est, et ce qu'elle peut viser.
1/ L'inutilité, au coeur de la philosophie ?
On montrera dans cette partie certains aspects qui peuvent pousser à penser que la philosophie est inutile.
Se
peut-il que la philosophie ne serve strictement à rien ? Et dans ce cas, peut-on en déduire qu'elle n'a aucune valeur
?
- La philosophie ne permet pas de survivre.
Que peut-on constater dans la vie de tous les jours, dans le monde moderne ?
Nous constatons que la philosophie ne nourrit pas, la philosophie ne protège pas du froid, la philosophie ne fournit
pas d'argent à qui la pratique.
En ce sens très (trop) simple nous pouvons ainsi dire que la philosophie est inutile —
à l'unique condition que l'on considère comme utile seulement ce qui permet à l'homme de survivre —, au même titre
que l'amour, l'art, la lecture, la sieste, etc.
Mais quand nous avons dit ça, nous n'avons rien dit sur la philosophie.
- La philosophie est un mouvement qui n'a pas de fin.
Étymologiquement le terme philosophia signifie "désir du savoir", ou "amour de la sagesse".
Cette quête du savoir, de
la sagesse, qui passe par une introspection critique constante, est une quête sans fin.
Jamais elle ne s'arrête.
Les
vérités obtenues par ce retour sur soi critique ne sont jamais définitives, et s'il s'agit pour le philosophe de ne pas
se perdre dans cet élan vers l'abstraction, il s'agit également pour lui de toujours remettre en question ces vérités.
Ainsi la philosophie ne s'arrête-t-elle jamais, et en ce sens on peut dire que la philosophie n'a pas de fin, qu'elle n'a
pas de but précis — contrairement par exemple aux mathématiques, qui aboutissent à des vérités absolues dans le
domaine qui leur est propre.
Mais alors que produit la philosophie ?
- Si l'on observe l'histoire de la philosophie, on s'aperçoit assez rapidement qu'il y a pratiquement autant d'écoles et
de grands mouvements de philosophie qu'il y a de philosophes.
On remarquera que chaque grand philosophe vient
balayer les doctrines qui précèdent ses propres travaux (penser à Kant, à Descartes, à Nietzsche par exemple).
Que penser alors de l'intérêt de la philosophie, si celle-ci n'arrive jamais à se stabiliser, et si ses propres acteurs ne
tombent jamais d'accord ? (en plus de 2500 ans !).
Dans un monde tout entier tourné vers la consommation, vers le
pragmatisme, vers la résolution des problèmes de tous les jours, on peut être tenté de dire qu'en tant qu'elle
n'apporte jamais de réponses définitives aux questions qu'elle pose, la philosophie est inutile.
- Transition
Est-elle alors simplement un luxe de l'esprit, une errance de l'homme, une perte dans des questions sans réponse,
voire même tout simplement une perte de temps ? Peut-on se laisser aller à dire que la philosophie tire sa valeur de
son inutilité fondamentale ? Examinons l'origine historique de la philosophie, pour essayer d'éclairer ces questions..
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