Qu'est-ce que la logique ? Comment concevez-vous les rapports de la logique et de la science ?
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INTRODUCTION. - Le seul mot de « logique » éveille, dans l'esprit du jeune étudiant en philosophie, un inévitable cortège de souvenirs scientifiques : méthodes, expériences, lois, en même temps qu'un ensemble rigoureusement ordonné de règles et de jugements de valeur. La logique est une science, elle a des rapports avec les autres sciences : on l'a même nommée à ce point de vue la science des sciences. Quel est donc l'objet précis de cette science et quelles relations entretient-elle avec les autres ? Que penser de la logique en elle-même et par rapport aux sciences positives ? I. — LA LOGIQUE EN ELLE-MÊME. A. Dans l'Antiquité et au Moyen Age : les logiciens n'avaient pas d'autre ambition que de tracer les règles que doit suivre tout esprit dans le recherche de la vérité et dans sa démonstration. Par le fait même, tout en s'appliquant aux divers objets et domaines de la pensée, ces règles regardaient plutôt la forme commune que le fond propre à chacun des sciences, lesquelles d'ailleurs (et ceci explique cela) n'étaient pas alors constituées en disciplines autonomes. En réalité, cette logique générale ou formelle avait surtout pour but d'assurer la continuité et l'accord de la pensée avec elle-même dans ses différentes opérations : conception de l'idée, jugement, raisonnement. Telle fut, à peu près uniquement, la logique au temps d'ARISTOTE et des scolastiques.
«
INTRODUCTION.
- Le seul mot de « logique » éveille, dans l'esprit du jeune étudiant en philosophie, un inévitable cortège de souvenirs
scientifiques : méthodes, expériences, lois, en même temps qu'un ensemble rigoureusement ordonné de règles et de jugements de
valeur.
La logique est une science, elle a des rapports avec les autres sciences : on l'a même nommée à ce point de vue la science des sciences.
Quel est donc l'objet précis de cette science et quelles relations entretient-elle avec les autres ? Que penser de la logique en elle-même et
par rapport aux sciences positives ?
I.
— LA LOGIQUE EN ELLE-MÊME.
A.
Dans l'Antiquité et au Moyen Age : les logiciens n'avaient pas d'autre ambition que de tracer les règles que doit suivre tout esprit dans
le recherche de la vérité et dans sa démonstration.
Par le fait même, tout en s'appliquant aux divers objets et domaines de la pensée, ces règles regardaient plutôt la forme commune que
le fond propre à chacun des sciences, lesquelles d'ailleurs (et ceci explique cela) n'étaient pas alors constituées en disciplines autonomes.
En réalité, cette logique générale ou formelle avait surtout pour but d'assurer la continuité et l'accord de la pensée avec elle-même dans
ses différentes opérations : conception de l'idée, jugement, raisonnement.
Telle fut, à peu près uniquement, la logique au temps d'ARISTOTE et des scolastiques.
B.
A l'apparition des temps modernes, le développement de l'esprit humain, a amené la constitution de branches différentes dans le
savoir humain; et c'est alors qu'on se préoccupa, avec François BACON, DESCARTES et PASCAL d'adapter les divers procédés recommandés
à l'intelligence aux objets divers de chaque discipline, et de caractériser les différentes méthodes.
La logique spéciale, appliquée ou méthodologie s'efforçait ainsi d'assurer l'accord de l'esprit non seulement avec lui-même par le principe
d'identité, mais encore avec les objets, visant à les expliquer en recourant, s'il en était besoin, au principe de raison suffisante.
En unissant ces deux acceptions, la logique apparaît donc comme une science dictant les règles idéales à employer pour découvrir et
prouver la vérité en elle-même et dans ses divers domaines.
C.
Une conception plus récente a opposé à cette logique normative, énonçant des règles, une logique réelle et expérimentale.
L'école positiviste et sociologique issue d'A.
COMTE dont la théorie a été reprise par GOBLOT voit en effet « dans la vie sociale » le facteur
« qui oriente l'intelligence vers la recherche de la vérité ».
La logique ne doit donc être qu'un chapitre de la sociologie étudiant l'évolution
collective des procédés humains pour trouver la vérité.
Pour une autre raison, l'idéalisme d'HEGEL aboutit à une semblable conclusion : puisque les choses ne seraient que la modulation variée
de l'Idée immanente, pour connaître le « rationnel », il suffit de constater le « réel ».
Une question' précise se pose donc : « La logique est-elle une science normative formulant les règles que doit suivre l'esprit pour
construire la science ? ou bien une science expérimentale découvrant dans les sciences déjà faites les procédés rationnels qui ont .servi à
leur élaboration ?
En un mot, quels sont les rapports de la logique avec les sciences ?
II.
— LA LOGIQUE PAR RAPPORT AUX SCIENCES.
Pour résoudre la question posée, il nous sera profitable d'entendre successivement la voie de la raison et celle des faits, le droit et le fait.
A.
En droit et rationnellement, l'objet et le but de la logique sont très évidemment différents de ceux des sciences particulières.
Alors que ces dernières se rapportent à un domaine particulier du savoir humain où chacune tend à expliquer les faits par des lois, la
logique les domine toutes en indiquant les méthodes à suivre par la pensée soit en général, soit pour toute une catégorie d'études; et
elle en apprécie la valeur.
Il en résulte diverses conséquences :
a) Puisque la logique indique le chemin qui doit mener à la vérité et qu'elle doit en juger, elle ne peut, en soi, s e borner à des
constatations de fait.
On ne peut, sans sophisme, faire de la marche ordinairement suivie par l'esprit la marche modèle pour atteindre le but.
Des méthodes
réellement employées, on ne peut conclure, par ce seul fait, à leur valeur.
Chaque fois qu'on se trouve (et c'est ce que n'a pas compris ou
ce qu'a méconnu la thèse positiviste et sociologique) dans le domaine d'une activité intelligente donc perfectible et libre, il y a un abîme
du fait au droit, de ce qui est à ce qui doit être.
Du reste, les règles de la logique doivent se présenter avec tin caractère de nécessité et d'universalité que ne donne pas l'expérience.
b) Cependant, pour savoir ce qui doit être, il est fort utile,
Donc la logique devra tenir compte (surtout, mais non
individuelle et sociale et des caractéristiques et conditions
De cet élément réel, concret et imparfait, elle partira pour
à construire les sciences et les mener vers la vérité.
sinon même nécessaire, de savoir ce qui peut être et donc ce qui est.
exclusivement en méthodologie) du fonctionnement ordinaire de la pensée
des différents objets de cette pensée.
idéaliser, juger et perfectionner, formant ainsi des règles et méthodes destinées
B.
Les faits d'ailleurs viennent confirmer cette façon de voir.
a) Dans sa nature, la logique, on l'a vu, à part les exceptions citées plus haut, a toujours été considérée comme une science normative et
pratique, édictant des règles, à la fois science et art.
b) Mais si l'on envisage son élaboration et son développement, cette science ne s'est pas formée tout d'un coup.
1° La partie formelle, parce que plus simple et plus générale, a été édifiée la première et traça la voie essentielle aux diverses sciences.
2° La logique appliquée ou méthodologie s'est ensuite élaborée et développée en coordination avec la formation de sciences autonomes.
Souvent un savant par ses travaux : PASCAL, LAVOISIER, Claude BERNARD, PASTEUR, découvrait un procédé nouveau, le menant à une
découverte.
La logique s'emparait de ces réalisations, les comparaît, et (c'est là un de ses rôles essentiels), les jugeait, les critiquait, examinait les
problèmes soulevés à leur occasion (par exemple, fondement de l'induction).
Enfin, après avoir idéalisé, perfectionné, codifié, elle
présentait la méthode-type comme règle pour les recherches à venir dans ce domaine.
CONCLUSION — La logique, en elle-même et par rapport aux autres sciences, garde ainsi son caractère normatif et pratique, guidant, par
ses règles, l'intelligence vers la vérité, mais en tenant compte, dans une mesure juste et légitime, du développement de l'esprit humain
sur les divers terrains scientifiques..
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